RAC
sur le devant de l’autel de l’église de Zantomysl, église dont il avait donné les devis et fourni les frais de construction. À Rogalin, autre domaine de famille, il fit également bâtir à ses frais une église sur les plans d’un des plus anciens temples de Nimes, qui doit son origine aux Romains. Dans son château domanial, qui se trouve dans cette ville, il établit un cabinet d’anciens manuscrits polonais, ainsi qu’un arsenal d’armures et de vieux engins de guerre polonais. Le comte Raczynslci resta étranger à l’insurrection polonaise de 1830. Lors des fêtes de couronnement du roi Frédéric-Guillaume IV en 1840, après avoir refusé de signer l’adresse de foi et bommage, il fit une allocution assez hardie au nouveau souverain, où il expose les griefs et désirs de la›nation polonaise. Plus tard il crut, dans l’intérêt de la nationalité polonaise, devoir se montrer assez hostile au projet d’une constitution générale prussienne. Cependant il n’était pas bien vu dans la diète provinciale de Pose, qu’il présída quelquefois, et qui voyait dans chacune de ses offres généreuses et de ses plans d’embellissement et d’assainissement les moyens d’un intrigant qui aspirait a de plus hautes destinées. Le comte Raczynski s’est suicidé le 20 janvier 1845, près de son château de Zantomysl, ce suicide est attribué par les uns au chagrin que lui causaient ces étemels dénigrements. tandis que, selon d’autres, ce serait la suite de son orgueil blessé, parce qu’il avait, disent-ils, trouvé dans ses papiers de famille la preuve qu’un de ses ancètres s’était vendu à l’impératrice Catherine II. Le comte Édouard avait en 1829 fait cadeau à la ville de Pose du palais qu’il habitait, ainsi que de sa riche bibliothèque, composée de vingt-cinq mille volumes, traitant de l’histoire de Pologne. Le catalogue de cette collection, la plus riche après celle d’ossolinski à Léopol, a été dressé par le bibliothécaire Lukaszewicz. Le comte avait poussé la générosité jusqu’à payer lui-même le loyer des pièces qu’il continuait à occuper dans son chateau après la donation faite à la ville. En 1826, il fut l’un des membres les plus actifs du comité à qui l’on doit l’édification du magnifique monument appelé la chapelle dorée, dédiée aux deux premiers rois chrétiens de la Pologne, Miecisas I et Boleslas I. Il ne consacra pas moins de cent vingt mille francs de sa propre fortune, assure-t-on, pour son embellissement. La ville de Pose lui est redevable encore de divers autres projets d’utilité publique ; nous mentionnerons seulement l’aqueduc qui pourvoit la ville d’eau potable, le dessèchement des marais de l’obra par un canal, la fondation d’une pépinière modèle, etc. Voici la liste des ouvrages du comte de Raczynski, qui a mérité surtout de la publication d’anciens documents historiques de la Pologne : 1° Dziennik podroxi do Turcyi, Breslau, 1821, in-fol., avecde magnifiques gravures, J RAC il
traduit en allemand sous le titre de Voyage en Turquie et ù Troie, par F.-l-1. Vander Hagen, Breslau, 1827, et par extraits en français, soul le titre de : Voyage à Constantinople, par Taffliar, St-Pol., 1843, in-8° ; 2° Lettres du roi Jean Sobfeali ù safernme pendant le siége Je Vienna (en polonais), traduites en allemand par Oecbslé, Hcilbronne, 1827 ; 3° Cabinet de médailles polonaises (en français et en polonais), Berlin et Pose, 1838-1841, 4 vol. in-4° ; 4° Mémoires de Pruseb, Breslau, 1838 ; traduits en allemand par Steffens, ibld., 1838 (ces mémoires d’un des principaux arcbéologes polonais sont très-importants pour l’histoire de la Pologne au 17e siècle) ; 5° Codex diplomalicna majoria Poloniœ, Pose, 1840. Ce codex avait été compulsé par le grand-père d’Édouard. le grand maréchal de couronne Kazimièrez. 6° Waponmiénié Wielkopolslli, ouSon› oenira de la grande Pologne. Pose, 1842, 8 vol. grand in-folio, avec un magnifique atlas dressé par la comtesse Raczynski (nous ne savons pas s’il existe une traduction allemande de cet important ouvrage) ; 7° Codex diplomatique Lithuaniœ, ez aecrelo arcllivo Kœnigabergensi, Breelltl, 1845, in-8°. Pour les ouvrages suivants, tous importants à divers titres, mais qui n’existent qu en polonais, nous ne saurions donner les dates ; ce sont : 8° Traduction polonaise de l/immo sur les édifices ; 9° Bibliothèque des classiques polonais ; 10° Mémoires des règne : d’E’tienne Batlaorg et de Jean III ; 11° Mémoires du prince Albert Ilndsiwill, ’ 12° Mémoires de Wybicki ; 13° Mémoires de Kitowiex ; 14° Mémoires de l’histoire, polonaise des 17’ et 18e siècles. Plusieurs des ouvrages cités se trouvent réincorporés à la collection suivante : 15° Tableaux des Polonais et de la Pologne au 18e siècle, Breslau, 1841 et sulv., qui, en près de 20 volumes, contient des mémoires, poésies, romans, etc. 16° Le comte de Raczynski a enfin fait les frais de la publication de Chowanna (ou Système de pédagogie), par Bronlslas Trentowski, Pose, 2’ édit., 1846, en 4 volumes (c’est une pédagogie philosophique d’un des meilleurs penseurs modernes poonals). — Le comte Édouard a laissé un fils unique, Roger, qui a de suite fait grâce de toutes leurs dettes féodales aux quatre mille paysans de ses vingt-sept villages. R-1.-N.
- RACZYNSKI (Athanase, comte de), frère cadet
du précédent, diplomate et littérateur polonais, né à Pose le 2 mai 1788, mort en 1856 à Berlin. Il entra dans le service de la Prusse, où il se voua à la carrière diplomatique. Chargé d’affaires à Copenhague, il devint en 1840 ambassadeurs Lisbonne et plus tard in Madrid. En 1853, il se retira du service officiel. Amateur des beaux-arts, surtout de la peinture, il avait, pendant de longs voyages en Allemagne, en France, en Italie et aux Pays-Bas, formé une magnifique collection de tableaux, qu’à sa mort il a léguée à la ville de Berlin. Elle est placée dans une belle maison,