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mariage, avec une dot très-considérable, l’an 252 avant J.-C. Il l’aimait beaucoup, et eut soin, tant qu’il vécut, de lui envoyer de l’eau du Nil pour sa boisson ; mais a peine fut-il mort (voy. Asmoctws Il), qu’Antiochus la renvoya, et rappela Laodicé, sa première épouse, qui, l’ayant empoisonné lui-même, chercha à faire périr Bérénice et son fils. Elle avait chargé de ce crime un certain Gzenée, qui s’empara d’abord de l’enfant par surprise ; Bérénice, courut à sa poursuite, le tua d’un coup de pierre, e t, après avoir fait passer son char sur son corps, elle se rendit dans l’endroit où elle croyait qu’on gardait son fils. Ceux qui l’avaient tué firent paraître un enfant entouré de gardes, comme étant le fils de Bérénice, et offrirent a celle-ci de le lui rendre si elle voulait faire la paix avec eux ; elle y consentit, et, au moment où elle ne se doutait de rien, ils se jetérent sur elle et la massacrèrent, l’an 246 avant J.-C. Ses femmes caltèrent sa mort, ce qui coutint le peuple dans le devoir, jusqu’à ce que Ptolémée son frère fût arrivé pour venger cet assassinat. (Voy. Laodicé.)

BÉRÉNICE, que quelques auteurs nomment Cléopâtre, était l’unique enfant légitime de Ptolémée Lathure ; elle monta sur le trône après la mort de son père, l’an 81 avant J.-C. Sylla, qui était alors dictateur, l’obligea d’épouser et d’associer au trône Alexandre, son cousin, qui prit le nom de Ptolémée- Alexandre. Il n’y avait pas plus de dix-neuf jours qu’ils étaient mariés, lorsque ce monstre la fit mourir pour régner seul.


BÉRÉNICE était fille de Ptolémée Auletés. Le peuple d’Alexandrie s’étant révolte contre ce prince, l’an 58 avant J.-C., le chassa, et plaça sur le trône Tryphéna et Bérénice, ses deux filles. L’aînée mourut peu de temps après ; on maria Bérénice avec Séleucus, surnommé Cybiosactès. La difformité de son corps, et son caractère vicieux, le rendirent bientôt si odieux à la reine, qu’elle le fit étrangler. Elle épousa ensuite Archélaüs ; mais Ptolémée Aulétés ayant été rétabli dans ses États par Gabinius, le premier usage qu’il fit de son pouvoir fut de faire tuer sa fille, l’an 55 avant J.-C.


BÉRENICE, l’une des femmes de Mithridate. Voyez Mithridate.


BERENICE, fille d’Agrippa Ier, roi de la Judée, et de Cypre son épouse, naquit l’an 28 de J.-C. Elle fut d’abord fiancée à Marc, fils d’Alexandre ; mais ce jeune homme étant mort, Agrippa la donna en mariage à Hérode, son frère, roi de Chalcis, dont elle eut deux fils, Bérénicien et Hyrcan. Demeurée veuve à l’âge de vingt ans, elle alla demeurer avec Agrippa son frère, ce qui donna lieu a des bruits injurieux sur sa conduite et sur ses mœurs. Pour les faire cesser, elle lit proposer à Polémon, roi de la Cilicie, de se faire juif pour se marier avec elle ; il y consentit ; mais elle le quitta bientôt, et retourna probablement avec son frère ; car elle était avec lui lorsque St. Paul fut arrêté à Jérusalem, l’an 65 de J.-C. ; leur commerce fut si public, qu’il fit du bruit jusqu’à Rome ; et Juvénal en parle dans sa sixième satire. Après avoir fait de vains efforts pour engager Florus, gouverneur de la Judée, a employer les voies de la douceur pour contenir les Juifs, et pour empêcher ceux-ci de se révolter, elle suivit Agrippa lorsqu’il alla se joindre à Vespasien, que Néron avait chargé de faire rentrer les Juifs dans le devoir. Elle joua alors un grand rôle, si toutefois c’est (Pelle qu’il faut entendre ce que les historiens romains racontent des amours de Titus et de Bérénice, qui sont devenus célèbres par la tragédie de Racine. Tacite dit que, lorsque Vespasien quitta la Judée pour aller prendre l’empire, Titus son fils, après s’être mis en marche pour le rejoindre, retourna sur ses pas. On supposa, ajoute Tacite, qu’il était rappelé dans la Judée par les charmes de la reine Bérénice, qui était alors, selon le même historien, florissante de jeunesse et de beauté. Lorsque Vespasien fut établi sur le trône, et que Titus fut de retour à Rome, après avoir terminé la guerre de Judée, elle s’y rendit avec Agrippa son frère, l’an 75 de J.-C., y vécut publiquement avec Titus, et logea dans le palais des empereurs ; ce que nous apprend Xiphilin, qui dit également qu’elle était à la fleur de l’âge. Il paraît qu’on la traitait en reine ; car Quintilien nous apprend qu’il plaida devant elle. On la regardait effectivement comme l’épouse de Titus, qui lui avait promis de faire approuver son mariage ; mais le peuple romain ayant trouvé mauvais qu’il épousât une femme barbare, il fut obligé de la renvoyer ; ce qu’il fit malgré lui, suivant les expressions de Suétone, Berenicen statim ab urbe dimisit, invitus invitam. Il dit positivement que ce fut peu après son avènement au trône. Suétone est plus croyable que Xiphilin, qui prétend qu’il la renvoya sous le règne de Vespasien, et qu’elle revint à Rome lorsqu’il fut empereur, mais ne put rien obtenir. Il faut convenir que toute cette histoire est bien difficile à concilier avec Page de notre Bérénice, qui avait au moins quarante-deux ans lorsqu’elle put connaître Titus, et cinquante-un ans a l’époque de la célèbre scène qui est le sujet de la tragédie de Racine. Je crois donc que la Bérénice dont Titus fut amoureux était la fille de Marianne, sœur de notre Bérénice ; elle avait environ vingt-cinq ans lorsque Titus vint dans la Judée, et pouvait donc fort bien inspirer une passion. Elle avait également un frère nommé Agrippinus ou Agrippa ; et il est probable qu’Agrippa Il leur oncle, qui n’avait jamais été marié, les avait adoptés tous deux : ce qui expliquerait comment on donna le titre de reine à Bérénice.

FIN DU TROISIÈME VOLUME.