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éditions du Comes juridicus et du Comes theologus de P. Pithou, et fit précéder ce dernier recueil d’une lettre à ses enfants pleine de sages avis. À l’imitation de ces deux ouvrages, Peletier composa le Comes rusticus ex optímis latinæ linguæ scriptoribus collectus, Paris, 1692, in-12 ; ibid., 1708, petit in-8° ; et le Comes senectutis, ibid., 1709, in-12. Ce sont deux excellents choix de pensées tirées de différents auteurs et rangées sous différents titres, il a laissé en manuscrit des Mémoires pour la vie de Jérôme Bignon, qui ont été fort utiles à Bourgoin de Villefore et à l’abbé Pérau, et des Mémoires pour la vie de Matthieu Molé et de plusieurs autres personnages dans l’intimité desquels il avait vécu. J. Boivin a publié la vie de Claude le Peletier en latin, Paris, 1716, in-4° ; il y a réuni trois opuscules de cet illustre magistrat : la description du château de Villeneuve ; celle de Fleury, près Fontainebleau, et la lettre à ses enfants, dont on a déjà parlé, en leur adressant le Comes theologus de P. Pithou. La description du château de Villeneuve, adressée à Rollin, dont le Peletier, après avoir favorisé ses premières études, était resté l’ami, a été réimprimée dans le tome 1er des Opuscules du célèbre recteur de l’université de Paris ; elle a été traduite en français par le sénateur Vernier, qui habitait en 1806 le château de Peletier, et publiée avec une nouvelle description de cette habitation, l’une des plus agréables des environs de Paris (soy. Th. Vernier). W-s.


PELETIER DE SOUSI (Michel Le), frère du contrôleur général, était né à Paris en 1610. Moins touché des honneurs de la magistrature que de l’utilité des simples fonctions d’avocat, il avait résolu de n’en jamais exercer d’autres, et l’on fut obligé d’employer le chancelier Letellier pour lui faire acheter la charge d’avocat du roi au Chatelet, qu’il remplit cinq ans à la satisfaction générale. Il fallut, en quelque sorte, un nouvel ordre du chancelier pour le forcer d’entrer au parlement, où il fut reçu conseiller en 1663. Le roi le choisit, trois ans après, pour établir l’intendance de Franche-Comté ; mais cette province ayant été rendue à l’Espagne par le traité d’Aix-la-Chapelle le Peletier passa à l’intendance de Lille, et fut désigné commissaire pour régler les limites, d’après les derniers traités. Ses services lui méritèrent d’être appelé en 1683 au conseil d’État, et il fut presque aussitôt associé à son frère, nommé contrôleur général, avec la qualité d’intendant des finances. Après avoir rempli cette charge pendant près de douze ans, il obtint l’agrément du roi pour la transmettre à son fils ; mais le monarque, qui appréciait ses qualités et son expérience, le retint au conseil royal et créa pour lui, après la mort de Louvois, la place de directeur général des fortifications. Le roi exigea que le Peletier lui rendit compte, une fois par semaine, de son travail. Ce fut pour le nouveau directeur un moyen de mettre sous les yeux du monarque les services des officiers employés sous ses ordres ; et il eut le plaisir de procurer au corps du génie des récompenses et des distinctions que Louvois lui-même n’avait pu lui faire accorder. Le duc d’Orléans, devenu régent du royaume, jugea convenable de charger un militaire du détail des fortifications ; mais, en remerciant le Peletier, il voulut lui conserver les appointements d’une place qu’il avait remplie avec tant de zèle et de fidélité ; il fut impossible de lui rien faire accepter. Le Peletier, au milieu de tant d’occupations, avait trouvé le loisir de cultiver son goût pour les lettres. Admis, en 1701, à l’Académie des belles-lettres, à titre d’honoraire, il communiqua fréquemment à cette compagnie des inscriptions et des médailles découvertes dans les foui les qu’il faisait faire pour les fortifications[1], et il a enrichi le cabinet du roi d’un assez grand nombre de fragments d’antiquités. Le Peletier, parvenu à l’âge de quatre-vingts ans, renonça complétement aux occupations du siècle et se retira à l’abbaye de St-Victor pour se livrer entièrement à la méditation et à la prière. Une arête qui lui perça l’œsophage, et qu’il fut impossible de retirer, lui causa, pendant les trois dernières années de sa vie, des douleurs aiguës, qu’il supporta avec beaucoup de patience ; et il mourut dans de grands sentiments de piété, le 10 décembre 1725, âgé de 86 ans. Son Éloge, par de Boze, a été inséré dans le tome 7 du Recueil de l’Académie des inscriptions. On a un beau portrait de le Peletier de Sousi, gravé par Edelinck.

— Son fils, Michel-Robert Le Peletier des Forts, comte de St-Fargeau, né en 1675, fut intendant des finances en 1701, contrôleur général le 14 juin 1726, et ministre d’État le 30 décembre 1729. Démissionnaire le 19 mars 1730, il mourut le 11 juillet 1740. il avait épousé Marie-Louise de Lamoignon, fille de l’intendant de Languedoc (Bàville), et avait été reçu comme membre honoraire à l’Académie des sciences en septembre 1727. — Il fut le père de Louis-Michel Le Peletier de St-Fargeau, conseiller au parlement en 1735, et mort le 1er juillet 1739, dont le fils, Michel-Étienne Le Peletier de St-Fargeau, reçu avocat général au parlement de Paris le 6 septembre 1717, et sur les conclusions duquel fut porté l’arrêt de suppression des jésuites en France, devint président à mortier en 1764, et mourut de la petite vérole en septembre 1778. — Son fils fut membre de la Convention (voy. Le Pelletier de St-Fargeau.) -Michel-Étienne avait épousé en 1755 Susanne-Louise, fille de Charles-Étienne Le Peletier de Beaupré, intendant de

  1. C’est par erreur qu’on attribue à Michel le Peletier une Dissertation sur l’ancienne ville des Curiosolites, insérée dans les Mémoires de l’Academia, t. Ier, p. 194-198. Cette dissertation, communiquée à l’Académie par le Peletier, avait été rédigée par l’ingénieur chargé de la direction des fortifications de Dinan. L’auteur conjecture, avec assez de vraisemblance, que les Curiosolites habitaient une contrée près de Dinan, où l’on trouva les ruines d’une ville considérable autour d’une bourgade qui porte encore eujourd’lui le nom de Corseult.