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avec une courte notice biographique dans la Miscellanea di varie operette, recueil publié à Venise par Lazzaroni.

A—y.


REGULUS (Marcus-Atilius), consul romain, s’est distingué dans la première guerre punique ; illustration de sa famille remontait à l’an de Rome 310 (444 avant J.-C.). On élut alors, pour remplacer les consuls, trois tribuns militaires, qui furent pris, dit-on, dans l’ordre patricien, quoique les plébéiens eussent été déclarés éligibles, et au nombre desquels se trouvait un Atilius Longus. En 398 avant notre ère, un second Atilius Longus devint tribun militaire et fut réélu l’an 395 ; on voit ensuite un troisième Atilius, mais surnommé Régulus, consul en 335 ; un quatrième, avec le même surnom, en 294 ; un cinquième en 267, et c’est celui auquel cet article est consacré. Nous pouvons supposer que, selon la loi ou l’usage, il avait environ quarante-trois ans quand il obtint les faisceaux consulaires, et que par conséquent il était né vers 310 ; mais l’on dira plutôt 320 ou 325, si l’on observe que son fils Caïus, élu consul en 257, a du naître vers 300. Marcus Régulus battit les Salentins, s’empara de Brindes et reçut avec son collègue Julius Libo les honneurs du triomphe, le 22 décembre 267. Son second consulat est de l’an 236. On avait d’abord nommé, avec Manlius Vulso, Quintus Cœditius ; mais, celui-ci étant mort fort peu de temps après l’élection, Régulus le remplaça ; c’était la neuvième année de la première guerre punique. Les deux consuls vainquirent sur mer les Carthaginois commandés par Amilcar et Hannon, prirent 63 vaisseaux, en coulèrent à fond 30 autres, et perdirent 2 !i des leurs ; il leur en restait 306, et ils avaient réduit la flotte ennemie à 257 voiles. Polybe place cette bataille navale près du mont Ecnome, sur la côte méridionale de la Sicile, entre Agrigente et Géla. Le même historien nous apprend que les Romains, ayant radoubé les vaisseaux qu’ils avaient pris aux Carthaginois et porté ainsi la flotte romaine à plus de 360 navires, cinglèrent vers l’Afrique et se rendirent maîtres du port d’Aspis ; que, sur l’ordre du sénat, qui rappelait l’un des consuls, Manlius Vulso reconduislt à Rome la plus grande partie de la flotte, et que Régulus resta en Afrique avec 40 vaisseaux, 500 cavaliers, et 15 000 fantassins. Les Carthaginois se donnèrent trois commandants, Bostar, Asdrubal, fils de Hannon, et Amilcar, qui ramenait d’Héraclée 500 hommes d’infanterie et 500 chevaux. Régulus emporta d’assaut les villes non fortifiées et assiégea les autres ; il gagna, ’près d’Adis, une victoire éclatante et pris Tunis ; les auteurs latins élèvent à deux cents le nombre des places qu’il soumit. Déjà il se croyait maître de Carthage, où régnaient la discorde, la famine et la terreur. Pour prévenir, dit Polybe, le retour de son collègue et ne partager avec personne la gloire de terminer cette guerre, il offrit la paix aux Carthaginois, mais à des conditions intolérables, plus humiliantes et plus dures que toutes les défaites. Le sénat de Carthage n’y put consentir et s’enhardit d’autant mieux à tenter encore la fortune des combats qu’il venait de recevoir un renfort de Lacédémoniens volontaires, conduits par Xanthippe. Les auteurs modernes, qui renvoient au proconsulat de Régulus, en 235, la bataille d’Adis, la prise de Tunis et les propositions de paix, contredisent Polybe et commettent probablement une erreur. C’est même au consulat, et non au proconsulat de Régulus, qu’Aulu-Gelle, d’après Tubéron, rapporte l’histoire de cet énorme serpent, qui, sur les bords du fleuve Bagrada, se montra, dit-on, plus formidable aux Romains que ne l’avait été l’armée carthaginoise, et contre lequel il fallut employer des machines de guerre. Ce récit ne se lit point dans Polybe, mais Valère-Maxime, Florus, Silius Italicus, Orose, etc., l’ont transmis aux compilateurs modernes. Xanthippe, jusqu’alors inconnu, était un habile capitaine ; lorsqu’il eut appris les détails des revers qu’avaient essuyés les Cartbaginois, il osa leur dire qu’ils avaient été vaincus par impéritie de leurs propres généraux bien plus que par les Romains. On lui confia le commandement d’une armée composée de 12,000 fantassins, 4,000 cavaliers et une centaine d’éléphants. Il rangea ces animaux sur une première ligne, derrière laquelle il plaça la pha ange, distribue une partie des troupes mercenaires dans l’aile droite, et jeta les plus agiles sur l’une et l’autre aile avec la cavalerie. Régulus n’était plus que proconsul, et quelques historiens, parmi lesquels n’est pas compris Polybe, assurent qu’il avait instamment prié qu’on voulut bien le décharger du commandement militaire ; c’eût été pour lui et pour Rome un très-grand bonheur. Mais en vain écrivait-il qu’un valet ayant enlevé les charrues de l’unique champ qu’il possédait, sa présence. était nécessaire à la culture de son héritage et à la subsistance de sa famille ; on décréta que ses charrues seraient renouvelées. son champ cultivé et sa famille alimentée aux frais de la république ; les Latins ont dicté dans leurs annales le plus qu’ils ont pu de détails de cette espèce. Quoi qu’il en soit, Régulus accepta la bataille qu’on s’était disposé à lui livrer près de Tunis ; il mit au front ses troupes légères, derrière elles la grosse infanterie, et la cavalerie sur les ailes ; en sorte que le corps d’armée, moins étendu qu’à l’ordinaire, avait plus d’épaisseur. C’était une disposition excellente pour résister au choc des éléphants ; mais elle ne laissait point, ajoute Polybe, assez de moyens de défense contre la cavalerie ennemie, beaucoup plus nombreuse que celle des Romains. Aussi Régulus perdit-il la bataille et tomba-t-il entre les mains des Carthaginois avec environ 500 soldats, compagnons de sa déroule. Il laissait le reste de son armée écrasé sur le champ de bataille, à l’exception de 2 000 hom-