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le NAD tateuque et l’Évangile. Forcé par des dllllcultés qu’il n’avait pas prévues d’abandonner ou d’ajourner cette idée absurde, il se boma au projet d’établir parmi les mahométans une cinquième secte orthodoxe, fondée sur la doctrine de’imam Djafar-al-Sadik, l’un des descendants d’Ali (voy. Dunn). Il mit tour à tour en usage la séduction et la violenœ pour amener les Persans à suivre cette secte’ ; mais toutes ses négociations auprès de la Porte Ottomane ne purent la déterminer b consentir qu’un cinquième oratoire fùt établi dans le sanctuaire du temple de la Mecque pour les Djafarieiu. Nadir fut encore obligé de renoncer à cette entreprise et à l’espoir qu’elle pourrait lui faciliter a conquête de l’empire ottoman. À la suite d’une dernière victoire inutile qu’il remporta sur les Turcs, pres d’Erivan, en août 1715, il prptposa de nouveau la paix et se départit de ses tentions. Elle fut conclue en janvier HH sur les bases de celle de 1638, qui avait llré les limites des deux empires. Nadlr avait besoin de la aix : les fatigues de la guerre, les contrariétés, lles soucis, les chagrins, les plaisirs du harem avaient altéré sa santé et lui rendaient le repos nécessaire. Blenacé d’hydropisie pendant son séjour dans Vllindoustan, il en avait amené un célèbre médecin, qui le soigna pendant deux ans avec succès. Après le départ de ce docteur musulman, qu’il voulut vainement retenir, il se confia aux soins du frère Bazin, jésuite, qui ne le quitta plus et à qui nous devons une relation exacte et intéressante des dernières années de ce conquérant. Nadir, regardé longtemps comme le libérateur de la Perse, aurait fait onb ier son usurpation s’il eut ménagé les opinions religieuses de ses sujets et respecté leurs préjugés ; s’il eut été plus avare de leurs fortunes, de leur sang ; si en n il se fût plus occupé du bonheur de ses États que de leur agrandissement. Mais son ambition, sa soif insatiable d’or et etde conqëétes, son intolérance, ses vexations, ses cruautés rendirent un objet d’horreur pour la Perse et de terreur pour les États voisins. On ne peut se faire une idée de la férocité des agents qu’il employait pour se procurer des hommes et e l’argent. Lu ·méme, aigri peut-être par ses soutïranoss, par ses chagrins domestiques, par ses revers contre les Lesghis, par les révo tes qui éclataient de toutes parts, i se transportalt successivement sur tous les points où l’on bravait sa puissance ; ll parcourait La Perse en brigand, en bourreau ; inubliait des listes de [proscription, faisait mut r ou aveugler une oule de malheureux et élever sous ses yeux des colonnes et des pyramides de têtes humaines. lspaban, qui nous son règne Iperdit son rang de capitale de la Perse, était objet particulier de sa aine et de ses cruautés. Tant de crimes, tant de maux devaient avoir leur terme. Après avoir répandu l’etlrol. la dévastation et le carnage dans la Parse occidentale, Nadlr, toujours suivi

NAD d’une armée nombreuse, composée de soldats de vingt nations différentes, qui jusqu’alors avait fait sa sûreté, mais dont il commençait aussi la se défier, se rendit au printemps de 1717 à Mtë chehd, devenue le siège de son empire. Son neveu All-Kouly-Khan venait de se révolter dans le Seïstan, où i avait été envoyé po r réduire des rebelles. Nadir se disposait à marzxer contre lui, quand il apprit le soulèvement es Kourdes de Khabouchan, dans le voisinage de Kélat. Agité par de funestes pressentirpents, il envoya sa famille dans cette forteresse, où il comptait se retirer, et s’avança contre les Kourdes. Il était campé à Fcth-Abad, lorsque, dans la nuit du tll au 20 juin l7t’I (ll djoumady ll60É, quelques-uns de ses généraux persans, ayant à leur tète Mohammed-Saleh-Khan, intendant de sa maison, et Mohammed -|iouly-Klian, son parent, capitaine de ses gardes. entreront dans sa tente pour l’assassiner. Iléveillé par le bruit, Nadir, couché avec une de ses femmes, se lève, prend son sabre, et leur demande d’une voix formidable ce qu’ils veulent. l’n coup qu’on lui porte sur la tête est l’unique réponse. Il se met en défense, blesse deux des assassins ; mais, s’étant embarrassé dans les cordes de sa tente, il tombe et demande la vie. « Tu n’as fait grâce à personne, lui disent les conjurés ; lu n’en ¤ mérites aucune. » On l’ach<’·ve et on lui coupe la tête. Ainsi périt, dans sa 59° année et aprés un règne de onze ans, Nadir-Schali, l’un des hommes les plus extraordinaires dont l’histoire fasse mention. On prétend qu’irrite contre ses troupes persanes, qui ne voulaient oint adopter son système religieux, il avait donné ordre aux Afghans et aux Ouzbelis [qui étaient sunnites} de les égorger, et que les générauv persans, informés de cet ordre, se hàtérent d’en prévenir l’exécution. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’au point du jour Ahmed-Khan-Abdally, à la tête des Afghans et des Ouzbelis, attaqua les Persans et les Afchars pour venger Nadir, qu’il n’avait pu défendre ; mais, forcé de céder au nombre, il gagna Candahar, où il fonda un nouveau royaume roy. ÀIIIED-SCHAtI·iBDALL’). Ali-Kouly-Khan, chef secret de la cons iration, accourut à Méchehd, fit périr toute En famille de son oncle, à l’exception de Cliahrolshdlirza, son petit-fîls ; il s’empara de tous ses trésors, et prit le titre de rol sous le nom d’Adel-Schah. Nadir avait cinq pieds neuf pouces de haut. Sa figure était majestueuse, sa voix imposante ; sa force, sa mémoire prodigieuses ; sa bravoure, son activité, sa sobriété n’avaient pas d’égales. Quoiqu’il. n’eût appris i lire que fort tard, il ne manquait pas d’instruction, et il possédait à un degré supérieur les talents politiques et militaires ; mais il ne connut pas l’art de s’attacher les hommes. Malgré les cruautés qu’il exerça sur la fin de sa vie, on ne lui reproche pas d’avoir souillé ses mains dans le sang, si ce n’est dans les combats.