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toujours directe et sans digression, le style est noble, abondant, animé par un pathétique naturel, et rarement mêlé de négligences. L’orateur, sans rien relâcher de la justice de sa cause, incline à la clémence l’amour-propre du monarque par des tournures adroites ; la clarté, l’agrément même qu’il répand sur des détails de finance, la force avec laquelle il s’élève contre les jugements par commissaires, constamment odieux à la nation, découvrent son intention d’être entendu, d’être appuyé par l’opinion publique, laquelle ne laisse point de plaider éloquemment dans les temps où elle n’est pas encore une puissance. Ces discours ont été réimprimés en 1805, avec deux harangues académiques et quelques autres morceaux de faible prose, sous le titre d’Œuvres choisies de Pellisson, 2 vol. in-12, par les soins de Désessarts. Voici la liste des ouvrages de Pellisson : 1º Histoire de l’Académie française jusqu’en 1652, Paris, 1653. in-8o. Trop de vétilles, peu de critique et de discernement dans la louange, une diction parfois triviale et incorrecte, et de nombreuses inexactitudes, déparent cet écrit. L’auteur ne prit pas même la peine de le retoucher dans les éditions subséquentes. Les meilleures sont celles de 1730 et de 1743, 2 vol. in-12, contenant la continuation par d’Olivet, et les notes où cet académicien relève les fautes ou les omissions de son prédécesseur. Dans plusieurs éditions, l’on a réuni à l’histoire de l’Académie le fameux panégyrique de Louis XIV, prononcé en 1671 par Pellisson, et traduit en anglais, en italien, en espagnol, en latin et même en arabe (voy. Pétis de la Croix). 2º Abrégé de la Vie d’Anne d’Autriche, en forme d’épitaphe, Paris, 1666, in-4o. 3º Histoire de Louis XIV, publiée en 1749, par l’abbé Lemascrier, 3 vol. in-12. Les faits y sont groupés avec ordre ; la narration a de l’agrément. L’auteur s’est attaché à éviter cette monotonie qui rend si fastidieuses tant d’histoires modernes : il traite avec soin la partie politique ; mais il n’a pas toujours su donner du mouvement aux formes de son style ; il n’a pas assez observé la différence qui existe entre le fond d’une histoire et les détails des mémoires particuliers, et l’on désirerait qu’il eût sacrifié des particularités et des noms qui n’étaient pas faits pour passer des gazettes à la postérité. D’ailleurs on est en droit de se défier d’une histoire écrite sous l’influence d’une admiration sans bornes, et dont le héros lui-même entendit partiellement la lecture. Cet ouvrage, qui commence à la paix des Pyrénées, ne s’étend que jusqu’en 1672, car un dixième livre qui conduit les événements jusqu’à la paix de Nimègue, en 1678, a été mal à propos ajouté par l’éditeur comme appartenant à Pellisson, sous le nom duquel il avait d’abord été publié en 1730. La différence du style et l’origine du manuscrit, qui provenait des papiers de Valincour, ne permettent pas de douter que ce précis fut composé par Racine, sous le nom duquel il parut pour la première fois en 1784. La relation de Pellisson sur la conquête de la Franche-Comté se retrouve imprimée à part dans le 7e volume des Mémoires de littérature de Desmolets. 4º Lettres historiques et opuscules, 1729, 3 vol. in-12. Les premières roulent sur les campagnes et voyages du roi, de 1670 à 1688 ; les secondes consistent en petits morceaux de circonstance qui remplissent 28 pages. Un choix de ces Lettres a été publié par M. Campenou, à la suite des Lettres choisies de Voiture, etc., 1806, 2 vol. in-12. 5º Réflexions sur les différends en matière de religion, 1686 et années suivantes, 4 vol. in-12. Ce recueil, recommandable par la netteté d’exposition, renferme les objections tant de fois présentées contre le principe de la réforme, des réponses à Jurieu, et la correspondance de Pellisson avec Leibniz. 6º Traité de l’Eucharistie, 1694, in-12 ; 7º Prières ou St-Sacrement de l’autel, pour chaque semaine de l’année, avec des méditations sur divers psaumes, 1734, in-18 ; 8º Prières sur les épîtres et évangiles de l’année, 1734, in-18 ; 9º Courtes prières pendant la messe, in-18, qui eut un cours prodigieux. On peut rapprocher ces livres ascétiques des Prières de Sanadon et des effusions de Laharpe éclairé par la grâce. 10º Préface des Œuvres de Sarrazin, extrêmement vantée dans le cercle de mademoiselle de Scudéri. Pellisson s’était élevé contre les longues préfaces : pour se sauver de la contradiction où le mettait celle-ci, il dit qu’il en était des préfaces faites pour des amis comme des pompes funèbres, qu’on devait négliger pour soi-même, et dont il fallait prendre soin pour autrui. 11º Pellisson figure dans la foule des versificateurs que deux ou trois morceaux ingénieux n’arrachent point à leur obscurité. Il composa des poésies morales et chrétiennes, et un plus grand nombre de pièces galantes. Ces dernières, mêlées aux Œuvres non moins médiocres de la comtesse de la Suze, 1695, 4 vol. in-12, furent réimprimées à Trévoux en 1725. Pellisson y célèbre, sous le nom d’Olympe, cette demoiselle Desvieux qui subjugua Bossuet adolescent, et fut, dit-on, sur le point de l’enlever à l’Église, par une union qu’ils désiraient tous deux. L’abbé Souchay a recueilli, sous le titre d’Œuvres diverses de Pellisson, les poésies, les discours et quelques autres pièces de cet académicien, Paris, 1739, 3 vol. in-12. On a encore attribué à Pellisson une relation latine de l’état de la religion en 1682. Son portrait se trouve dans le Recueil d’Eloges de Perrault. — George Pellisson, frère aîné de Paul, était un homme d’esprit, d’un caractère singulier et difficile. Il avait formé à Castres une académie mélangée de catholiques et de protestants ; il vint ensuite à Paris, où il vécut dans une solitude studieuse jusqu’en 1677. Il est auteur d’un Mélange ds divers problèmes sur plusieurs choses de morale et astres sujets, 1647, in-12. Il y agite assez mal le pour et le contre. — Jean