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chez Antoine-Ignace Fez, imprimeur du saint offce. Elle renferme quarante-et-un noëls, trois chansons et trois rocantins. Elle présente 1 feuillet, 155 pages et une table. L’édition la plus connue est la suivante : Recueil de Noëls provençal, nouvelle édition, revue et exactement corrigée par le fils de l’auteur, Avignon, 1791 (et non pas 1710, comme on le dit dans plusieurs bibliographies), in-12 de 132 pages. Elle contient aussi quarante-et-un noëls et trois rocantins, mais quatre chansons. Les rocantins sont sur la veille de Noël, sur le carnaval et sur le carême ; les chansons sur les maux causés par l’inondation de 1755 (deux chansons), sur la prise de Port-Mahon en 1756, et sur l’inondation de 1758. Cette édition est la seule mentionnée par Quérard dans la France littéraire. il existe deux autres éditions, une de 1791, Avignon (Debure, cat. 2, n’ 1910), et une de 1828, Avignon, chez Jean Chaillot, 248 pages. En 1852, on a réimprimé les noêls de Peyrol dans l’ouvrage intitulé Li noué dé Saboly, Peyrol è J. Roumanille, émé dé vers de J. Reboul...., Avignon, in-12 (p. 67 à 115).

A. M.


PEYRON (Jean-François-Pierre), peintre, naquit à Aix en Provence le 13 novembre 1745. Quoique sa famille ne jouit que d’une fortune médiocre, rien ne fut négligé pour son éducation. Ses parents le destinaient à une lace administrative que son père remplit pendant Yongtemps : la nature, plus puissante, en fit un artiste. Il eut d’abord pour maître un peintre natif d’Aix, nommé Arnulphi, domicilié dans cette même ville, et assez bon élève de Benedetto Lutti. Arrivé in Paris en 1767, il entra dans l’atelier de Lagrenée l’ainé, et fut dirigé plus particulièrement encore par les conseils de Dandré Bardon, son compatriote, homme instruit, dont le pinceau ne manquait pas d’énergie, et qui, s’il n’offre ’pas toujours dans ses tableaux des exemples bons à imiter, a donné dans ses écrits une doctrine généralement saine. Mais un sentiment naturel porta de bonne heure Peyron à étudier les ouvrages du Poussin, bien ne ce maître fût depuis longtemps discrédité, et la méditation de ses sublimes modèles lui révéla les vices qui défiguraient encore à cette époque les productions de notre école. En 1773, il remporta e grand prix de peinture sur un tableau représentant la Mort de Sénèque. Ce prix, obtenu avec un grand éclat, est un des premiers essais qui aient du faire espérer parmi nous le retour aux vrais principes. Dès ce moment, Peyron conçut le projet d’abandonner totalement la fausse route suivie par notre école, et de se créer une manière fondée sur l’imitation de la nature et de l’antique. Vien avait commencé cette réforme : Peyron essaya de le surpasser ; il s’appliquait à ramener le style grec. Une émulation louable s’établit entre ce jeune artiste et ses compagnons d’étude. Toute l’académie de Rome était animée du même esprit, et le grand changement auquel Peyron avait contribué un des premiers ne tarda pas à éclater. Son tableau représentant Cimon qui se dévoue à la prison pour en retirer et faire inhumer le corps de son père offrit une manière sévère qui était alors une nouveauté (au Louvre). Il fut exécuté à Rome, ainsi qu’un Socrate retirant Alcibiade d’une maison de courtisanes, et un autre tableau qui représente les jeunes Athéniens tirant au sort pour être livrés au Minotaure. Après avoir passé à Rome les quatre années de son pensionnat, Peyron y demeura encore trois ans à ses propres frais, et ne rentra dans Paris qu’en 1781. La plupart de ses émules y étaient revenus avant lui ; mais sa réputation l’y avait aussi précédé. L’Académie de peinture l’a mis au nombre de ses membres le 30 juin 1787 sur Curius Dentatus surpris par les ambassadeurs samnites qui lui apportaient des présents, au moment où il préparait son repas lui-même (au palais de Fontainebleau), et qu’il exposa la même année ; il était agréé depuis 1783. En 1785, il fut nommé directeur de la manufacture des Gobelins, et il peignit son Alceste, tableau dont les figures sont grandes comme nature. En 1787, il exposa au salon une première composition de la Mort de Socrate, où les figures n’ont qu’un pied et demi de hauteur. Par une rencontre assez singulière, ce sujet fut traité la même année par David, dans les mêmes proportions. L’affluence du public fut grande pour juger les compositions des deux nouveaux académiciens, distinguées par des beautés particulières, mais toutes deux remarquables par une ordonnance, un dessin et un coloris qui ne ressemblaient en rien à la précédente* école. Peyron exposa l’année suivante une seconde composition du même sujet, où les figures sont grandes comme nature. Ce tableau capital, un des meilleurs de notre temps, décore aujourd’hui une des salles du palais des députés. Les troubles de la révolution ravirent à cet artiste la place de directeur de la manufacture des Gobelins ; il se trouva en même temps privé des travaux importants dont il avait été chargé pour le roi. Sa santé fut gravement affectée par ces tristes événements, et à compter de cette époque il ne cessa, jeune encore, d’éprouver des infirmités qui hâtèrent la fin de sa vie. Cependant, malgré l’affaiblissement de son corps, son talent ne vieillissait point. Il a produit dans cette période deux de ses tableaux les plus harmonieux et les plus finis : l’un représente Paul-Émile s’indignant de l’humiliation où se réduit Persée, qui se prosterne à ses pieds (au musée du Louvre) ; l’autre, Antigone, fille d’(Edipe, sollicitant de son père le pardon de son frère Polynice. Monsaldi a gravé le second. Une nouvelle composition des Filles d’Athènes, gravée (par Beisson, appartient au même temps. Nous evons aussi à ce maître deux petits tableaux remarquables par la transparence des tons et la délicatesse de la touche, quoique peints dans les derniers jours de sa vie : l’un représente