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PAL la difficulté de traverser des déserts sans chemin frayé, ne furent capables de ralentir son ardeur : les hommes, les animaus, les plantes, les minéraux, tout fixait sa curiosité. Dans le Benin il faillit être tué pour avoir cueilli une branche d’un arbre fétiche ; et dans un autre endroit il lui en coùta une somme pour avoir osé douter que le roi de Benin vécut sans manger, et qu’il revient sur terre dix ans après sa mort. La fièvre jaune, dont il’fut attaqué, suspendit ses excursions : son beau-frère et son domestique succombèrent à l’influence du climat ; mais Palisot, ayant, par sa bomie constitution, surmonté le mal, tenta l’entreprise hardie de traverser l’At’rique dans la direction de l’ouest à l’est, d’arriver ainsi d’oware à l’Abyssinie, et de revenir en Europe par la Nubie et l’Égypte. Accompagné de quelques nègres et muni dîune pirogue, il partit pour cette grande expédition, remontant une rivière qui le conduisit jusqu’à environ trois cents lieues de la côte. Des troncs d’arbres tombés en travers du fleuve l’arrêtèrent. Les nègres, harassés de fatigue, déclarèrent cet obstacle insurmontable ; Palisot ne trouvait rien de plus simple que de s’enfoncer dans l’eau avec la pirogue pour passer par-·dessous : ses compagnons n’aimaient pas assez les découvertes pour risquer une tentative de ce genre ; d’ailleurs l’apparition des brigands de Guinée les efïraya au point qu’ils menacèrent le naturaliste de l’abandonner au milieu des déserts s’il ne retournait à la côte. Après avoir essayé inutilement tous les moyens de persuasion, Palisot renonça tristement à sa grande entreprise, et revint, en mai 1787, à la capitale de Benin ; attaqué par le scorbut et par la fièvre jaune, il fut e nouveau en danger de périr ; mais lféchec de son projet l’allIigea plus que ces maladies ; il reproclia vivement au roi d’oware de ne l’avoir pas secondé comme il l’avait promis. Voyant enfin que la côte d’Afr ;§ue serait son tombeau s’il y prolongeait son jour, il s’embarqua, tout malade qu’il était, mur St-Dorningue, n’emportant qu’urre partie ses collections, et laissant le reste dans la colonie française. qui, malheureusement, fut détruite peu de temps après par les Anglais. Sa traversée fut des plus pénibles : quarrdinr le débarque, au mois de juin 1788, au Cep-l·’rançais, on le regardait comme perdu. Cependant sous le climat de St-Domingne, il se couvre promptement sa santé, et deux mois après son arrivée, ü reprit ses excursions de naturaliste. Ses vastes connaissances lui acquirent l’estime des savants et du gouvernement ; il hit admis successivement dans la société des sciences et des arts du Cap, dans l’assemblée coloniale et dans le conseil supérieur. Il fut revêtu de la charge de conseiller i une époque fort orageuse, celle de l’approche de la révolution des nègres. Palisot se montra constamment opposé au projet de l’abolition de la traite, et écrivit, en U90, une brochrrrooù ilaccusa les philanthropes un PAL iii glais de ne favoriser ce projet que par une politique perfide. Rien n’a pu le guérir de cette opinion, qu’il a exposée de nouveau vers la fin de sa vie. Il se chargea de la mission imprudente et inutile de solliciter les secours des États-Unis contre les noirs de l’tle. Revenant de cette mission en juin 1793, il trouva l’lle en proie a la plus affreuse révolution ; ses collections et ses manuscrits avaient été détruits dans l’incendie du Cap : saisi lui-même comme ennemi des noirs, il fut jeté dans un cachot, et ne dut son salut qu’à une mulâtresse qu’il avait affranchie, et qui par reconnaissance sollicita son renvoi aux États-Unis. Dépouillé de tout, Palisot reparut à Philadelphie, dans un état d’indigence ; pour comble de malheur, il apprit, au moment où il s’apprêtait à retoumer en France, qu’il avait été proscrit comme émigré. Avec l’énergique activité qui le caractérisait, il chercha promptement une ressource dans ses talents : il avait beaucoup cultivé la musique ; il se fit maître de langues, et le soir il allait jouer du basson et du cor à l’orchestre du théâtre et du cirque d’équitation : le temps qui lui restait était consacré, comme de raison, à l’histoire naturelle. Il ne put manquer de se faire apprécier par les savants américains : chargé de l arrangement du cabinet d’histoire naturelle d’un riche amateur, Peal, il vit sa situation s’améliorer ; et à l’arrivée du ministre de France, Adet, il obtint de ce chimiste des secours qui le mirent à même d’entreprendre, dans l’intérieur de l’Améri3ue septentrionale, un voyage qu’il méditait epuis quelque temps. Il examina les règnes végétal et animal dans les monts Apalâches, y découvrit des fossiles curieux, entre autres des dents molaires et des mâchoires du grand mastodonte, qu’il trouva sur les bords de l’ohi9, dans les marais de Kentucky, ainsi qu’une dent de mégalonix, qu’il tira de l’ouest Q la Virginie. Il dbserva les habitudes des diverses espèces de serpents, et prit vivants trois serpents à sonnettes, qui furent transportés au jardin des lantes à Paris ; il en découvrit une espèce nouvelle, le crolale à losange. Il pénétra dans le pays des Crilts et des Chérokis, et passa quelques mois au milieu de ces peuples sauvages : i voulait aller plus avant, et voir les autres nations ui vivent encore dans Vindépendance ; à cet eflbt, il revint avec ses collections à Philadelphie, afin de s’y préparer à son nouveau voyage. Il y fut admis dans la société philosophique, à laquelle il communiqua une partie de ses observations. À la nouvelle de sa radiation de la liste des émigrés, l’amour de la patrie l’emporta chez lui sur l’amour de l’histoire naturelle : d’ail|eurs sa présence devenait indispensable en France pour Farrangement de ses affaires de famille, que sa femme n’avait pu tenir en ordre au milieu d’événements qui en avaient dérang tant d’autrea. llats le retour dans sa patrie, ne t point pour lui le retour au bonheur do