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« rectoire, c’est à lui que nous devons le salut « de la patrie. Mais ce n est pas assez qu’il veille ; « il est aussi de notre devoir de prendre des meu sures capables d’assurer le salut public et la « constitution de l’an 3 ; à cet effet, je demande « la formation d’une commission de cinq membres. n Cette mesure fut aussitôt décrétée, et Poullain fut un des membres de la commission chargée « d’assurer la constitution ». Pour cela, on prononça l’exclusion de la moitié des députés, on en envoya d’autres à la Guyane, et le directoire fut le souverain maître de la France. Le député Poullain continua à le soutenir de son mieux. Le 30 octobre suivant, il fit un rapport sur la confiscation des biens’des déportés qui s’évaderaient du lieu de leur détention ou qui ne se constitueraient pas eux-mêmes prisonniers. Il fut élu résident le 21 août 1798, et son influence fu ? très-grande à cette époque. Cependant, au commencement de 1799, il se rangea du parti de ceux qui devaient renverser le directoire au 30 prairial (19 juin 1799) et en exclure Merlin, Treilhard et Laréveillère ; il attaqua même vivement leur administration, et parla en faveur de l’emprunt forcé et pour la déclaration de la patrie en danger, ce (qui le rangea complétement dans le parti des démagogues, qui un peu plus tard fit tous ses efforts pour empêcher a révolution du 18 brumaire et ne put y réussir. Par suite de cette révolution, Poullain fut un des députés condamnés momentanément à être détenus dans le département de la Charentelnférieure ; mais, cette mesure ayant été bientôt révoquée, il devint en 1800 président du tribunal civil de Neufchâteau. En 1807, il fut nommé candidat du corps législatif, et en 1811 quitta le tribunal de Neufchâteau, où il avait mérité l’estime publique, pour aller remplir les fonctions de résident de la cour d’a pel de Trèves, où il se gt également estimer. Obligé de quitter ce pays par suite des événements, ll rentra dans son ancien département, fut nommé président de l’assemblée électorale qui se forma en 1815, après le retour de Napoléon, et ensuite député à la chambre des représentants dite des cent-jours, où il fut membre de la commission de constitution. À la seconde restauration, il obtint beaucoup de voix pour les fonctions de député, et il tint à peu de chose qu’il ne fit artie de la chambre introuvable. Compris dans Ya lol contre les régicides en 1816, il s’était rendu à Trèves ; mais le roi, s’étant fait rendre compte de la nature de son vote et ayant reconnu qu’il n’était que conditionnel et n’avait pas été compté pour la condamnation, l’autorisa, par ordonnance du 13 février 1818, à rentrer en France. Poullain mourut dans sa terre de Graux le 6 février 1826. B-U.


POULLE (Nicolas-Louis), célèbre prédicateur, était né en 1711 à Avignon. Il lit ses études d’une manière distinguée, annonça de bonne heure une grande vivacité d’imagination, et se fit connaître très-jeune encore par deux poèmes (le Triomphe de l'amitié et Codrus), couronnés en 1732 et 1733 à l’académie des Jeux Floraux. Ayant quitté la carrière de la magistrature, à laquelle on le destinait, pour embrasser l’état du sacerdoce, il renonça aux muses pour se jeter dans la carrière de l’éloquence, où il porta l’empreinte de son génie poétique. Il se rendit à Paris en 1733, dans le dessein de s’y consacrer à la prédication. Son début, d’un éclat extraordinaire, obtint les plus vifs applaudissements ; mais si ces applaudissements lui furent honorables, ils ne lui furent pas moins nuisibles, en ce qu’ils l’empêchèrent de perfectionner son talent, car il en avait un véritable. Il sembla se surpasser lui-même dans deux discours, qui pourront seuls lui être un titre de gloire durable. Ce sont ses Exhortations de charité, prêchées, l’une au Grand-Châtelet, en faveur des pauvres prisonniers ; la seconde, dans une autre assemblée religieuse, en faveur des enfants trouvés. Il serait difficile de se faire une idée des effets que produisirent ces exhortations et de la renommée qu’elles donnèrent au jeune prédicateur. La cour, tout Paris retentirent de ses succès. Pour le récompenser et peut-être pour l’encourager, le roi lui donna une riche abbaye, celle de Notre-Dame de Nogent, avec le titre de son prédicateur, et en 1748 il fut appelé à prononcer le panégyrique de St-Louis en présence de l’Académie française. Son discours fut trouvé médiocre ; seulement son style y est plus soutenu, plus châtié, plus élégant que dans ses autres ouvrages, parce qu’il connaissait la délicatesse de son auditoire ; mais aucun de ces mouvements qui frappent, qui entraînent, aucun de ces traits qui se gravent d’eux-mêmes dans l’esprit. Les sermons de l’abbé Poulle se suivaient de loin en loin. Depuis qu’il se vit possesseur d’une fortune assez considérable, soit paresse naturelle, soit défaut de zèle et d’ambition, il prêcha plus rarement. On ne l’entendit plus que dans quelques circonstances solennelles, comme a l’ouverture des états de Languedoc en 1764, à des professions religieuses, etc. Encore, dans le petit nombre de discours qu’il nous a laissés, si l’on excepte quelques fragments épars çà et là, surtout dans les sermons sur le ciel et sur l’enfer, on n’aperçoit aucune trace de la véritable éloquence. Au surplus, il se contenta de la réputation que lui fit le débit de ses sermons et il ne se montra jamais empressé de jouir de la gloire d’auteur, et, ce qui est peut-être un phénomène inouï dans la république des lettres, il garda quarante ans ses discours dans sa mémoire. Ce ne fut qu’en 1776 qu’il céda aux instances réitérées de son neveu,l’abbé Poulle, vicaire général de St-Malo(1) : il (1) C’est par erreur qu’en a dit dans quelques journaux qu’un nommé Poulle, augustin, qui avait tenté d’assassiner l'abbé Sieyès en 1797, était neveu de l’abbé Poulle. Le neveu du célèbre