et entré au service, comme élève constructeur, le 1er décembre 1771, était chargé en chef du service dans le premier arrondissement forestier à Grenoble, lorsqu’il mourut le 13 octobre 1811 après trente-sept ans de services, pendant lesquels il remplit en France, en Amérique et en Italie diverses missions, toutes relatives à l’approvisionnement de nos arsenaux et à l’aménagement des forêts, où la marine pouvait alors faire opérer des coupes.
ROLLAND d’ERCEVILLE (Barthélémi-Gabriel),
président au parlement de Paris, né en 1735,
débuta fort jeune comme écrivain, par les Lettres d’un magistrat à Morénas[1], 1754, in-12. Deux
de ces lettres sont relatives aux procédures des parlements ; mais l’auteur les désavoua, parce qu’on avait fait quelques changements à son manuscrit. Deux ans après, il publia une lettre à l’abbé Velly, sur les tomes 3 et 4 de son Histoire de France ; elle est aussi en faveur de l’autorité des parlements.
Rolland entra de bonne heure au parlement et s’y signala par un zèle fort
ardent pour la destruction des jésuites. Il fut
chargé de plusieurs rapports, ainsi que de la formation
et de l’administration de plusieurs colléges,
et il se donna beaucoup de mouvement
pour remplacer les jésuites par des maîtres imbus
d’un autre esprit. On trouve quelques rapports
de lui dans le recueil publié par Simon, en 1762
et années suivantes ; il y en a un sur les jésuites
vivant dans le monde en habit séculier, un sur
la réunion des petits collèges à Louis-le-Grand
et un sur divers collèges de province. On sait
que les parlements s’emparèrent pour la première
fois à cette époque de la direction de l’instruction
publique : le président Rolland (car il était devenu
président de la chambre des enquêtes) était
un des commissaires chargés de ces nouvelles
fonctions, et il avait une inspection assez étendue
en province. Nous ne dissimulerons pas que
son administration donna lieu à des plaintes assez
vives, et qu’on l’accusa de précipitation et de
partialité. En 1770, il publia un Plan d’études,
100 pag in-4°, dans lequel, au milieu de quelques
vues utiles, il se trouve des choses singulières
et peu judicieuses. L’écrit qui fit le plus de
bruit à cette époque est le Compte-rendu des papiers trouvés chez les jésuites ; le rapport en fut fait par le président Rolland, le 27 février 1768, mais ne fut publié qu’en 1770. Ce rapport, de 118 pages in-4°, est divisé en deux parties ; la
première, sur les interrogations de quelques Jansénistes devant M. d’Argenson, au commencement du siècle ; la deuxième, sur l’histoire de l’abbé Blache. On pourrait demander d’abord à quoi bon le parlement s’occupait de ces vieilles affaires ; mais c’était un moyen de rendre les jésuites odieux ; et après les avoir prescrits, il
fallait encore les flétrir. Tout le compte rendu
par le président Rolland tend à ce but : il entre
dans les détails les plus minutieux, détails que
l’esprit de parti seul pouvait faire supporter. Il
met surtout une extrême importance à l’histoire
de l’abbé Blache, espèce de fou, qui voyait partout
des conspirations, et qui était mort en 1714
à la Bastille, où l’on avait cru devoir l’enfermer.
Le rapporteur paraît adopter de confiance toutes les extravagances de ce cerveau malade et cite comme des autorités les rêveries de Blache. Le président Rolland partagea la disgrâce de son corps, en 1771, et reprit ses fonctions au commencement du règne suivant. Un procès singulier qu’il eut à soutenir fit quelque bruit. Le 4 octobre 1778, mourut M. Rouillé des Filletières, oncle du président Rolland : il était dépositaire des fonds appelés vulgairement Boîte à Perrette et destinés soutenir les partisans de l’appel : par son testament, il transmit ces fonds à d’autres personnes zélées pour la même cause.
Le président Rolland attaque le testament et publia
sur cette affaire un Mémoire curieux, imprimé
en 1781, in-4° ; il prétendait qu’il y avait
fidéicommis et demandait qu’on séparât du
moins le patrimoine de M. des Filletières des
fonds reçus successivement par lui pour le soutien
de son parti. Enfin il disait, dans une lettre
du 8 octobre 1778, jointe aux pièces du procès, que le testament lui faisait tort de deux cent mille livres ; que l’affaire seule des jésuites et des collèges lui coûtait de son argent plus de six cent mille livres, et qu’en vérité les travaux qu’il avait faits, surtout relativement ou jésuites, qui n’auroient pas été éteints s’il n’eût consacré à cette œuvre son temps ; sa santé et son argent, ne devaient pas lui attirer une exhérédation de son oncle. Malgré ces raisons, le président perdit son procès[2]. On a encore de lui une Dissertation sur la question si les inscriptions doivent être rédigées en français ou en latin, 1782, in-8° ; des Recherches sur les prérogatives des dames chez les Gaulois, 1787, in-12[3] ; et de nouvelles éditions de son Plan d’éducation[4]. L’auteur était membre des académies
d’Amiens et d’Orléans, et il prononça dans cette dernière un discours imprimé en 1788, in-4°. Il fut enveloppé dans la Proscription du parlement et mourut sur l’échafaud le 20 avril
- ↑ Il ne faut pas confondre cet écrit avec les Lettres d’Eusèbe Philalèthe à Morénas, 1763, gros vol. in-12 ; celles-ci sont de dom Clément.
- ↑ Voyez, pour plus de détails, les Mélanges de philosophie, d’histoire, de morale et de littérature, de décembre 1809 (n°83, t. 7, p. 604, note 1).
- ↑ Recherches sur les prérogatives des dames chez les Gaulois, sur les cours d’amour, ainsi que sur les privilèges qu'en France les mères nobles transmettaient autrefois à leurs descendants. Cette dissertation devait faire partie du chapitre du plan d'éducation dans lequel l’auteur insiste sur la nécessité d’établir des écoles pour les jeunes demoiselles ; mais il la publia séparément, afin de donner plus de développement à ses recherches sur l’autorité des femmes et leur influence politique. Il y a dans cet ouvrage des détails curieux qui doivent le faire rechercher des amateurs de notre ancienne histoire. W-s.
- ↑ Recueil de plusieurs des ouvrages de M. le président Rolland Paris, 1788, in-4° de plus de 1 000 pages. On y trouve, p. 732, une carte de tous les collèges des jésuites en France, rédigée par le P. Mathias, et une carte de la Chine avec toutes les églises et résidences des missionnaires de la société.