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la rentrée du roi en 1815, il obtint une pension de retraite et la décoration de la Légion d’honneur. Regnier a fait imprimer la description ou le programme de quelques-unes de ses inventions : 1° Description et usage d’un nouveau méridien à canon, Paris, 1798, in-4° ; réimprimé en 1809 dans la Bibliothèque physico-économique ; 2° Mémoire explicatif du dynamomètre et autres machines inventées par le citoyen Régnier, 1798. in-à°. Ce mémoire parut d’abord dans le Journal de l’école polytechnique (t. 2, 1798).

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REGNIER (Jacques-Augustin), peintre paysagiste, graveur à l’eau-forte et lithographe, est né à Paris le 27 août 1787. Il obtint en 1819 une médaille de deuxième classe, une de première en 1828 et fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1837 ; Cet artiste a beaucoup produit. Il existe de ses tableaux dans les cabinets amateurs et dans les musées de province. La galerie du château de Rosny, formée par la duchesse de Berry, possédait de ses œuvres : nous signalerons notamment la Vue du cimetière de Royal qu’a lithographiée Bichebois. Il avait également fourni des tableaux à la galerie d’origans, et ceux qui en faisaient partie ont été lithographiés par Villeneuve, Deroy et Bichebois. Nous citerons de Regnier au château de Fontainebleau : une Entrée de forêt où l’on voit des monuments celtiques, puis une toile remarquable : Jeanne d’Arc se dévouant au salut de la France devant la statue de la Vierge ; au château de Compiègne, un paysage dont le sujet est tiré de Williams Wallace ; au musée de Toulouse, une Chartreuse dans les montagnes de l’Auvergne ; à celui de Chartres, une Vue de la Grande-Chartreuse ; au musée de Tours, une Vue de cette ville en 1630, d’après une gravure du temps. Citons encore une Vue prise au Puy-de-Dôme, que conserve le musée de Semur. Nous ne nous arrêterons pas à indiquer les paysages de Régnier qui tout partie des collections particulières. En effet, il n’en est pas des cabinets d’amateurs comme des musées des villes ; l’œuvre d’art qui entre dans ces derniers n’en sort plus, ou, si elle en est retirée par hasard, ou peut du moins en suivre la trace d’une manière certaine. L’ouvrage principal de Regnier est la suite, contenant cent vues lithographiées par Champin, des habitations des personnages les plus célèbres de France depuis 1790 jusqu’à nos jours (1836-1844). Le cabinet des estampes de la bibliothèque de Paris possède l’œuvre de Regnier. Outre des eaux-fortes qui laissent à désirer et quelques lithographies, on y remarque des dessins et des lavis originaux traités avec esprit et facilité et qui offrent un véritable intérêt. Depuis quelques années, Regnier ne prenait plus part aux expositions publiques. I est décédé à Paris en juillet 1860 et fut à une certaine époque de sa vie l’un des maîtres aimés et recherchés de cette école dont la vogue tend à diminuer.

B. de L.


REGNIER DESMARAIS[1] (François-Seraphin), grammairien et littérateur estimable, naquit à Paris en 1632 d’une famille originaire du Poitou. Il était le sixième de onze enfants, dont sept moururent en bas âge et les trois autres embrassèrent la vie religieuse. À huit ans il fut mis au séminaire de Nanterre, où il fit ses études sous la direction des chanoines réguliers de St-Augustin, dont le P. Faure, son oncle maternel, après en avoir été le réformateur, était devenu le directeur général (voy. Faure). Dans toutes ses classes le jeune Régnier remporta les prix de prose et de vers ; mais il fut moins heureux au collège de Montaigu, où il étudia deux ans la philosophie. Le peu d’attrait qu’il trouvait aux leçons de ses maîtres tourna ses idées vers la littérature ; et il était encore sur les bancs quand il traduisit en vers burlesques la Batrachomyomachie d’Homère. Il fut attaché successivement à différents seigneurs, fit quelques voyages à leur suite et employa ses loisirs à étudier l’italien et l’espagnol, qu’il apprit par le sont secours des livres. En 1662 il accompagne le duc de Créqui à Rome avec le titre de secrétaire d’ambassade ; fut chargé de la correspondance italienne, et ensuite à la négociation relative il l’affaire des Corses (voy. Créqui). Après son retour en France, il continua d’entretenir un commerce de lettres avec les amis qu’il avait laissés en Italie. Ayant adressé à l’abbé Strozzi une Canzone, celui-ci la donna comme une pièce qu’Allatius venait de retrouver dans le manuscrit de Pétrarque de la bibliothèque vaticane. Chacun le crut ; et quand la chose fut éclaircie, l’académie de la Cruses s’empressa d’adopter le poète, dont les productions approchaient assez de celles de Pétrarque pour tromper des juges exercés. Régnier n’avait nul dessein de s’engager dans l’état ecclésiastique ; mais, en 1668, le roi lui ayant donné le prieuré de Grammont pour le récompenser des services qu’il avait rendus à Rome, il prit les ordres sacrés, et se conduisit depuis avec la même régularité que s’il n’eût fait que suivre sa vocation. L’Académie française lui ouvrit ses portes en 1670, quoiqu’il n’eût donné jusqu’alors aucun ouvrage en français ; mais la connaissance qu’il avait des langues savantes devait le rendre très-utile à la composition du dictionnaire dont cette compagnie s’occupait avec beaucoup d’activité. Quoique employé par les ministres ou par le roi lui-même dans diverses missions de confiance, il répondit si bien par son zèle aux espérances de l’Académie, qu’en 1684, après la mort de Mézerai, il fut élu secrétaire perpétuel. Régnier, en cette qualité, rédigea tous les mémoires qui parurent au nom de l’Académie dans le procès

  1. « Des seigneuries appartenant à mon père, il ne m’en est demeuré que le surnom de Desmarets, que sans y prendre garde j’ai toujours écrit Desmarais, autrement que mon père ayant aussi, sans savoir pourquoi, retranché le de du nom de Regnier, au lieu que, depuis ce temps-là, beaucoup de gens ont ajouté un de à leur nom. » Mém., p. I.