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Paul Jove, que Perotti fit perdre la tiare à Bessarion, dont il était le conclaviste, pour n’avoir pas voulu permettre qu’on l’interrompît dans ses études : cette anecdote est suspecte (voy. BESSARION). Les bibliothèques d’Italie possèdent un grand nombre de harangues, de lettres et d’autres opuscules de Perotti, dont Apostolo Zeno a recueilli les titres avec son exactitude ordinaire (1) [1], dans l’ouvrage cité à la fin de l’article. Outre la traduction de Polybe, souvent réimprimée, mais dont l’édition de Rome, 1473, est une rareté typographique (2) [2], du Discours de Basile sur l’envie, du Serment d’Hippocrate, etc., on a de cet écrivain :

1e Rudimenta grammatices, Rome, 1473, in-fol. C’est la première édition de cette grammaire latine (3) [3] qui eut un tel succès, qu’elle fut réimprimée quatre fois à Rome dans l’espace de trois ans, et qu’il s’en fit dix à douze éditions dans le reste de l’Italie et à Paris avant la fin du siècle. Erasme l’a citée avec éloge ; mais elle n’est plus recherchée aujourd’hui que par les curieux.

2e In C. Plinii secundi proemium. commentariolus ; c’est la préface de l’édition que Perotti publia, en 1473, de l’Histoire naturelle de Pline. Il se proposait d’établir la supériorité de son édition sur celle que J. André, évêque d’Aleria, avait donnée en 1470 ; mais quoiqu’il y ait relevé vingt-deux fautes d’impression, elle n’en est pas moins regardée comme infiniment plus correcte et offrant un texte plus pur que l’édition de Perotti (voy. PLINE).

3e Oratio pro régis Romanorum Frederici jucunda receptione, ex parte communitatis Bononiensis. Cette harangue a été insérée dans l’édition de 1475 de la Margarita poetica d’Alb. d’Eyb (voy. ce nom).

4e Cornucopia sive commentaria linguae latinae. Cet ouvrage, le plus important de ceux qu’a laissés Perotti, n’est pas un dictionnaire, comme on pourrait le croire d’après le titre, mais un commentaire sur le livre des Spectacles et le premier des Epigrammes de Martial. Il paraît que Perotti avait renoncé à terminer l’explication d’un poëte si rempli d’obscénités et qu’il ne destinait point son travail au public. Ce fut Pirro Perotti, son neveu, qui le fit imprimer à Venise en 1489, in-fol., avec des additions et une préface qui contient quelques détails assez intéressants. L’explication des passages licencieux appartient uniquement à l’éditeur, qui en convient lui-même. Cette première édition est très rare ; mais les curieux recherchent davantage celles qui sont sorties des presses des Almdes Tenise, 1499, 1513 et 1526, in-fol. Il y a

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beaucoup de recherches et d’érudition dans cet ouvrage ; il n’est cependant pas exempt d’erreurs. J. Parrhasius en a relevé plusieurs dans son livre De rebus per epistolam quœsitis (lett. 37). Scriverius découvrit le premier que Perotti avait inséré dans son commentaire (sur l’épigramme 87) une fable qui ne différait que par quelques mots de celle de Phèdre : Arbores in tutela deorum ; mais loin d’accuser l’auteur moderne de plagiat, il en tira la conséquence que les fables que nous avons sous le nom de Phèdre n’étaient pas l’ouvrage de l’affranchi d’Auguste. Dans un voyage. qu’il fit en Italie, d’Orvïlle trouva à la bibliothèque Ambrosienne un manuscrit autographe de Perotti qui, parmi plusieurs fables imitées d’Esope, d’Avienus, etc., en contenait plusieurs de Phèdre ; et il adressa une Notice sur ce recueil à Burmann, qui l’a insérée dans la préface de l’édition de Phèdre, Leyde, 1727 (voy. BURMANN). On peut donc conjecturer avec assez de vraisemblance que. Perotti avait cru pouvoir sans inconvénient s’approprier les fables de l’auteur ancien, restées jusqu’alors inconnues. Néanmoins quelques critiques ont mieux aimé prétendre que l’archevêque de Manfredonia est le véritable auteur des fables attribuées à Phèdre, et J.-F. Christ, entre autres (voy.. CHRIST), a publié une savante dissertation pour établir ce sentiment, qui n’a cependant pas prévalu. Les vingt-cinq fables tirées du manuscrit de Perotti, et qui ne se trouvent pas dans les anciennes éditions de Phèdre, n’ont été imprimées que de nos jours (voy. PHÈDRE).

5e De generibus metrorum ac de Horatii et Boëtii metris. Cet opuscule, publié à la suite de l’ouvrage précédent, a été inséré dans un recueil de traités d’anciens grammairiens, Venise, 1497, in-4o. On peut consulter, pour plus de détails, les Dissertaz. Vossiane, d’Apostolo Zeno, t. 1er, p. 256-24 ; les Mémoires de Niceron, t. 9, et la Storia letter. de Tiraboschi, t. 6, p. 1130-1133.

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PÉROUSE (Jean-François Galaud de la), célèbre navigateur, naquit à Albi en-l7tl. Sa première éducation le prépara de bonne heure à devenir un marin distingué, et son inclination pour cette profession se fortifia a mesure que ses connaissances acquirent de l’étendue. Il fut admis en qualité de garde de la marine, le 19 novembre 1756. Ses services ne furent point interrompus pendant la guerre que la France ent à sontenir à cette époque contre l’Angleterre. Il sc trouva au com at de l’escadre commandée par le maréchal de Conflans, sur le Formidable, et y fut blessé et fait prisonnier. La Pérouse fut promu au grade d’enseigne le l•* octobre l76t, et li celui de lieutenant de vaisseau le 4 avril 1111. Uintervalle de quatorze ans de paix, qpi s’écoulèrent depuis 176& jusqu’à 1778, le sur à même de se livrer tout entier à la navigation ; il parcourut pendant ce temps les pays du globe les plus éloignés, .d’abord en qualité de simple othcier ; ensuite il commanda plusieurs bâtiments 65

  1. (1) On doit remarquer que Zeno s’est cependant trompé en attribuant à Perotti l’Oraison funèbre de Bessarion ; elle est de Nicol. Capranica, évêque de Fermo.
  2. (2) Cette traduction est d’ailleurs peu estimée, quoique écrite en beau latin. Les contre-sens dont elle fourmille ont fait conjecturer à Casaubon que Perotti n’avait qu’une connaissance superficielle de la langue grecque (voy. Praefat. In Polybium).
  3. (3) Lairc en cite une édition in-4o, sans date, inconnue aux autres bibliographes, intitulée Regulae Sipontinae, et qu’il regarde comme très ancienne. Voy. l’Index libr. ad inv. typogr, t. 1er, p. 165.