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« calomniée ; on lui reprocha d’avoir renié son frère, d’avoir pactisé avec ceux qui se plongèrent dans le sang du martyr de thermidor. Quel horrible blasphème! Non vertueux et infortuné Maximilien, ta sœur ne t’a point renié ; « non, elle ne s’est point apostasiée, en foulant sous ses pieds des principes qui ont été l’évangile de toute sa vie. Sœur de Maximilien Robespierre, arrache-toi pour un instant aux bras de la mort ; apparais-nous encore une fois, et dis-nous si jamais dans ta pensée ton bon et malheureux frère a cessé d’être révéré et chéri, si jamais tu as cessé de rendre hommage à ses vertus. » Un an après, M. Laponneraye, à qui tous les papiers de Charlotte avaient été remis, publia, sous le titre de Mémoíres de Charlotte Robespierre sur ses Jeux frères, des notes malheureusement incomplètes, mais fort intéressantes malgré cela. À la suite de ces Mémoire : se trouvent quelques pensées de Charlotte Robespierre, également recueillies dans ses papiers. Elle légua son bien modeste héritage à mademoiselle Mathon, qu’elle avait élevée, et qui, en récompense, soigna sa vieillesse avec un dévouement tout filial. L’objet le plus précieux laissé par elle est un portrait en miniature de l’impératrice Joséphine, avec laquelle elle avait été très-liée lorsqu’elle n’était que la femme du général Beauharnais, et qui le lui avait donné en gage d’amitié.

E. H-x.


ROBIEN (Christophe-Paul Gautron de), président à mortier au parlement de Bretagne, conseiller du roi en ses conseils, membre associé de l’académie des sciences de Berlin, naquit à Rennes le 4 novembre 1698, et mourut en 1756, ou peu après. Également versé dans les sciences naturelles et dans les antiquités de son pays, il avait rassemblé dans un cabinet, qui, dit-on, ne valait pas moins de cent mille écus, et dont le catalogue manuscrit, rédigé par lui-même, forme deux gros volumes in-folio, une magnifique collection de tableaux, de minéraux, d’antiquités, de manuscrits et de livres rares et précieux. Cette collection lui avait fourni les moyens de composer plusieurs ouvrages, dont le plus important, resté inédit, a pour litre : Description historique et topographique de l’ancienne Armorique ou Petite-Bretagne, depuis la conquête des Romains jusqu’au passage des Bretons insulaires dans cette province, enrichie de cartes, plans et dessins des monuments qu’on a pu découvrir jusqu’à présent (1756), 4 vol. in-fol. de 916 pages, avec le portrait de l’auteur et 357 planches dessinées par Huguet et gravées par Bolichon. Caylus donne quelques extraits de cet ouvrage, dans le tome 6 de ses Antiquités, p. 369, et le père Lelong le cite dans le tome 3 de sa Bibliothèque historique, n° 35,355. Le second ouvrage inédit de Robien est un Journal historique de ce qui s’est passé en Bretagne pendant les premières années de l’administration de Philippe, duc d’Orléans, régent du royaume, in-4° de 111 feuillets. C’est le récit de la coalition de 1720, contre le régent, récit puisé dans les confidences des acteurs de cette entreprise et dans les déclarations des témoins oculaires. Une histoire complète de la régence ne peut être faite sans consulter ce curieux document. Robien avait eu le projet de le faire imprimer ; mais il en avait été détourné par D. Taillandier, qui craignait que cette publication ne froissât trop n’intéresses encore vivants. Les ouvrages manuscrits que nous venons de citer existent à la bibliothèque publique de Rennes. Robien a en outre publié les ouvrages suivants : 1° Dissertation sur la formation de trois dolentes espèces de pierres figurées qui se trouvent dans la Bretagne, Paris, 1751, petit in-8° ; 2° Nouvelles idées sur la formation des fossiles, Paris, 1751, petit in-8°, fig.

P. L-*r.


ROBILANT (Esprit-Benoit Nicolas de), lieutenant général d’infanterie, commandant en chef du corps royal du génie militaire du roi de Sardaigne, habile ingénieur, savant chimiste et minéralogiste, naquit à Turin, en 1724, d’un homme fort instruit dans toutes les parties de l’art militaire et de l’architecture civile, auteur du traité intitulé la Science de la guerre. Le jeune Robilant marcha de bonne heure sur les traces de son père. Il apprit l’architecture civile et militaire sous Bertola, le Vauban du Piémont, et fut instruit dans la théorie et la pratique de l’artillerie sous le commandeur de Vincenti. Au commencement de la guerre entreprise, en 1742, par le roi Charles-Emmanuel III, de concert avec la reine de Hongrie, pour arrêter les progrès des Espagnols dans la Lombardie, le chevalier de Robilant entra au service. en qualité de lieutenant au corps royal de l’artillerie. Il montra autant de zèle que de talent, dans tout le cours de cette guerre, jusqu’à la paix d’Aix-la-Chapelle, en 1748. Il se distingua successivement aux siéges de Modène, de la Mirandole, du château de Plaisance, à la bataille de Campo-Santo, en 1743, au combat de Château-Dauphin et à l’investissement du château d’Asti, en 1744. Employe à la défense de la forteresse de Demont, qui était assiégée par l’armée gallo-espagnole, son courage et sa présence d’esprit sauvèrent la place du danger imminent de l’explosion du magasin à poudre, menacé par l’embrasement d’un épaulement de fascines, dont l’incendie ’était communique aux bâtiments voisins : il appliqua lui-même à la porte du magasin des peaux de mouton trempées dans l’eau. Echangé comme prisonnier de guerre, en 1745, il se trouva aux combats de Bassignana, du Tidon, de la Trebia, aux sièges de Valence sur le Pô, de Montalban et de Villefranche dans le comté de Nice, de Savone, de Final et de Vintimille, dans la Rivière de Gênes. En 1747, attaché au corps commandé par le prince Louis de Carignan, dans la vallée de la Stura, il fut expédié, à travers les montagnes occupées par l’ennemi, au général autrichien