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PAL ’ sait qu’elle lui parut plaisante. Quant à la première partie, ele est incontestable, puisque c’est Palissot lui-même qui s’en vante dans une lettre à Ms de Sartine, comme d’un stratagème très-ingénieusement imaginé pour faire applaudir sa pièce par ses ennemis, et les couvrir ensuite de confusion en s’eu déclarant l’auteur : si au contraire la pièce tombait, il gardait son secret. et triomphait encore de la chute d’un ouvrage dirige contre lui. Mais le secret fut éventé ; et les ennemis de l’auteur obtinrent, par l’intervention de madame Geolïrin, que la pièce fût défendue. Plusieurs années après, en 1782, elle fut jouée, ainsi que les Coartimtm, toutes les deux avec un succès médiocre. La comédie des Philawpha, qui fut reprise à la même époque, njçut pas, à beaucoup près, le succès qui avait signalé sa première apparition sur le théâtre. Elle n’avait plus l’attrait piquant d’une nouveauté hardie ; et es philosophes avaient alors pris cet ascendant 3 :% s n’avaient point encore en l’160. Au milieu ses travaux dramatiques et de ses écrits polémiques, Palissot avait publié des tllémoires sur le littérature, qu’on peut encore ranger pamii ses ouvrages polémiques, car il y attaque et s’y défend : il y juge les principaux écrivains de la langue française ; c’est le plus considérable de ouvrages en prose. Il faut se défier, comme dans tous les livres de ce genre, de la partie qui regarde les contemporains. Il était presque impossible que Palissot, objet de tant d’injustices, iut toujours juste ; mais ce qu’il v a de pis, c’est que dans les diverses éditions de cet ouvrage qui eut du succès. et qui le méritait à plus d’un égard, tantôt il encensa, tantôt il déëhira les mêmes écrivains, suivant que, d’une édition à une autre, il croyait avoirl s’en louer ou à s’en plaindre. Rien ne peut excuser une pareille versatilité de jugements. Il prétend la justifier dans un endroit où il substitue la satire à l’éloge, en disant qu’il s’était, dans l’édition précédente. laissé entraîner par la séduction de l’a•iitié ; mais on vuil trop souvent que d’&UlI’€S réductions, celles de la haine, de la vengeance et de l’envie, ont aussi exercé leur influence : il s’y occupe avec complaisance des auteurs qui ont cultive l’art dramatique, et y répand de bonnes réflexions sur cet art ; mais il semble toujours trolp grécocupé de lui-même et de ses comédies : a ceta- I tion qu’il met à priver llegnard de la place qu’on ¤ lui accordait après Iolière, et à laisser cette place vacante, pourrait faire présumer qu’il se la réservait a lui-même. En général. c’est un ouvrage superficiel et qui olïre peu d’idées neaves. Danssa ptoseeotnmedans sessers, Palisaotne se distingue ni parla richesse delînvention, ni par la tecondité des idées ; mais il est toujours pur, correct, naturel et facile : il appartient tonjoursala l sonne école, et nese laisse jamais pervertir par les mauvaises doctrines et les manvais exemples. Gas qualités en auraient fait un

rar. tf très-bon académicien ; il ne le fut cependant point. Les ennemis implacables qu’il s’était attirés par ses irrévérences envers la philosophie l’en écartèrent toujours. Dans les commencements de la révolution, Palissot, déjà avancé en âge, publia une édition des œuvres de ’oltaire, en 55 volumes in-8°. Cette édition, mal exéentéo dans sa partie matérielle, trop abrégée pour ceux qui ne veulent perdre ni un billet-, ni une variante, ni une facétie de Voltaire ; trop complète pour ceux qui n’en veulent avoir que ce ui ne choque ni la religion, ni la morale, ni les bienséances, ni le goût, n’eùt point de succès. Il rassembla et publia en un volume séparé (I 806), sous le titre de Génie de Voltaire, les divers jugements qu’il avait portés sur les divers ouvrages de ce génie universel, et qui étaient répandus dans toute l’étendue de son édition. Ces jugements sont en général très-admiratifs z toutefois I’admiration de Palissot pour Voltaire n’est pas comnïe celle de quelques fanatiques, sans raison ni restriction. ltlécontent des critiques trop sévères et souvent injustes que Voltaire s’était permises contre le père de notre théâtre dans son Commentaire de Corneille, Palissot, dans une édi- · tion des œuvres complètes de ce grand poëte, publia ce commentaire avec des notes et des éclaircissements où il venge, souvent avec beaucoup de justesse et de goût, l’auteur du Cid et de Cinne, des remarques rigoureuses, des observations peu bîenveil antes, on pourrait dire des hostilités de son commentateur. C’est ainsi que Palissot occupait utilement les dernières années de sa vie littéraire. Dépouillé de sa fortune par la révolution, forcé de se défaire d’une belle campagne qu’il avait longtemps possédée à Argenteuil, il vivait retiré dans une maison plus modeste à Pantin, ou à la bibliothèque Mazarine, dont il avait été nommé administrateur. Ayant plus de quatre-vingt-deux ans, il voulut encore rompre une lance en faveur du poëte Lebrun qu’il avait gut-être trop admiré, mais qu’un critiquecél re, Dussault, avait peut-être trop rigoureusement jugé : il adressa à ce critique tlltc lettre insérée dans le Journal des Débatr : Telsm itnbella ainé irtu coajecit senior. L’es rit de Palissot parut alors se tourner vers des réflexions sérieuses et graves, qui tixàrent enfin ses irrésolutions et ses incertitudes sur un point important ; et ü mourut avec de grands sentiments de religion, le 15 juin 181h, dans sa 85° année. Quelques-uns de ses ouvrages, la Daneiatle, entre autres, et les Mémoires pour servir l’histoire de la littérature, ont eu un assez grand nombre d’éditions. Ses œuvres ont été rassemblées dans trois éditions plus ou moins complètes, l’une publiée à Liege, chez Plomteux, 7 vol. in-8° et in-12 ; la seconde imprimée à limptimerie de Monsieur, en 1188, quatre gros volumes in- 8°, et la dernière publiée sous les yeux de l’auteur, Paris, 1809, 6 vol. in-8°. F-z.