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sur l’huile volatile qu’elles fournissent, lu à l’Académíe des sciences le 31 mai 1830, in-8o de 48 pages ; 3° Nouvelles expériences sur la semence de moutarde, Paris, 1831, in-8o ; 4° Notice historique sur André Laugier (suivie d’une autre notice sur Aug.-Arth. Plisson), 1832, in-8o ; 5° beaucoup d’articles dans le Journal de pharmacie ; des notes à la traduction de Pline éditée par Panckoucke, etc. Z.


ROBISON (John), mathématicien écossais, né à Boghall, dans le comté de Stirling, en 1739, manifesta de bonne heure son goût pour les sciences et reçut les leçons des professeurs Simson, Leechman et autres. L’étude des mathématiques lui paraissant indispensable pour cultiver avec succès es sciences naturelles, il s’y livra avec ardeur, et il aurait voulu s’appliquer plus particulièrement aux méthodes analytiques modernes ; mais Simson, qui dirigeait cette partie de son instruction, l’exerça de préférence aux méthodes synthétiques des anciens, regardant celles-ci comme plus propres que les autres à éclairer la marche de l’esprit. On est maintenant revenu sur cette opinion, d’abord parce que les questions qu’il s’agit de résoudre, gans l’état actuel des sciences, offrent des difficultés très-capables, même avec le secours de l’analyse transcendante, d’exercer, d’embarrasser les meilleurs esprits ; et, ensuite, parce que la synthèse antique serait tout à fait insuffisante pour traiter de pareilles questions. Cependant l’école mathématique récente est bien loin de rejeter la marche synthétique, qui, indispensable pour l’étude des éléments. peut aussi, dans plusieurs cas, avoir des applications curieuses et utiles. La famille de Robison le destinait à l’état ecclésiastique ; mais quelques circonstances particulières l ayant détourné de cette carrière, il se présenta, en 1757, comme candidat pour obtenir a place de suppléant à une chaire de philosophie naturelle, occupée par le docteur Dick. N’ayant pas été, en raison de son jeune âge, trouvé propre à remplir une pareille fonction, il s’embarqua et partit pour Québec en qualité d’instituteur de mathématiques du fils aîné de l’amiral Knowles. Le vaisseau qu’il montait était le Neptune, de 90 canons ; mais dans le cours du voyage M. Knowles ayant passé, en qualité de lieutenant, sur le Royal William, Robison l’y accompagna avec un grade à peu près équivalent à celui d’aspirant dans la marine française (midshipman). Il passa à bord de ce vaisseau trois années, qu’il disait avoir été les plus heureuses de sa vie, et il acquit de telles connaissances dans la science et l’art de la navigation qu’il se mit en état de traiter cette partie de l’Encyclopédie britannique. Il fit, dans la rivière St-Laurent, des observations sur les mouvements de l’aiguille magnétique, correspondants l’apparition d’une aurore boréale ; il fut chargé, pendant le siége de Québec, de quelques opérations militaires, et fréquemment employé à des opérations géodésiques et hydrographiques. Après la reddition de Québec, il passa une année sur le Royal William, dans la baie de Biscaïe et sur les côtes d’Espagne et de Portugal. Il fit un voyage plus utile pour les sciences et les arts pendant l’année 1762 : celui de la Jamaïque, qui avait pour objet l’essai des montres marines[1] d’Harrison (voy. ce nom). À son retour en Angleterre, il apprit la mort malheureuse de Knowles, son élève chéri : le Peregrin, commandé par cet infortuné jeune homme, avait sombré, sans qu’aucun de ceux qui le montaient eût pu échapper. Dégoûté de la carrière maritime, Robison se détermina à reprendre celle de l’enseignement ; et, bientôt après, l’amiral sir Charles Knowles lui confia l’instruction de son fils cadet. Robison reprit avec ardeur ses travaux scientifiques et fut nommé, en 1767, professeur à l’université de Glasgow, sur la recommandation du docteur Black, qui occupait cette place et qui se trouvait appelé à Édimbourg. En 1770, sir Charles Knowles l’emmena, en qualité de secrétaire, lorsqu’il partit pour St-Pétersbourg, où il était appelé pour coopérer aux plans d’amélioration de la marine russe. Les deux voyageurs furent, à leur passage à Liége, invités à dîner chez le prince-évêque. Robison vit avec surprise que tous les convives, et le prince lui-même, portaient les insignes de la franc-maçonnerie ; il fut engagé à s’affilier à cet ordre, dont il obtint, pendant son séjour à Liége, les grades successifs, depuis celui d’apprenti jusqu’à celui de maître écossais. Après quelque séjour à St-Petersbourg, il y fut nommé inspecteur général du corps des cadets de la marine, composé de plus de quatre cents élèves, instruits par des professeurs, au nombre d’environ quarante. Cette place importante lui donnait beaucoup d’autorité : ses décisions relatives au classement et à l’avancement des jeunes marins étaient sans appel. Le général Kutusoff, chef ou gouverneur de l’institution, lui accordait une entière confiance et adoptait tout ce qu’il lui proposait. Pendant que Robison remplissait les fonctions dont on vient de parler, il présenta au collége de l’amirauté un plan pour adapter une machine à vapeur aux magnifiques docks de Cronstadt ; ce plan fut approuvé et exécuté après son départ de Russie, qui eut lieu au bout de quatre ans d’exercice. Divers genres de dégoûts, que lui suscitait sa position, lui persuadèrent d’accepter l’offre que lui firent les magistrats et le conseil de ville d’Édimbourg d’une chaire de professeur de philosophie naturelle dans l’université de cette ville. Il la remplit de manière à se faire beaucoup d’honneur par les services qu’il y rendit aux études jusqu’à sa mort, arrivée le 30 janvier 1805. Ce fut là qu’il eut pour élève le célèbre ingénieur Rennie, qu’il mit en rapport avec Watt


  1. Ces montres sont employées en mer pour la détermination des longitudes, par la différence entre l’heure comptée au point où se trouve le vaisseau et l’heure comptée au même instant en un lieu déterminé de la terre, comme Paris, Londres, etc. ; la montre marine indique cette dernière heure.