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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


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PALADINI (Filippo), et non Paladino, peintre florentin, naquit vers 1544, et fut élève de Poccetti. Après avoir étudié les principes de-son art dans sa patrie, il se mit à voyager. Pendant son séjour à Milan, il se rendit coupable d’un délit dont on ignore la nature, et pour lequel il fut obligé de se sauver et de se réfugier à Rome, où il fut accueilli par le prince Colonna. Ne se croyant pas encore en sûreté dans cette ville, il alla chercher un asile en Sicile, dans un fief de cette famille nommé Mazzarino. Pendant son séjour dans cette île, il parcourut successivement Syracuse, Palerme et Catane, et laissa dans chacun de ces lieux des preuves de son talent. Ses divers ouvrages se distinguent par la grâce et par la beauté du coloris ; mais ils ne sont pas exempts de cette espèce de manière que l’on remarque dans les productions même les plus estimées de ses compatriotes. On ne connaît de lui à Florence qu’un seul tableau, représentant la Décollation de St-Jean-Baptiste. Ce tableau est digne d’attention sous tous les rapports. Son auteur, abandonnant les routes battues par les artistes de son pays, a cherché à s’y rapprocher de l’école lombarde, et l’on s’aperçoit que le Barroche ne lui était pas inconnu. Cet artiste mourut à Nazzarino en 1614. — Arcangela Paladani, fille du précédent, naquit à Pise en 1599. Douée d’une imagination riche et brillante, elle cultiva la peinture, la poésie et la musique avec un égal succès. Son père fut son maître dans le premier de ces beaux-arts ; elle y joignit aussi le talent de la broderie, autre genre de peinture qu’elle porta au plus haut degré de perfection. Elle était à peine parvenue à la fleur de l’âge, que la réputation qu’elle s’était acquise par des connaissances aussi variées engagea la princesse Madeleine d’Autriche, femme du grand-duc Côme, à l’appeler près d’elle. L’artiste sut gagner la bienveillance de cette princesse, qui la combla de sa faveur, et elle lui ordonna de aire son propre portrait, placé depuis dans le cabinet des peintres célèbres, qui fait partie de la galerie de Florence. Lanzi regarde comme une preuve incontestable du mérite de ce portrait d’être resté dans cette galerie depuis l’an 1621 jusqu’à nos jours, surtout lorsqu’on réfléchit que tous les portraits médiocres en disparaissent successivement pour être remplacés par d’autres plus dignes de l’estime des connaisseurs. En 1616, Arcangela Paladini se maria, pour se conformer au désir de sa protectrice. Ornée de toutes les grâces et de tous les talents, elle faisait le charme de tous ceux qui pouvaient jouir de sa société ;

mais elle mourut à la fleur de son âge, le 28 octobre 1622, et fut enterrée avec solennité dans l’église de Ste-Félicité, où sa protectrice lui fit élever un tombeau.

P—s.


PALAFOX (Jean de), évêque espagnol, né dans le royaume d’Aragon, en 1600, étudia dans l’université de Salamanque, et remplit d’abord des places dans l’administration civile. Il fut membre du conseil de la guerre a Madrid, puis du conseil des Indes. Mais bientôt, las du monde, et désirant se consacrer entièrement à Dieu, il embrassa l’état ecclésiastique. Philippe IV, qui l’estimait, le nomma, le 3 octobre 1639, au siège épiscopal de Puebla de los Angelos ou Angelopolis, dans le Mexique. Ce prince lui donna même une part à l’administration civile, et l’évêque remplit quelque temps les fonctions de gouverneur de la province, pendant l’absence d’un des vice-rois. Il eut de longs démêlés avec les jésuites, soit relativement à l’exercice de la juridiction, soit pour le payement des dimes. Ces démêlés produisirent de part et d’autre des écrits assez vifs. Palafox alla jusqu’à dénoncer ses adversaires au pape, dans une lettre du 25 mai 1647 et dans une autre du 8 janvier 1618. Cette dernière lettre est même conçue dans des termes wgres, que quelques-uns croient que c’est à qu’on l’attribue au prélat. On cite aussi des passages de ses écrits postérieurs où il parle des jésuites avec plus de modération. Mais Arnauld prétend prouver, dans sa Morale pratique, que Palafox n’est point revenu à des sentiments plus doux par rapport à la société. Ce docteur parle souvent de Palafox dans ses Lettres et dans sa Morale pratique : il donne l’histoire des démêlés de ce prélat avec les jésuites, et, sur cette affaire comme sur toutes les autres dont il est question dans ce recueil, les jésuites y sont toujours présentés sous les plus noires couleurs. Quoi qu’il en soit, Palafox, étant venu en Europe pour rendre compte de sa conduite, fut transféré le 24 novembre 1633 a l’é-