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En 1851, Rabanis se rendit à Paris et, en 1852, il devint chef de bureau dans la division de l’administration au ministère de l’instruction publique. Il fit parti du comité historique attaché à ce ministère, et il a inséré divers rapports dans les publications de cette institution. Critique sagace, mais peu jaloux de produire beaucoup, Rabanis n’a laissé qu’un petit nombre d’ouvrages et ils n’ont pas une grande étendue, mais ils ont fixé les regards des hommes. Il avait eu le projet d’écrire l’histoire de la ville de Bordeaux, sujet intéressant et neuf encore, car le volume du bénédictin dom Devienne, publié en 1774, est fort incomplet ; cette intention n’a pas été exécutée, et il n’a paru de cette histoire qu’un petit nombre de feuilles, l’impression entreprise en 1837 est restée inachevée. C’est à ce travail que se rattachent de judicieuses Études historiques et littéraires sur St-Paulin de Nole, Bordeaux, 1841, in-8°. La découverte d’un bas-relief amena Rabanis à écrire en 1841 des Recherches sur les dendrophores, où il fit preuve d’une érudition archéologique aussi saine que solide. Il déploya également beaucoup de sagacité et d’instruction dans un Mémoire sur les Mérovingiens d’Aquitaine et la charte d’Alaon, travail qui, inséré d’abord dans les Actes de l’académie de Bordeaux, reparut en 1856 à Paris avec des augmentations considérables. Président pendant plusieurs années de l’académie que nous venons de nommer, Rabanis inséra divers travaux dans les publications de cette société, notamment en 1839 des Documents extraits du cartulaire de l’abbaye de la Sauce sur le prieuré d’Exea en Aragon. Il est mort à Paris en 1861.

Br—t.


RABARDEAU (Michel), né à Orléans en 1572, entra chez les jésuites en 1595, professa la philosophie et la morale, fut recteur du collége de Bourges et de celui d’Amiens, et mourut à Paris le 26 décembre 1649. Il avait entrepris de réfuter le livre que Ch. Hersent (voy. ce nom) avait publié sous le titre de Optati Galli de cavendo schismate liber parœneticus. La réponse du P. Babardeau était intitulée Optatus Gallus de cavendo schismate benigna manu sectus, Paris, 1641, in-4°. L’auteur avançait dans ce livre que la création d’un patriarche en France n’aurait rien de schismatique, et que l’assentiment de Rome n’était pas plus nécessaire pour cela qu’il ne l’avait été pour établir les patriarches de Constantinople et de Jérusalem. Comme ce livre avait été fait sous l’inspiration du cardinal de Richelieu et qu’il fallait prouver que le roi pouvait lever des contributions sur le clergé, la thèse de Rabardeau plut fort au cardinal ministre. L’optatus Gallus du jésuite lut condamné par l’inquisition de Rome au mois de mars 1643, et l’assemblée du clergé en France reçut le 19 septembre 1645 le décret, puis le fit enregistrer ans son procès-verbal, persuadée qu’elle était que le livre contenait de pernicieuses maximes contre les ordres et la juridiction de l’Église (voy. Southwell, Biblioth. Script. Soc. Jesu ; d’Avrigny, Mém. chronol. et dogm.. année 1640).

C-l-t.


RABAUDY (Bernard de), religieux de l’ordre des Frères prêcheurs, né à Toulouse en 1631, professa la théologie avec éclat dans l’université de cette ville, où il mourut le 3 novembre 1731. On a de lui trois volumes in-8° d’un ouvrage estimé et qui est intitulé Exercitations theologicæ, ad singulas partes Summœ sancti Thomæ, doctoris angelici. Le reste de cette composition, conservé manuscrit dans la bibliothèque des dominicains de Toulouse jusqu’à la révolution, se trouve aujourd’hui dans celle du collége de la même ville. La maison de Rabaudy était comptée au nombre des plus illustres de Toulouse, et la place de viguier. c’est-à-dire de vicaire du comte de Toulouse, fut toujours occupée par un de ses membres depuis 1597 jusqu’en 1789, époque de la suppression de cette charge.

Z.


RABAUT DE SAINT-ÉTIENNE (Jean-Paul), né à Nîmes en avril 1743, était avant la révolution avocat et ministre de la religion réformée et l’un des hommes les plus zélés de sa communion[1]. Elève de Court de Gebelin, il cultiva les belles lettres avec succès et avait même commencé un poëme épique sur Charles-Martel. Rabaut commença sa carrière politique par la défense de ses coreligionnaires. Sur la fin du règne de Louis XV, la sévérité des mesures ordonnées contre les protestants par les édits de Louis XIV avait cessé ; on était tombé d’accord de ne plus les mettre à exécution ; mais, comme ils n’étaient point légalement abrogés, les religionnaires crurent qu’un ministre rigoureux pouvait les faire revivre, et, de concert avec leurs nombreux amis, ils résolurent de faire constituer en droit ce qui n’était encore qu’une tolérance. Rabaut vint à Paris, où le parti philosophique et le ministère même couvraient le protestantisme d’une protection qui n’était plus déguisée : ils obtinrent de Louis XVI en 1788 l’exercice des droits civils à l’égal des sujets catholiques. Rabaut, qui avait montré beaucoup d’activité dans cette négociation, acquit dès lors une grande importance. C’était un homme d’esprit, qui, soit par conviction, soit pour se conformer au caractère général de cette

  1. La famille de Rabaut était une des plus ardentes du parti protestant. Paul Rabaut, son père né en 1718, homme d’une condition obscure, mais dévoré de zèle pour la croyance dans laquelle il avait été nourri, cherchait partout à lui faire des prosélytes ou à fortifier dans leur foi ceux de ses frères que des raisons quelconques auraient pu y faire renoncer. Non content d’évangéliser dans les familles, il s’introduisit dans les prisons pour catéchiser les détenus au risque d’encourir les peines les plus graves portées contre les auteurs de ces sortes de prédications. Son éloquence inculte et sauvage produisait sur le vulgaire un très-grand effet. Son troisième fils, Rabaut-Dupuis, prescrit comme fédéraliste après le 31 mai, ayant pris le parti de se cacher, fut porté sur la liste des émigrés, et Paul Rabaut arrêté comme père d’émigré. Perrin (des Vosges) lui rendit la liberté après le 9 thermidor ; mais il en jouit peu de temps, étant mort le 4 vendémiaire an 3 (26 septembre 1796). M. J. P. de N. (Pons de Nîmes) a donné sur lui une Notice a la suite de ses Réflexions philosophiques et politiques sur la tolérance religieuse, Paris, 1808, in-8°.