1794, avec plusieurs de ses collègues. Il passait pour un homme ambitieux, vain et remuant ; cependant il ne manquait pas d’instruction et aurait pu rendre des services réels, s’il n’eût pas été entraîné par les préventions de son corps. Sa veuve est morte à la fin de décembre 1814. La Quotidienne du 29 donne quelques détails sur cette dame, dernier rejeton de la famille des Blondeau, qui pendant plusieurs siècles avait donné au parlement de Dijon des premiers présidents et des magistrats recommandables.
ROLLAND DE VILLARGUES (Jean-Joseph-François) naquit à Beaumont (Oise) en 1787. Destiné à la carrière du notariat, il fit son droit à Paris, et, à l’âge de dix-neuf ans, il publia, sous le titre de l’Espoir du notariat, une brochure où se montraient des idées libérales tout à fait inconnues à cette époque. La chambre des notaires s’émut, et l’auteur supprima son écrit. Cette circonstance ne l’empêcha point de prendre en 1810 la rédaction du Journal des notaires, et il fit paraître la même année un Traité des enfants naturels ; en 1812, il commença à travailler au Journal de la cour de cassation ; en 1820, il devint un des principaux collaborateurs du Journal du palais, et il s’en occupa pendant dix ans. Il avait renoncé au notariat pour suivre la carrière de la magistrature. Il devint en 1816 substitut au tribunal civil de Melun ; en 1821, il était juge suppléant au tribunal de la Seine ; cinq ans après, il fut nommé juge, et en 1830 la place de conseiller à la cour royale fut la récompense de ses services. Travailleur plein de zèle, ce magistrat a fait paraître des ouvrages estimés, parmi lesquels on distingue un Traité des substitutions prohibées par le code civil ; la première édition est de 1820 ; la troisième, fort améliorée, vit le jour en 1833. Fidèle à ses premières études, Rolland de Villargues s’occupa surtout de la science du droit en ce qui concerne le notariat. Il fut le directeur du Répertoire de la jurisprudence du notariat, publication périodique entreprise en 1827 et qui, justement estimée, compte sept volumes. On lui doit aussi le Dictionnaire du notariat, Paris, 1821-1823, 5 vol. in-8°, réimprimé en 1832-1833, 6 vol. in-8°, et le Code du notariat, Paris, 1836, 2 vol. in-8°. Tous les hommes spéciaux connaissent le mérite de ces utiles écrits. Rolland de Villargues mourut le 18 mars 1856.
ROLLE (Reinhard-Henri), né en 1683 à Unna, dans le comté de la Mark, était fils du recteur de l’école et prédicateur de la principale paroisse. Ayant pris ses degrés à l’université de Rostock, il y fit plusieurs cours. En 1712, il fut nommé prorecteur et professeur de philosophie au gymnase de Dortmund, où il présida, en 1717, aux thèses publiques qui furent soutenues pour le jubilé de la réforme de Luther. Appelé, en 1730, par le landgrave de Hesse-Darmstadt, pour professer la théologie à l’université de Giessen, il fut nommé aussi super-intendant ecclésiastique, membre du consistoire et prédicateur de la ville. Rolle mourut le 2 octobre 1768. Il est auteur de 1° Bibliotheca nobilium theologorum, Rostock, 1709 ; 2° Breviarium logicæ sacræ, id. : 3° Breviarium metaphysicæ sacræ, id. ; 4° Memoriæ philosophorum, oratorum, poëtarum, historicorum et philologorum à Lutherí reform. ad nostra usque tempora, Rostock et Leipsick, 1710. L’éditeur fit reparaître cet ouvrage, trois ans après, sous le titre de Vitæ eruditissimorum in re litteraria virorum ex momnnentis rarissimis collectæ à Conrado Henrici. 5° Salomo a scepticiami crimine defensus, Rostock, 1710 ; 6° De autodidactis, Dortmund, 1711, in-4° ; 7° Prælectiones metaphysicæ sacræ, Francfort et Osnabruck, 1714, in-8° ; 8° Nova litteraría Westfalica ad annum 1718, Dortmund, 1718 ; 9°-12° Lineamenta logicæ seu philosophiæ rationalis, ibíd., 1719 ; metaphysicæ, 1721 ; theologiæ naturalis, 1722 ; ethicæ, 1723 ; 13° Memoriæ Tremonienses, sive virorum eruditorum qui Tremoniæ Westfalorum (Dortmund) claruerunt, etc., Dortmund, 1729, in-4° ; 14° Viíndiciæ librorum ecclesiæ Luth. symbolicorum, ibid., in-4° ; 15° Tractatio præliminaris de Westfalorum in rem Germaniæ aliarumque terrarum litterariam meritis, 1730, in-4°.
ROLLE (Michel), né à Ambert, en Auvergne, le 21 avril 1652, mathématicien français, montra dès sa plus tendre jeunesse de rares dispositions pour les sciences exactes. Le génie des nombres et l’instinct des plus abstraites combinaisons étaient chez lui un don de nature. Il eut comme tant d’autres à lutter contre la volonté
de son père, qui voulait en faire un homme de loi. La vocation fut plus forte que l’obéissance filiale ; elle fit de Michel Rolle un grand mathématicien. Venu à Paris à vingt-trois ans, les premiers et difficiles combats de sa vie laborieuse le relevèrent au lieu de l’abattre. « Tout ce qu’elle pouvait dérober au sommeil, dit Fontenelle, sa passion dominante le prenait à ses nuits pour le donner au travail, allant toujours plus avant dans la science qui devait l’illustrer. » Rolle se fit d’abord connaître par la solution d’un problème des plus abstraits proposé par le célèbre Ozanam. Il fit preuve à cette occasion d’une telle aptitude et d’une si
merveilleuse habileté que son nom se répandit dans le monde des sciences et attira l’attention de Colbert lui-même. La bienveillance du grand ministre alla chercher dans sa modeste retraite le jeune homme tout à l’heure obscur et inconnu. Colbert justifiait par là cette parole qu’on a dite de lui : « Qu’il avait partout des espions pour découvrir le mérite caché. » Sous ce haut patronage, Michel Rolle put avec sécurité continuer sa vie, tout entière occupée à ses chères études. Chargé plus tard de l’éducation de deux des fils
de Louvois et pouvu par M. de Barbesieux d’un emploi au bureau de l’extraordinaire de la guerre,