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NAD pierres les plus précieuses. Nadir envoya des troupes contre les Lesghis, qui avaient vaincu et tué son frère lbrahim, et partit pour punir les Ouzbelss des ravages qu’ils exerçaient en Perse depuis plus de deux siècles. Arrivé à Ballsh, que son fils cur avait enlevé récemment, il côto’a la rive gauche du Djibouti, sur lequel l,100 lxarques portaient ses munitions et son artillerie, et il traversa ce fleuve près de 1’chardjou, sur un pont volant. Le roi de Bohhara, issu de Djenghvz-Khan, se soumit, conserva sa couronne, et obtint le titre de ahah en cédant à la Perse toutes ses provinces au de la du Djihoun et en consentant au mariage de sa fille avec Ali-Iiouly-Khan, neveu de Nadir. Pendant son séjour à Bokhara, le vainqueur fit enlever de Samarlsand la pierre sépulcrale du tombeau de Tamerlan et les portes d’airain dfun collège fondé par ce conquérant ; mais la pierre s’étant brisée dans le transport, Nadir renvova le tout à Samarkand. Après avoir’ vaincu une armée de Turconians et d’ouzbek, qui voulaient arrêter sa marche, il entra dans le Kharizm, s’empara des principales places, lit perir le souverain, qui avait rejeté toutes les voies d’accommodement, et disposa de ce royaume en faveur d’un autre descendant de Djenghyz-Khan. Il y délivra plusieurs prisonniers russes, et, avant ramené dans le Khoraçan un plus grand nombre de captifs persans, il en forma a copulation d’une ville, qu’il fit bâtir sur le plan cl ; Dehly, dans le village où il avait pris naissance. Ensuite il déposa ses trésors à liélat, château voisin dont il augmenta les fortifications. Le Khoraçan était sa province de prédilection. Il répara, embellit Méchehd et v fit construire son tombeau. Il disgracia Riza-Kouly-Mirza, qui, pendant son absence, avait commis des exactions, aspiré au pouvoir suprême, et sacrifié, dit-on, à son ambition Sc h-1’hahmas et les restes infortunés de la famille des Sofys. Nadir laissa le gouvernement du Khoraçan à son second fils, Nasr-Allah-Mirza, et partit en mars 17H pour aller réduire les peuples du Caucase. Des torrents débordes submergèrent la dixième partie de son année dans les défilés du lllazanderan. Ce fut pendant cette marche que deux assassins inconnus attentèrent à ses jours. Blessé légèrement au bras d’une balle qui tua son cheval, il tomba, feignit d’ètre mort, et échappa ainsi aux meurtriers, qu’on ne put arrêter. Biza-Kouly-Mirza, soupçonné ou convaincu de ce parricide, eut les yeux crevés quelque temps après, ainsi que le grand maître e la maison du roi. Depuis ce moment, Nadir parait un autre homme. Naturellement avare, ombrageux et cruel, il devient de plus en plus avide, sombre et féroce. La fortune, qui l’a comblé jusque-là de ses faveurs, l’abandonne, et son histoire n’ofl’rc plus que des revers, des extravagances et des crimes. Il arrive au pied du Caucase : les Lesghis, du haut de leurs rochers, ré-’ sistent à ses efforts, bravent ses menaces, et se

NAD 15 vengent de l’incendie de leurs villages et de leurs moissons en harcelant ses soldats, en enlevant ses convois. Fatigué de cette guerre de chicane, Nadir lais un corps de troupes dans le Chyrwan et danssï Daghestan, et tourne ses armes contre les Ottomans. Il s’empare de toutes les petites places de l’Irak et de la Mésopotamie ; mais il échoue en l7Fi3 devant Bassorah, Bagdad, Van et Moussoul : les combats qu’il livre n’ont. aucun succès décisif. Moliammed-Taki-Khan, gouverneur du Farsistan, avait conquis les iles du Bahrain et pris Masliat par surprise. Fier de ces exploits, i se révolta pendant que son souverain était occupé contre les Turcs ; mais il fut vaincu, arrêté, et, avant d’être rendu aveugle et eunuque, il eut la douleur de voir ses enfants égorgés et ses femmes déshonoréçs. Xadir, en revenant de l’Inde, avait publié une exemption d’impôts pendant trois ans pour toute la Perse ; mais il se repentit bientôt de cet acte de munificence, et, ne voulant pas toucher à ses trésors, non-seulement il rétablit les contributions ordinaires et exigea rigoureusement celles qui étaient arriérées, mais il en créa de nouvelles. que l’augmentation de son état militaire rendait indispensables. Quoiqu’il eût toujours eu soin d’enrùler dans son armée les uples qu’il avait vaincus, et que l’on vit marclltîr sous ses étendards des Afghans, des Abdallis, des ouzbells, des Turcomans, des Kourdes, des Arabes, des Géorgiens, etc., ces recrutements éventuels étaient loin de suffire à ses besoins, et il av ait souvent recours à des levées d’hommes sur les Persans. La dilllculté de soumettre les diverses tribus arabes qui habitent les côtes du golfe Persique et d’ap(provisionner son armée dans les pays voisins e la mer Caspienne lui avait inspiré le désir d’avoir une marine. Cette partie avait été négligée sous les Sofys, même par le grand Schah-Abbas Ier, qui n’avait abattu le despotisme commercial des Portugais qu’avec le secours des Anglais. Nadir, dédaignant de recourir à des auxiliaires, employa des moyens iolents : il fit saisir tous les bâtiments nationaux ; il mit en réquisition tous les vaisseaux européens qui relâchaient dans les ports de la Perse, et, par cette mesure impolitique, dont il n’obtint d’ai leurs aucun succès, il éloigna toutes les nations qui venaient négocier dans ses États et anéantit totalement le commerce, qui leur était si nécessaire. L’Anglais Elton, qu’il avait pris à son service, lui fit construire dans les forêts du Ghylan un vaisseau de vingt cations, qui obligea les Russes de baisser pavillon sur la mer Caspienne ; mais la vie inquiète et agitée de Nadir pendant les dernières années de son règne l’empêcha de tirer parti de ce faible avantage. Rèvant a monarchie universelle, il parait avoir eu le dessein de réunir les chrétiens, les juifs et les musulmans par une même croyance. Il est du moins certain qu’il fit traduire en persan le Pen