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gaie, vive, spirituelle, mademoiselle Quinault faisait encore le charme de sa société, et s’occupait même du soin d’une toilette distinguée au moment où la mort vint la frapper presque à l’improviste. Elle était devenue la meilleure amie de d’Alembert (1), à qui elle laissa, dit-on, par testament un diamant de valeur et beaucoup de manuscrits précieux. On trouve sur elle et sur ses relations avec Duclos de curieux détails dans les Mémoires de madame d’Epinay, 1818, 3 vol. in-8°. On remarque que la famille de cette actrice fournit au théâtre, outre Quinault-Dufresne, sa femme et mademoiselle Quinault cadette (2), quatre sujets en réputation : — QUINAULT le père, qui avait, dit-on, commencé à jouer en 1695 et qui tenait l’emploi des manteaux ou des grimmes, n’avait que le talent d’un farceur ; mais, s’il plaisait peu à la bonne compagnie, il s’en consolait par les applaudissements de la multitude. On place en 1736 la date de sa mort. — Jean-Baptiste-Maurice QUINAULT l’aîné débuta le 6 mai 1712 par le rôle d’Hippolyte, dans Phèdre, fut reçu le 27 juin suivant, et depuis 1718 partagea les premiers rôles comiques avec son frère Dufresne. C’était un comédien plein d’intelligence et de finesse. À son talent d’acteur il joignait celui de musicien. Il chantait avec beaucoup de goût, et outre ses divertissements, composés pour de petites pièces de la Comédie française, il fit la musique du ballet de l’Amour des déesses, mis au théâtre en 1729. Il était fort répandu dans la société des gens de lettres, et l’on cite de lui quelques mots piquants qui donnent une idée avantageuse de sa conversation. Retiré définitivement du théâtre en 1733, il mourut à Gien en 1741. — Mademoiselle QUINAULT l’aînée (Marie-Anne), plus célèbre par sa beauté que par ses talents, fut reçue en 1715 et quitta le théâtre en 1722. Elle avait plu d’abord au duc d’Orléans et ensuite au vieux duc de Nevers, père du duc de Nivernais ; il passait même pour l’avoir épousée. On croit qu’elle mourut en 1791, âgée d’au moins 100 ans. On ne l’avait appelée Quinault l’aînée qu’après la mort de mademoiselle Quinault-Denesle, dont il va être question. — Mademoiselle QUINAULT (Françoise), sœur des précédentes et femme d’un officier de la louveterie du roi (Hugue Denesle), qui s’était fait comédien, fut encore plus connue sous le nom de mademoiselle Denesle que sous celui de sa propre famille. Elle débuta le 4 janvier 1708 par le rôle de Monime, fut reçue dans la même année et mourut le 22 décembre 1713 âgée d’environ 25 ans. Cette actrice était fort

(1) Après la mort de mademoiselle Lespinasse et de madame Geoffrin.

(2) On a trente-sept lettres de Voltaire à mademoiselle Quinault, de 1736 à 1741. On y voit que cette actrice était sa confidente et qu’il n’en dédaignait pas les avis pour ses ouvrages dramatiques. Ces lettres ont été imprimées pour la première fois par Renouard, en 1822, dans un volume de Lettres inédites, qui forme aussi le 63e volume de son édition de Voltaire. B-T.

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aimée du public, et l’on croit qu’elle aurait pu acquérir une grande réputation dans les deux genres dramatiques, si la mort ne l’avait pas enlevée ainsi à la fleur de l’åge. F. P—T.


QUINCARNON (le sieur de), écuyer, ancien lieutenant de cavalerie et commissaire de l’artillerie, ne nous est connu que par deux opuscules d’une excessive rareté et qui contiennent des particularités fort curieuses sur deux églises de Lyon. Le premier a pour titre : les Antiquités et la fondation du la métropole des Gaules.... avec les épitaphes que le temps y a religieusement conservées, Lyon, Matthieu Libéral, 1673, in-12 ; le second est intitulé la Fondation et les antiquités de la basilique collégiale et curiale de St-Paul.... in-12, sans date et sans nom de ville, mais imprimé à Lyon aux dépens de l’auteur, vers 1682 et non en 1606, comme on l’a écrit dans la Bibliothèque historique du P. Lelong, car on y trouve mentionnée, p. 85, la mort de François-Emmanuel, duc de Lesdiguières, arrivée le 3 mai 1681. A. P.


QUINCEY (Thomas de), littérateur anglais doué d’un talent original et peu connu en France, naquit près de Manchester le 15 août 1785. Il était fils d’un riche commerçant ; il fut le cinquième de huit enfants. Il n’avait que sept ans lorsqu’il perdit son père ; après avoir commencé ses études à Bath et à Winkfield, il les continua à l’école de grammaire de Manchester, et il montra dès lors une habileté remarquable dans la composition des vers latins, genre de travail auquel on attachait à cette époque en Angleterre une très-grande importance dans un système d’éducation, et qui conserve encore du prestige. En même temps, le jeune Thomas manifestait un esprit indocile et turbulent. Après avoir fait à pied un voyage dans le pays de Galles, il prit le parti d’abandonner sa province et de venir à Londres chercher à se tirer d’affaire. Il s’y trouva réduit à une extrême détresse, et il fut heureux de se réconcilier avec son tuteur. En 1803, âgé de dix-huit ans, il se rendit à l’université d’Oxford : il y resta jusqu’en 1810 ; il ne chercha point à se faire remarquer, et son existence s’écoula dans une retraite studieuse ; mais il fut apprécié par le petit nombre de personnes qui eurent l’occasion de reconnaître toute l’étendue de ses connaissances dans les langues anciennes et dans les sciences philosophiques. Sorti de l’université, qu’il quitta brusquement par suite de la crainte que lui causait un examen qu’il était tenu de subir, de Quincey fit la connaissance de deux poètes célèbres, Coleridge et Wordsworth, et en 1811 il s’établit dans une demeure champêtre qu’avait occupée ce dernier ; il y passa vingt ans. En 1816, il se maria ; en 1821, il publia les Confessions d’un Anglais mangeur d’opium, ouvrage qui attira sur lui l’attention publique. Dès sa jeunesse, il avait contracté l’habitude de cette drogue funeste : il lui dut d’abord des rêves sé-