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C’est moins sans doute à son ouvrage sur l’art du palefrenier qu’à ses poésies qu’il dut cette qualification un peu emphatique : celles-ci se trouvent dans la collection de Dodsley. On y remarque, en effet, beaucoup d’élégance et de la simplicité. On a encore de Bérenger trois bons articles dans le Monde (the World), n° 76, 156, 202. Il mourut le 9 septembre 1782. Van. P.


BÉRENGER (Laurent-Pierre)[1], littérateur médiocre, naquit, en 1749, à Riez, ville de Provence. Après avoir terminé ses études, il entra dans la congrégation de l’oratoire, et professa la rhétorique dans divers collèges, notamment à celui d’Orléans. Durant le séjour assez court qu’il fit dans cette ville, il se lia d’une étroite amitié avec l’abbé de Reyrac, dont il publia depuis l’éloge ; avec Couret de Villeneuve, imprimeur connu par ses jolies éditions d’Horace et des classiques italiens ; et enfin avec M. Crignon, auteur de la traduction des Vers à soie, poëme de Vida, que Bérenger a insérée dans les Soirées provençales. Il remporta le prix de poésie en 1781, à l’académie de Rouen, par une Épître à mes livres, où l’on trouve des détails agréables et quelques vers bien tournés. Sorti de l’oratoire avec une pension de 400 francs, il vint à Paris, fut placé comme instituteur chez le duc de Valentinois, et obtint la place de censeur royal. Il consacrait ses loisirs à faire des vers qu’il publiait dans les journaux et les almanachs. En 1786, il inséra dans le Journal polytype[2] un conte intitulé la Poularde, où il dévoilait la conduite scandaleuse de la nièce d’un chanoine d’Orléans. Sur la plainte des personnes offensées, un arrêt du conseil d’État, du 26 décembre, supprima cette pièce[3], et Bérenger perdit sa pension [4]. (Voy. les Mémoires secrets, t. 33, p. 267. et t. 34, p. 22.) Comme tant d’autres, il salua l’aurore d’une révolution qui promettait de réformer tous les abus. Au mois d’octobre 1789, il donna sa démission de censeur, et offrit à l’assemblée nationale un don patriotique. Il fut compris, en 1795, dans le nombre des gens de lettres auxquels la convention accorda des secours. À la création de l’Institut, il fut élu correspondant de la classe de littérature : il venait d’être nommé professeur de belles-lettres à l’école centrale de Lyon ; plus tard, il remplit la même chaire au lycée de cette ville, et fut fait ensuite inspecteur de l’académie, place qu’il jugeait fort au-dessous de son mérite ; mais toutes ses réclamations auprès de Fontanes, alors grand maître de l’université, furent sans effet. Il mourut à Lyon, le 26 septembre 1822, à l’âge de 75 ans. Son éloge, prononcé par Dumas, secrétaire perpétuel de l’académie, fait partie des mémoires de cette société pour l’année 1825. Bérenger est auteur d’un grand nombre d’ouvrages en vers et en prose. On en trouve la liste complète dans la Biographie des hommes vivants, t. 1, p. 290. Il serait donc inutile d’en transcrire ici les titres ; mais on rappellera les plus importants : 1° le Portefeuille d’un troubadour, ou Essais poétiques, suivis d’une lettre à Grosley sur les trouvères et les troubadours, Marseille et Paris. 1782, in-8o. La lettre à Grosley est un plaidoyer en faveur des anciens poëtes provençaux contre Legrand d’Aussy, qui, dans la préface de son édition des Fabliaux, avait essayé de diminuer le mérite réel des troubadours. (Voy. Legrand d’Aussy.) Quoique cette lettre n’offre rien de piquant dans la forme ni de remarquable dans le fond, Bérenger ne l’a pas moins reproduite dans les Soirées provençales. 2° La Morale en action, ou Élite de faits mémorables et d’anecdotes instructives propres à faire aimer la vertu, Paris, 1783, in-12. Cette compilation, adoptée par les collèges et les maisons d’éducation, a été souvent réimprimée. Elle a été traduite en espagnol, Paris, 1823 2 vol. in-18. Le P. Guibaud (voy. ce nom), oratorien, a donné sous le même titre un nouveau recueil pour faire suite à celui de Bérenger. 3° Voyage en Provence, Marseille et Orléans. 1783, in-8o. C’est un recueil de lettres mêlées de vers, adressées par Bérenger à ses amis pendant un voyage qu’il fit dans sa patrie. Cet ouvrage a été réimprimé, avec les Essais poétiques, sous le titre d’Œuvres de Bérenger, Paris, 1785, 2 vol. in-18. qui font partie de la collection de Cazin ; et, avec de nombreuses additions, sous celui de Soirées provençales[5], 1786, 3 vol. in-12, fig. Les Soirées provençales ont été traduites en allemand, Gotha, 1787, in-8o. 4° Le Peuple instruit par ses propres vertus, Paris, 1287, 2 vol. in-8o ; ibid., 1805, 3 vol. in-12. traduit en allemand, Bamberg, 1789, in-8o. Bérenger est, avec Couret de Villeneuve, l’éditeur de l’Élite des poésies décentes et du Recueil amusant de voyage sen vers et en prose[6] (Voy. Couret.) W-S.


BÉRENGÈRE, fille de Raimond IV, comte de Barcelone, fut célèbre par son esprit et par sa beauté. Recherchée par plusieurs souverains, et notamment par Alphonse VIII, roi de Castille, elle épousa ce prince à Saldana, en 1128, avec beaucoup de pompe, fit l’ornement de sa cour, et donna plusieurs fois des preuves d’un mérite rare et d’une fermeté au-dessus de son sexe. S’étant renfermée dans Tolède. en 1139, pour défendre cette ville contre les Maures, elle parut sur les remparts, et traiter de lâches des hommes qui venaient ainsi assiéger une femme, tandis que la gloire les appelait sous les murs d’Oreja, dont le roi de Castille, en personne, faisait le

  1. On l’a confondu avec Béranger, dont le nom et les chansons sont si connus, dans la Galerie historique des Contemporain, Bruxelles, 1828, in-8o.
  2. Et non pas politique, comme tous les dictionnaires l’ont répété.
  3. Quant au journal dans lequel Béranger avait inséré cette pièce, il ne fut supprimé qu’en 1788, pour avoir publié des réflexions offensantes contre le ministère, pendant la durée de l’assemblée des notables.
  4. Dans le même temps il fut remercié comme instituteur, et tomba dans la disgrâce de la duchesse de Villeroy, qui l’avait choisi pour élever un grand seigneur. V—vz
  5. On en trouve aussi des extraits assez étendus dans la collections des Voyages en France, par la Mésangere, 1796, 1 vol. in-18, et dans celle des Voyages en France et autres pays, avec fig., Parts, 1818. 5 vol. in-18. A—r.
  6. Un ouvrage de Bérenger a été oublié dans les diverses listes qu’on en a publiées. Nous en rétablissons ici le titre. C’est la Collection des voyages autour du monde par les différentes nations de l’Europe, Genève (Paris), 1788, 9 vol. in-8o. A—r.