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corps des cadets à St-Pétersbourg. Le comte Alexandre avait pour mère une Bibicow, issue d’une famille qui, dans le 13e siècle de notre ère, était immigrée, de la Horde d’or mogole, en Russie. Il naquit vers 1770 et dès l'âge de quatre ans entra comme bas officier dans un régiment des gardes. Il devint sous-lieutenant en 1789, et lieutenant en 1791, puis lieutenant colonel dans les chasseurs du Bog en 1793, colonel dans le régiment de Riga en 1796, enfin général-major en 1798. Mal vu de l’empereur Paul Ier, il quitta alors le service militaire pour être conseiller d’État. Rentré dans l’armée deux ans plus tard, il fut nommé en 1806 lieutenant général et commandant de l’infanterie de la première division. Il avait fait avec beaucoup de distinction la guerre contre les Turcs, et il s’était trouvé à la prise de Bender, à l’attaque de Kilia et à l’assaut si meurtrier d’Ismaïl en 1790. En 1805, il fut employé sous le comte de Tolstoy, son parent, dans le corps d’armée qui fit une descente dans la Poméranie suédoise et vint occuper le Hanovre ; mais la paix de Presbourg ayant fait cesser les hostilités, il retourna en Russie. En 1806, il alla commander une division sous Bennigsen en Pologne, et concourut par sa valeur autant que par son habileté à repousser pendant plusieurs jours, sur le Bug et la Narew, le corps français du maréchal Davout. Il commandait encore une division à la bataille de Pultusk, concourut très-efficacement aux succès de cette journée comme à ceux de Preussisch-Eylau, où, placé à l’aile gauche, marchant à la tête des colonnes, il dirigea les attaques sanglantes des grenadiers de Paulofski. Il eut plusieurs chevaux tués sous lui, et ses aides de camp furent grièvement blessés. Au mois de juillet suivant il fut lui-même atteint, à l’affaire de Gutstadt, d’une balle qui lui traversa la cuisse gauche. Après la paix de Tilsitt, Alexandre lui donna le commandement d’une division de ses gardes. Mais sa santé s’affaiblissant de jour en jour, par suite de ses blessures et de ses fatigues, il fut contraint de donner sa démission, et ne reprit du service qu’en 1812, au moment où il vit sa patrie attaquée par toutes les forces du continent européen, réunies sous les ordres de Napoléon. Placé aussitôt à la tête du quatrième corps, il combattit le 25 juillet, à Ostrowna, les corps de Murat et d’Eugène Beauharnais. L’affaire fut très-sanglante ; le comte d’Ostermann y déploya un grand courage, de même qu’à Borodino, où il commandait le centre de l’armée russe, et fut chargé de défendre les redoutes où périt Bagration (voy. ce nom), et que le corps du prince Eugène atlaqua avec tant d’acharnement. Ne pouvant plus soutenir les fatigues de la campagne d’hiver qui termina cette funeste invasion, le comte d’Ostermann quitta l’armée à Wilna, et ne la rejoignit qu’en Saxe, l’année suivante, où il reparut à la bataille de Bautzen. Toujours malheureux, il fut encore atteint d’une balle qui lui perça l’aine gauche et le força de s’éloigner. À peine était-il guéri de cette blessure, qu’il retourna à sa division, alors engagée dans les opérations les plus importantes. Chargé après la bataille de Dresde, où les alliés venaient d’être défaits, de garder la route de Tœplitz, qui était leur seule retraite, le comte d’Ostermann résista avec le plus grand courage aux efforts de Vandamme, qui fut si près d’arrêter l’armée des alliés tout entière (voy. Napoléon et Vandamme), et sauva ainsi la coalition d’un désastre qui pouvait avoir les suites les plus funestes. Le général Crossard, qui fut témoin de cet exploit, a donné dans ses Mémoires les plus grands éloges à la valeur du comte d’Ostermann ; mais ce général paya bien cher la gloire qu’il acquit dans cette occasion : au moment de son triomphe, et lorsque la victoire était devenue certaine, il fut atteint d’un boulet qui lui fracassa le bras gauche. Une cruelle amputation devint nécessaire, et il en supporta les douleurs avec une grande fermeté. Retourné dans sa patrie aussitôt après sa guérison, il n’eut aucune part à la campagne de France en 1814 ; mais au retour d’Alexandre, en 1815, il fut comblé de ses bienfaits, nommé général en chef de l’arme du génie, puis créé président de plusieurs commissions, entre autres de celle de St-Isaac, ainsi que commandant du corps des grenadiers de la garde. Il ne reçut cependant qu’en 1817 le grade de général d’infanterie et d’adjudant général. Depuis il fut négligé ; blessé de ce passe-droit, il se mit à voyager en Allemagne, en France et en Italie. En 1831, ce fut en compagnie du célèbre Fallmerayer qu’il entreprit une tournée en Orient, où il vit l’Égypte et la terre sainte. En automne de l’année 1837, enfin, il fixa sa résidence aux bords du lac Léman, où il passa le reste de sa vie dans une retraite profonde. Il n’arriva qu’une seule fois, en 1835, lors de l’inauguration du monument de Culm, que l’empereur Nicolas Ier se souvint du vieux héros ; il lui envoya alors le grand cordon de l’ordre de St-André. Le comte Ostermann-Tolstoy mourut le 11 février 1857 dans sa villa de Petit-Saconnex, près de Genève. Son ami Fallmerayer a donné sa notice biographique dans la Gazette d’Augsbourg. M—Dj et R—L—N.


OSTERVALD (Jean-Frédéric), théologien protestant, naquit à Neuchâtel, en Suisse, le 25 novembre 1663. Ses compatriotes l’ont appelé le Grand Ostervald. Il avait reçu de la nature des talents très-remarquables, et un heureux concours de circonstances lui en facilita la culture et le développement. Son père était théologien lui-même et fut son premier guide dans ses études. Sa position de fortune lui permit de les faire dans les écoles les plus accréditées, et de les compléter par des voyages qui le mirent en rapport avec les théologiens les plus distingués de son temps.