Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 32.djvu/383

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

livres sur les langues orientales. Plusieurs des manuscrits de Peiresc sont demeurés à Rome ; la bibliothèque de Paris en possède aussi quelques-uns ; mais celle de Carpentras renferme la collection la plus complète. Cette collection se compose de quatre-vingt-six volumes, dans chacun desquels sont réunis divers traités qui n’ont aucun rapport entre eux. La bibliothèque de Peiresc fut achetée ar le collége de Navarre : un grand nombre des pièces antiques de son cabinet passèrent dans celui de Ste-Geneviève, dont le P. Dumolinet donna, en 1692, une description estimée. Peiresc avait rassemblé dans une galerie de sa maison d’Aix les portraits des doctes ses contemporains. Un M. de Valbelle, propriétaire de ces portraits à titre de succession, les transféra dans le château de Cadarache, sur les bords de la Durance, où ils furent détruits au commencement de la révolution. Un monument élevé en 1778, dans la ville d’Aix, à la mémoire de Peiresc, par le président Fauris de St-Vincens, antiquaire distingué, éprouva le même sort en 1794 ; mais il a été rétabli dans l’église de St-Sauveur, par le fils de ce magistrat. Gassendi, sur lequel s’était étendu le patronage de Peiresc, écrivit sa vie en latin avec une affectueuse prolixité.

En donnant un abrégé de cet ouvrage en (français, Requier l’a souvent mutilé. Dans le recueil de l’académie de Marseille de 1785, on trouve un éloge de Peiresc, production de la jeunesse de M. Lemontey, et un autre par le P. Paris, oratorien. Le portrait de Peiresc a été gravé, d’après Van Dyck, par L. Vosterman, par Mellan, par Lubin, etc., et dans la collection d’Odieuvre : son buste a été fait par les soins de Gaffarel, son secrétaire, d’après un creux moulé sur sa personne quand il eut rendu le dernier soupir.

F-t.


PEIROUSE (Philippe Picot, baron de la), naturaliste, naquit le 20 octobre 1744 à Toulouse, où son père, négociant considéré, avait été capitoul. Il était l’aîné de sept enfants ; quatre de ses frères prirent parti dans l’état militaire et l’un d’eux, mort en 1816, était parvenu au grade de lieutenant général. Philippe Picot, destiné d’abord à suivre la même carrière, se tourna vers la magistrature pour satisfaire au désir d’un oncle, le baron de la Peirouse, qui l’avait pris en affection particulière, et il fut pourvu en 1768 de la charge d’avocat général près de la chambre des eaux et forêts du parlement de Toulouse : mais un goût inné pour l’histoire naturelle l’entraînait, et la révolution opérée en 1771 dans la magistrature par le chancelier Maupeou l’ayant rendu momentanément à la vie privée, il se retira dans les Pyrénées et y commença ses recherches de botanique et de minéralogie. Son oncle mourut en 1775 en lui laissant son titre et sa fortune. Libre alors de toute contrainte, il se livra sans réserve à sa passion, et jusqu’à l’époque de la révolution il employa la plus grande partie de son temps en observations et en voyages. Le premier ouvrage qu’il ait donné séparément fut un écrit intitulé Description de plusieurs nouvelles espèces d’orthocérarites et d’ostracites, imprimé à Erlang en 1781, in-fol., en latin et en français, avec treize planches enluminées. Sous le nom impropre d’orthocératites, il faisait connaître pour la première fois des espèces entièrement nouvelles et fort singulières de coquilles fossiles que l’on a nommées depuis hippurites, batholites et cornucopiæ. Mais la Peirouse avait dès lors fait imprimer parmi les Mémoires de l’académie de Toulouse une histoire naturelle du lagopède et diverses recherches sur les plantes et sur les minéraux des Pyrénées. Il continua d’enrichir le recueil de cette compagnie de différents mémoires sur les productions de ces montagnes, et l’on doit remarquer dans le nombre de ces petits écrits des recherches sur les organes du chant dans les cygnes, des descriptions de la barge aux pieds rouges, du traquet montagnard. En même temps il donnait dans le Journal de physique plusieurs articles sur des sujets semblables, et il envoyait au docteur Mauduit des matériaux importants pour le Dictionnaire des oiseaux de l’Encyclopédie méthodique. L’article Vautour, entre autres, contient plusieurs faits intéressants qui lui sont dus. En 1786, il fit paraître à Toulouse, en 1 volume in-8°, un Traité des mines et forges à fer du comté de Foix, qui contient beaucoup de choses utiles et qui a été traduit en allemand en 1789 par le célèbre minéralogiste Karsten. Les états généraux ayant été convoqués en 1789, la Peirouse fut chargé de la rédaction des cahiers de la noblesse de la sénéchaussée de Toulouse et fit paraître un écrit sur l’administration diocésains en Languedoc, pour servir d’instructions aux députés de la province. Ces travaux et le souvenir de l’intégrité avec laquelle il avait exercé sa magistrature lui valurent en 1790 d’être nommé l’un des administrateurs du district de Toulouse. En 1791, à la demande de ses collègues, il fit paraître sur l’instruction publique un petit écrit intitulé Réflexions sur les lycées. Mais le tour que prirent bientôt les événements le fit renoncer à toute fonction publique en 1792. Il fut néanmoins arrêté, passa dix-huit mois en prison et ne fut délivré qu’après la mort de Robespierre. Il reprit alors ses occupations scientifiques, fut nommé successivement inspecteur des mines et professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de Toulouse et donna la relation d’un voyage au Mont-Perdu et un Mémoire sur des silex qu’il avait trouvés sur cette montagne et qu’il regardait mal à propos comme des ossements fossiles. En 1800, il fut nommé maire de Toulouse et géra cette place importante jusqu’en 1806[1]. Pendant son admi-

  1. On le destitua sur la demande de la députation de Haute-Garonne, dont M. de Puymaurin fut l'organe. Le motif de sa destitution fut, dit-on, la protection qu'il accordait aux maisons de jeu, qui produisaient dans Toulouse des désordres intolérables. La Peirouse n’en garda cependant pas de rancune contre le chef du gouvernement : car, après le 20 mars 1816. il s’empressa de se rendre à Paris, comme président du collège électoral de son département. (Voyez son éloge par M. Dumége, extrait de la Biographie toulousaine, t. 2, et imprimé à part sous le titre de Notice sur la vie et les écrin de Ph. Picot, baron de la Peiroue, etc., Toulouse, 1822, in-8° de 12 pages.)