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aient été publiés en France sur l’histoire littéraire. L’abbé Papillon n’a pas rendu à cet écrivain laborieux la justice qu’il mérite : « C’est, dit-il, un plagiaire qui ne se met guère en peine de nous ennuyer par des Vies que nous trouvons tous les jours sous notre main. Il est aisé de faire un in-12 à ce prix-là et de gagner les cinquante écus qu’on lui paye par quartier. » (Lettre à Leclerc, dans les Mémoires de d’Artigny, t. 5, p. 394.) Niceron a tiré ses matériaux des ouvrages mêmes de chaque auteur ou des biographies les plus estimées de l’Allemagne et de l’Italie. Il cite à la fin de chaque article les sources où il a puisé, ce qui facilite la vérification, et il a eu soin de donner le catalogue de toutes les productions d’un auteur, en indiquant les différentes éditions et les traductions avec une exactitude minutieuse. Mais le plan qu’il avait adopté était trop vaste : les 43 volumes de ses Mémoires ne contiennent pas seize cents articles. Il mourut pendant l’impression du 39e. Le P.Oudin, J.-B. Michault et l’abbé Goujet publièrent les quatre derniers volumes, dans lesquels ils insérèrent plusieurs notices intéressantes (voy. MICHAULT, à la note). L’abbé Rives avait le projet de faire réimprimer les Mémoires de Niceron dans un meilleur ordre, avec ses propres corrections et celles de l’abbé Sepher. (Voy. la Chasse aux bibliographes, p. 454.)

Le P. Niceron a traduit de l’anglais :

1e le Grand Fébrifuge, ou Discours où l’on fait voir que l’eau commune est le meilleur remède pour les fièvres et vraisemblablement pour la peste, Paris, 1724 ; réimprimé sous le titre de Traité de l’eau commune, ibid., 1730, 2 vol. in-12. Cet ouvrage est de Jean Hanckock.

2e Les Voyages de Jean Ovington à Surate, 1724, 2 Vol. in-12 ;

3e la Conversion de l’Angleterre au christianisme, in-8° ;

4e les Réponses de Woodward aux observations de Camerarius sur la géographie physique (voy. WOODWARD).

Barbier lui attribue le premier volume de la Bibliothèque amusante et instructive, continuée par Duport du Tertre. Enfin il a laissé en manuscrit : une Table de tous les journaux ; - des Mélanges littéraires ; - une Bibliothèque volante (voy. CINELLI), - et les trois premières lettres de la Bibliothèque française, ouvrage dans lequel il se proposait de rassembler des notices sur tous les Français qui ont cultivé la littérature et les sciences avec succès. On peut consulter l’Eloge de Niceron, par l’abbé Goujet, dans le 40e volume des Mémoires. Il en a été tiré séparément quelques exemplaires, et on l’a réimprimé avec quelques additions dans le Dictionnaire de Chausepié.


NICET (S.), vingt-cinquième évêque de Trèves, a été l’un des plus illustres prélats de son temps. Les auteurs du Gallia christ. placent le lieu de sa naissance dans le Limousin ; mais cette opinion, qui n’est appuyée que sur le récit de quelques légendaires mal informés, avait déjà été solidement réfutée par dom Rivet, dans l’Histoire littéraire

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de la France, t. 3, p. 291. Destiné par ses parents à la vie cénobitique, son enfance fut confiée à un vénérable abbé, qui lui fit faire de grands progrès dans la piété et dans les lettres, et auquel il succéda dans le gouvernement du monastère dont on ignore le nom. Il fut tiré du cloître en 527 et placé sur le siège de Trèves ; mais son zèle pour le maintien de la discipline et des règles canoniques ne tarda pas à lui attirer la haine du roi Clotaire, qui l’exila. Sigebert, parvenu au trône, se hâta de rendre Nicet aux vœux de son Église. Ce prélat assista aux conciles de Clermont, d’Orléans et de Paris, et en convoqua lui-même un à Tours, dont les actes sont perdus, mais où l’on croit qu’il se plaignit des vexations que les seigneurs faisaient éprouver aux ecclésiastiques. Le saint, prélat mourut en 566, le 5 décembre, jour où l’Église célèbre sa fête. On a de lui deux lettres, l’une à l’empereur Justinien, dans laquelle il lui reproche de s’être laissé entraîner à l’erreur de l’eutychianisme, et l’autre à Clodesinde, reine des Lombards, qu’il engageait à travailler à la conversion d’Alboin, son mari, sectateur de l’arianisme. Elles ont été insérées dans les Recueils de Freher, de Duchesne, dans la Collection des conciles et dans le Spicilège de dom d’Achery, t. 1er, p. 1-12. Ce dernier attribue à Nicet, d’après un manuscrit de la bibliothèque, St-Germain des Prés, deux petits traités ascétiques : De vigiliis servorum Dei et Dc psalmodiœ bono, qu’il a publiés dans le tome 3 de son Spicilége. — Nicet (S.), vingt-troisième évêque de Besançon, succéda à St-Antide, martyr de la foi dans une invasion des Vandales. Il s’attacha En maintenir la pureté de la doctrine dans son vaste diocèse, qu’il parcourait fréquemment, prêchant et instruisant les peuples. À la prière de St-Colomban, il visita les différents monastères établis par ce pieux fondateur dans les solitudes des Vosges, et bénit les églises d’Annegrai, de Luxeul et Fontaine. Il offrit un asile à St-Colomban, obligé de se soustraire aux persécutions de Brunehault ; il le tint caché quelque temps à Besançon et lui facilita les moyens de passer en Italie (voy. St-Colomban). L’anonyme qui a écrit la Vie de St-Nicet nous apprend que ce prélat jouissait de toute la confiance du pape St-Grégoire le Grand, qui le consultait dans toutes les occasions importantes ; mais on n’a conservé aucune de leurs lettres. Nicet mourut vers l’an 612, le 8 février, jour où sa fête est célébrée dans le diocèse de Besançon, et fut inhumé dans l’église qu’il avait dédiée au prince des apôtres. La Vie de St-Nicet, dont on a parlé, est imprimée dans le Recueil des Bollandistes.


NICÉTAS ACOMINATUS, ou CHONIATE, historien grec, ainsi nommé parce qu’il était né à Chone, ville de Phrygie[1], fut amené dans son

  1. Cette ville est l’ancienne Colosse, si célèbre par l’Épître de St-Paul à ses habitants.