BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.
B
BAMBOCHE. Voyez Laar
BANCAL (Jean-Henri), connu sous le nom de
Bancal des Issarts, naquit en Auvergne le 3 novembre
1750. Il était notaire à Paris, et y possédait une
des meilleures études[1]. Il adopta les principes de la
révolution avec enthousiasme, et publia, le 21 avril,
1789, sous le voile de l’anonyme, une brochure intitulée :
Déclaration de droits à faire et de pouvoirs à
donner par le peuple français pour les états généraux
dans les soixante assemblées indiquées à Paris[2].
Le 14 juillet suivant il fut député avec Ganilh par
l’assemblée des électeurs de Paris vers l’assemblée
nationale, pour lui faire connaître la situation de ces
électeurs, qui s’étaient déclarés en permanence ; et
quelques jours après ces deux mêmes députés témoignaient
devant le Châtelet dans l’affaire Bezenval.
Lorsque l’assemblée nationale s’occupa de la constitution
qu’elle voulait donner à la France, dans le
mois de juillet 1791, Bancal lui présenta, de la part
du club des jacobins de Clermont-Ferrand, une
adresse dans laquelle ces démocrates réclamaient de
la manière la plus insolente, et même avec menace,
contre la dissolution des assemblées électorales, qui
venait d’être ordonnée par un décret. Biauzat, député
de l’Auvergne, parla contre les signataires, et plus
particulièrement contre Bancal, qu’il traita d’intrigant.
Sur sa demande, l’adresse fut envoyée au
comité des recherches ; mais cette affaire n’eut pas
de suite, et le 29 juillet, dans une nouvelle pétition,
Bancal demanda avec plus d’insolence encore, de la
part des patriotes de Clermont, justice et réparation.
Toutes ces circonstances contribuèrent à lui faire
une réputation de patriotisme, et l’année suivante il
fut nommé député à la convention nationale par le
département du Puy-de-Dôme. Mais dès lors ses
opinions s’étaient singulièrement modifiées ; et elles
semblaient se modérer à mesure que l’irritation des
esprits devenait plus grande. Lorsque le Prussien
Anacharsis Clootz, se disant l’oracle du genre humain,
publia son plan de république universelle, il
avança que Bancal appuyait son système fédératif ;
Bancal répondit par un pamphlet de 16 pages in-8o :
« Frère, disait-il, vous me prêtez vos rêveries… Je
ne veux pas, comme vous, que l’Angleterre, la
Suisse, l’Allemagne, et tous les autres États de
l’Europe deviennent des départements de la France,
dont le chef-lieu serait Paris. » Il reproche plaisamment
à Clootz de vouloir créer environ 1,100 départements
dans sa république universelle. « La seule
opération de la division de la France fit envoyer,
dans le temps, à l’assemblée constituante, environ
2,000 députés extraordinaires. Combien en
faudrait-il pour tout le genre humain ?… Je connais
la fierté anglaise, et je ne pense pas que ce
peuple, qui a versé tant de sang pour se rendre
libre, voulut faire de son île un département de la
France. » Le 27 novembre 1792, Bancal demanda
à l’assemblée qu’on laissât indépendante la Savoie,
qui venait d’être conquise, et qu’il lui fût permis de se
donner le gouvernement qui lui conviendrait. Il était
un des secrétaires à l’époque du procès de Louis XVI,
et il commença la discussion par contester à l’assemblée
le droit de le juger. Il vota ensuite de la manière
la plus favorable à ce prince, c’est-à-dire pour
la détention et le bannissement à la paix, pour l’appel
au peuple et pour le sursis à l’exécution. Dans la
séance du 26 février, lorsque la convention discuta la
question de savoir si Marat serait décrété d’accusation,
Bancal demanda qu’il fût expulsé de l’assemblée
comme un fou, et renfermé dans une maison de
santé, où son état serait constaté par des médecins.
Collot d’Herbois déclara que c’était Bancal lui-même
qu’il fallait taxer de folie ; et Marat répondit que
c’étaient les hommes de l’appel au peuple qui accusaient
l’ami du peuple. Le décret d’accusation ne fut
pas prononcé. De plus en plus opposé au système de
tyrannie qu’il voyait se former dans le sein de l’assemblée
nationale, Bancal combattit quelques jours
après avec succès la proposition de prendre les mi-
- ↑ Bancal n’était connu comme notaire que sous le nom de des Issarts. Il vendit en 1788 à Delacour, qui fut dans la révolution un jacobin effréné, membre de la municipalité du 18 aout, puis de la commune de Paris ; et compris dans la mise hors la loi de cette commune, à la chute de Robespierre, périt sur l’échafaud le 11 thermidor an 2.
- ↑ Cette déclaration fut depuis insérée dans la Chronique du mois, rédigée par Condorcet, Kersaint, etc. Bancal nous apprend lui-même que, peu de temps après la révolution du 14 juillet, il était membre d’une société où il enseignait publiquement les principes de la fraternité universelle. « Elle les propageait, dit-il, et j’ai même été, durant mon séjour en Angleterre, chargé par elle d’une mission pour y former un lien avec les amis de la liberté… La paternité est la loi de la nature ; la fraternité est celle de la société. (Henri Bancal à Anacharsis Clootz, son collègue.)