Pythagore avec ses disciples ; l’autre, l’entretien de Démocrite et d’Hippocrate. La manière de Peyron atteste éminemment la réforme de l’art à laquelle il a contribué. Sa composition est sage, raisonnée, quelquefois un peu trop méthodique, mais toujours pleine d’intérêt. Il a souvent traité des sujets neufs et ingénieusement choisis, tels que ceux de Cimon, de Paul-Émile, des Filles d’Athènes. Son style est grave, énergique, généralement correct. Ses draperies ont de l’ampleur et de la simplicité. La transparence et la suavité de ses teintes, la fermeté, a vivacité, l’esprit de sa touche, forment un des attributs distinctifs de son talent. Dans ses derniers tableaux, ses chairs sont un peu violettes ; mais les lumières sont toujours habilement ménagées : l’ensemble est parfaitement harmonieux, et la touche n’a rien perdu de sa légèreté. Les malheurs que cet homme de bien avait éprouvés dans la révolution et l’oubli auquel il semblait s’être condamné lui-même n’avaient point aigri son caractère doux et paisible. Il est mort à Paris le 20 janvier 1814, après dix années d’un état de langueur qui n’a été qu’une longue maladie. On a entendu à ses obsèques l’émule de sa jeunesse prononcer en un seul mot un éloge de ce maître, que l’histoire de l’art ne doit point laisser perdre : Peyron, dit-il, m’a ouvert les yeux ; aveu également honorable pour le grand maître qui l’a proféré et pour l’homme de talent auquel il se rapporte. Peyron a gravé neuf pièces à l’eau-forte, dont quatre d’après ses propres dessins, quatre d’après le Poussin et une d’après Raphaël. Les premières sont : la Mort de Sénèque ; Cimon retirant de la prison le corps de son père ; Socrate et Alcibiade, avec cette inscription : Alcibiadem a Venere et a voluptatibus amovens ; la Mort de Socrate, d’après le tableau que l’on voit à la chambre des députés. Les estampes, d’après le Poussin, sont une Bergerie, avec cette inscription : Ti duole d’esser tenuto a chi t’adora, ingrato, d’après un tableau dont Peyron avait fait une copie ; Faustule présentant Romulus et Rémus à sa femme Laurentia ; une première composition de l’Enlèvement des Sabines, et un croquis représentant le Désespoir d’Hécube. Sa gravure d’après Raphaël retrace une première pensée de la grande Sainte Famille. M. P. de Baudicour a décrit son œuvre gravé dans son Peintre-graveur français, t. 1er, et Gault de St-Germain a publié sur Peyron une notice (Paris, 1814, in-8°) qui parut d’abord dans le Magasin encyclopédique.
PEYRON(Jaa1s-Famcols), frère du précédent,
né à Aix le 4 octobre 1718, fut secrétaire d’ambassade
à Bruxelles en 17711, ll a traduit de l’anglais :
1° Méditation : d’Hercey (avec Letourncur),
1770, in-8°, souvent réimprimées en divers formats ;
2° l’Hotnme sensible, suivi de la Femme eensible.
1775, in-12 ; 3° Choiz des lettres du lord
Cheem- /ield à son file, 1776, in-12 ; 1° Lettres d’un Persan en Angleterre à son ami à Ispahan, ou Nouvelles lettres persanes (de Lyttleton), nouvelle
traduction libre, 1770, in-11 ; 5° Jean : de Calliope,
ou collection de poëmes anglais, italiens, allemands
et espagnole, 1776, in-12 ; 6° le Fourbe,
comédie en cinq actes et en prose (traduit de
Congrève), 1775, in-8°. On ui doit encore :
Essaie sur l’Espagne et Voyage fait en 1777 et 1778,
où l’on traite des mœurs, du caractère, des monuments.
du commerce, du théâtre et des WÎÖUICIS
particuliers à ce royaume. Genève, 1780, 2 vol.
in-8°, contrefaits sous le titre de voyage en Espagne
pendant 1777 et 1778, 1782, 2 vol. in-8°.’
L’auteur y fait preuve de grandes connaissances
dans les beaux-arts et en antiquités. ses descriptions
et ses récits étant d’une telle fidélité, qu’il
était le guide des dessinateurs employés à la confection
du Voyage pittoresque en Espagne. Aujourd’hui
même il peut encore être consulté avec
fruit ; on y trouve sur le royaume de Murcie des
renseignements précieux. Peyron mourut à Goudelour
le 18 août 178 !s. Il était parti de Paris en
qualité de commissaire des colonies, et secrétaire
de M. de Bussy, gouverneur de Pondichéry.
A. B—r.
PEYRONIE (François Grcor ne LA), illustre
chirurgien du 18e siècle, naquit à Montpellier le
15 janvier 1678. Au sortir du collége des jésuites,
ayant pris la résolution de se consacrer tout
entier in la chirurgie, qui était la profession de
son père, il se traça un plan d’études, se-fit recevoir
en 1695 maître en chirurgie, et se rendit à
Paris, où il suivit les leçons théoriques et pratiques
des hommes les plus renommés et les plus
habiles de ce temps. À peine revenu ù Montpellier,
il se livra à l’enseignement particulier de
l’anatomie et de la chirurgie, et il acquit assez
de réputation comme praticien pour être jugé
digne d’occuper l’une des places de chirurgien major
de l’Hôtel-Dieu, ou hôpital St-Eloi. Quelque
temps après, on le choisit pour démonstrateur
d’anatomie aux écoles de la faculté de médecine.
En 1701, il fut nommé chirurgien-major de l’armée
que le maréchal de Villars ressemblait dans
les Cévennes, et il entra comme associé anatomiste
dans la société royale des sciences de Hontpellier,
lors de sa formation en 1706. La Peyronie
fut appelé en 1711 à Paris pour yldonner
des soins au duc depuis marécha de C aulnes,
et il obtint peu après dans cette capitale la place
importante de chirurgien-major de l’hôpital de
la Charité. Ses succès toujours croissants lui va-Iurent,
en 1717, la survivance de la charge de
premier chirurgien de Louis XV, qui lui conféra,
en 1721, des lettres de noblesse. La Peyronie
accompagna le roi à son sacre. La confiance signalée
de Sa Majesté décida celle de plusieurs souverains
et celle des plus grands seigneurs de la
cour. Le roi, sur les représentations de Maréchal,
son premier chirurgien, et de la Peyronie, son
survivancier en exercice, vint au secours du
corps des chirurgiens de Paris, ruiné par le sys-