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1662. On a de lui : 1° Roma triumphans, seu Inaugurutio Innocentii X, cum appendice de quarumdam cœremonierum papalium origine, Franecker, 1645, in-12. Cet ouvrage a été réimprimé dans la même ville en 1656. Bayle, qui n’a connu que cette seconde édition, parait croire qu’elle était la première. 2° De Tyrannide pepœ in reges et principes christianos Diascepsis, Franecker, 1649, in-12. Ce mot diascepsis, qui signifie examen, considération, réflexion, a été pris pour un nom de ville par un biographe, ou plutôt par son imprimeur. 3° Commenterii de Privilegiis militum, jurisconsultorum, studiosorum, mercatorum, mulierum. Ce sont cinq dissertations séparées, imprimées à Franecker, les quatre premières en 1649, la cinquième en 1651. 4" De Bancci ruptoribus (sur les banqueroutiers), Franecker, 1650, in-4o. 5° Toxe S. Cancellariœ apostolicœ, notis illustrata, Franecker, 1651, in-8o. Banck dit dans sa préface qu’il a consulté les différentes éditions de ce livre, et que J.-B. Sibon, moine bernardin et lecteur du collège romain, lui en a communiqué à Rome un exemplaire manuscrit. 6° Dissert. de jure et privilegiis nobilium, Franecker, 1652, in-4o. 7° De Duellis, Franecker, 1658, in-4o. 8° Bizarrie politiche, etc., ibid., 1658, in-12. C’est un ouvrage satirique sur lequel on peut consulter Niceron, t. 41, p. 384. 9° Dissertatio de structura et ruptura aureœ bullœ Caroli IV, Franceker, 1661, in-4o, etc., etc, B-SS.


BANDARINI (Marc), poëte italien très-médiocre du 16e siècle, était né dans les environs de Padoue. On a de lui : 1° li due primi conti di Mandricardo innamoreto, Venise, 1542, in-8o ; l’Impresa di Barbarosse contra le citte di Cattero, etc., poema diviso in tre canti, Ferrare, 1543, in-4o. 3° Sonetti in diversi e varsj oggetti, 1547, in-8o. 4° Varco Vittorioso de questa mortele all’ immorial vite fatio dal sig. conte Gio. Luigi del Fiesco, in ottave rima, Venise, 1550, in-8o. Il publia aussi un petit traité sur les coutumes particulières des villes d’Italie, avec ce titre fastueux : le Due Giornate dot poeta Bandarini, dave si traitia di tutti i costumi, etc., 1556, in-8o ; et ces Journées du poëte Benderini ne sont qu’une traduction en prose italienne du traité latin d’Ortensio Landi, publié sous le nom de Philalothes, Polytopiensis civis, et sous le titre de Forcianœ quœstiones. (Voy. Landi) G—É.


BANDARRA (Gonçalo Eannes), cordonnier, natif de Francoso, en Portugal, vécut sous les rois Emmanuel, Jean III et Sébastien. Sans savoir lire ni écrire, il compose des couplets prophétiques sur le sort futur de sa nation, qui furent bientôt dans la bouche de tout le monde. Les Portugais étaient mécontents des innovations que la cour ne cessait de faire dans leurs lois et leurs usages, depuis que leurs souverains ne se mariaient plus que dans la famille de Charles V. Ceux qui ont étudié l’histoire de Portugal savant que la cour de Madrid, par l’influence de ces princesses, prépare la ruine de cette monarchie et sa conquête. Le mécontentement était général ; la cour seule et ses adhérents étaient aveugles. Les poésies de Bandarra, qui, sous un voile allégorique, prédisaient la perte de la nation et sa résurrection, n’étaient au fond que l’expression de l’opinion publique, et flattaient l’amour-propre des Portugais. Le cardinal Henri, qui fut depuis le dernier roi de cette ligue des ducs de Béja, et qui était alors à la fois grand inquisiteur et le plus aveugle instrument de ces innovations, fit poursuivre Bandarra par le saint-office, qui le condamna à de grandes pénitences, et à paraitre dans un auto-da-fé, en 1511. Il parait cependant que l’opinion publique lutta cette fois avec l’inquisition, et l’emporta sur elle ; car Bandarra continua à publier ses couplets ; et quinze ans après en dédia la collection entière à l’évêque de Guarda, don Jean de Portugal, qui était d’une branche légitimée de la maison royale. On ignore l’époque de sa mort, mais elle a du être postérieure a l’année de cette dédicace (1556). Lorsque le royaume fut occupé par les Espagnols, et qu’une partie de ces prophéties se trouva vérifiée, les Portugais, qui souffraient leur joug très-impatiemment, donnèrent une grande importance à l’autre partie, qui concernait le rétablissement de leur indépendance. Il se forma une secte très-répandue et très-entêtée, appelée les sébastianistes, aux yeux desquels le livre des couplets de Bandarra était le livre sacré et le point de ralliement du patriotisme. La politique espagnole fut impuissante contre cette secte et contre Bandarra. On eut beau en faire défendre la lecture par l’inquisition, en faire un crime, et en rechercher les exemplaires ; la persécution, comme il arrive toujours, leur donna plus de consistance. Don Jean de Castro, petit-fils du héros des Indes, en fit faire une édition à Paris, on 1605, avec des commentaires très-propres à alimenter ce feu sacré des espérances populaires, qui contribua si puissamment à secouer le joug espagnol, on 1640. Cette secte mériterait bien que l’on en donnât une histoire particulière. Tout ce que Bandarra dit de la restauration de la monarchie, ils l’entendent du rétablissement personnel du roi Sébastien sur le trône. Le long laps de temps, depuis sa perte, n’a jamais ébranlé leur foi ; Leur nombre, leur puissance secrète et mystique, ont toujours été grands jusqu’au règne du roi Joseph Ier. Les princes de la maison de Bragance, sûrs de leur inébranlable fidélité, jusqu’au moment du retour du roi Sébastien, ont eu la sagesse de ne pas les persécuter ; ils ont, au contraire, eu l’air de flatter leur opinion : ce dont on pourrait citer beaucoup d’exemples remarquables. Lors de l’acclamation de Jean IV en 1640, ce prince, qui se trouvait alors dans son palais de Villa-Viciosa, en reçut la nouvelle à une porte qui mène au parc, et que l’on appelle la porte du Nœud. Ce fut aussi par cette porte qu’il sortit quelques jours après, pour se rendre à son couronnement à Lisbonne. On a mis sur cette porte une inscription en vers latins, qui, après quelque galimatias sur les nœuds de la porte, le nœud gordien, le nœud de la domination espagnole, se termine par ces deux vers :

Solvit Alexander nodum, ut rex imperet orbi :
Rex meus, ut regis sceptra latentis agat.

Sous le roi Jean V, le savant Barbosa Machalo publie