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piété le 31 juillet 1848. Au milieu des préoccupations si poignantes de cette époque, sa mort n’excita aucune attention. Les écrits d’Ourliac dans les dernières années de son existence offrent un caractère différent de ses débuts, mais toujours remarquable. Mademoiselle de la Charnaye, nouvelle insérée dans la Revue des Deux-Mondes, est un épisode emprunté aux guerres de la Vendée et narré avec beaucoup de bonheur. Ses Contes du bocage eurent un véritable succès ; ils en étaient dignes. Un recueil de Nouvelles diverses (1844) fut moins heureux ; on y rencontre cependant des récits fort bien faits : l’Ingénieux Thibault, entre autres, a été qualifié de petit chef-d’œuvre. Vers 1841, la mode était venue de publier de petits volumes in-32, ornés de dessins et intitulés Physiologie ; on vit paraître la Physiologie du débardeur, du séducteur, du bas-bleu, du rat d’église, etc., etc. La plupart de ces livrets, très-justement oubliés aujourd’hui, étaient d’une platitude extrême ; mais la Physiologie de l’écolier, retracée par Ourliac, fut trouvée charmante. Signalons aussi, comme dignes du sufïrage des connaisseurs, diverses nouvelles insérées dans la Revue de Paris : Brigitte et le Collier de sequins (1842) ; Hubert Talbot (1843), œuvre remarquable où sont retracés d’une façon poignante et comme avec un sentiment de colère les malheurs d’un honnête homme, victime d’une union mal assortie ; le Souverain de Kazalcoba, la Statue de St-Georges, les Garnaches (1843), Une confession (1844). — Dans l’Artiste, le Prisme, le Diable à Paris, dans bien d’autres recueils encore, on trouverait enfouis des morceaux, presque tous virtuels et ayant un cachet d’originalité, sortis de la plume facile d’Ourliac. M. Monselet a donné dans ’article que nous avons déjà signalé une longue liste de ces productions fugitives, et peut-être n’est-elle pas tout à fait complète. En résumé, si Ourliac avait pu écrire moins vite, si des études sérieuses et une existence plus longue et plus calme avaient fourni à son talent les moyens de mûrir, de s’épurer, il eût occupé dans histoire de la fiction en France une place considérable.

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OURRY (Maurice), littérateur, naquit le 19 octobre 1776 à Bruyère-le-Châtel, près d’Arpajon, lit ses études au collége de Juilly, et vint se fixer aParis en 1791 avec l’intention d’y cultiver la littérature. Ayant connu Barré (voy. ce nom), lun des fondateurs du théâtre du Vaudeville, il composa avec lui en 1795 une pièce en un acte (la Danse interrompue), qui réussit complètement. Cet heureux début ut pour Ourry un puissant encouragement ; mais si, parmi les ouvrages de ce genre, qu’il se hâta de multiplier, on en compte de très-agréables, tels que Monsieur Blaise et Pierre, Paul et Jean, le succès n’en fut pas assez éclatant pour accroître beaucoup sa réputation. Il est vrai qu’il ne travaillait pas seul à ces petites Pièces, et qu’une gloire de vaudevilliste, partagée entre plusieurs collaborateurs, devait se réduire pour chacun d’eux à un assez mince dividende. Après avoir ainsi coopéré à un grand nombre d’ouvrages éphémères, Ourry sentit la nécessité de s’élever à un genre moins frivole : il publia trois poëmes intitulés Malesherbes à St-Denis, l’Amour et la gloire et la Peste de Barcelone. La versification en était pure et facile ; on y remarqua plusieurs passages d’un intérêt doux et touchant. Enfin si ces productions ne firent pas dans le public toute la sensation que l’auteur avait droit d’en attendre, elles prouvèrent du moins qu’il s’était formé sur de bons modèles. Ce fut alors qu’il s’attacha au Journal des arts, puis à l’ancien Journal de Paris, dont il fut quelque temps le rédacteur en chef. Cette dernière feuille, qui, dans les premières années de la restauration, avait pris une couleur semi-libérale, changea tout coup de (principes en passant sous l’influence directe du ministère, et perdit aussitôt ses abonnés. Elle ne survécut pas à cette défection, et Ourry, que sa place de rédacteur en chef n’avait pas enrichi, se vit contraint de chercher ailleurs de nouvelles ressources : il fonda avec quelques amis un Nouveau journal de Paris, uniquement consacré aux arts et à la littératures mais le moment était mal choisi : il s’en fallait beaucoup que l’on s’occupât de critique purement littéraire, et d’ailleurs les censeurs se montrèrent si mal disposés envers la nouvelle feuille que les articles les plus inoffensifs tombaient chaque soir sous leurs redoutables ciseaux. Ce fut au point que, les rédacteurs ayant inséré dans leur journal un avis par lequel S. A. R. le duc d’Angoulême faisait annoncer ses jours de réception, cet avis fut impitoyablement supprimé comme touchant de trop près à la politique. Sous le ministère Martignac, le Nouveau journal de Paris obtint un peu plus de liberté, et après la révolution de juillet, son libéralisme devint moins équivoque. Mais Ourry n’y resta attaché que pour la rédaction de quelques articles spectacles, et lorsque cette feuille changea de propriétaires, il cessa tout à fait d’y travailler pour ne plus s’occuper que de l’Encyclopédie des gens du monde et du Dictionnaire de la conversation, auxquels il fournit un grand nombre d’articles. Depuis longtemps, la santé de cet homme de lettres était chancelante, quand une maladie grave l’obligea de se faire transporter à la maison royale de santé du faubourg St-Denis, où il mourut le 10 février 1843, à la suite d’une douloureuse opération. Ses principaux ouvrages sont, outre ceux que nous avons nommés : Ode sur la naissance du roi de Rome (1811) ; Epître au roi ; la France délivrée (1818) ; la Chevalière d’Éon ; l’Anglais à Bagdad ; les Époux de trois jours ; l’Ecarté ; les Mauvaises têtes ; Crispin financier ; la Famille mélomane ; les Baladines, parodie des Bayadères ; Monsieur Asinard ; le Loup-garou ; le Fils par hasard, et le Mari juge et partie. Il avait