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mise sur une haquenée, on le conduit à Condé-sur-Moselle, dans la plus malhonnête chambre, là ou il y avait plus de fumier que de feu, et on l’y retient prisonnier deux mois et demi. Bayer n’en sortit qu’aux plus rigoureuses conditions ; mais les Messins indignés lui firent une réception triomphale, l’aidèrent à acquitter ses dettes et se liguèrent avec lui, en 1459 et 1140, pour tirer vengeance du duc de Lorraine. Il n’eut pas autant à se louer de son clergé, car les ecclésiastiques du diocèse, se rappelant ce qu’avait fait Bayer pour réformer leurs mœurs, lui refusèrent le courtois et charitable subside décrété par le concile de Bâle. Dans les dernières années de sa vie, ce prélat s’occupa exclusivement de son diocèse, qu’il avait beaucoup négligé : il tourna ses vues vers les arts, embellit, fortifia ses domaines, et appela auprès de lui plusieurs artistes, au nombre desquels nous citerons Jean de Commercy, célèbre architecte. Conrad Bayer mourut à Metz, le 20 avril 1159, et fut inhumé dans la chapelle des évêques, où l’on voyait encore son tombeau avant la révolution. C’était un homme d’une capacité peu commune et d’un beau caractère.

B—N.

BAYEUX (George), né à Caen, vers 1752, fut avocat dans cette ville, et ensuite à Rouen, où il se distingua dans plusieurs causes d’éclat. Les travaux de la plaidoirie ne l’empêchaient pas de cultiver les lettres. Son plus important ouvrage est une traduction en prose des Fastes d’Ovide, 1783-88, 4 vol. in-8o. Elle est écrite avec assez d’élégance et de noblesse mais elle est surtout estimée pour le discours préliminaire et les notes qui l’accompagnent ; l’érudition et la saine critique s’y joignent pour éclaircir les traditions obscures sur lesquelles se fondaient les usages civils et religieux des Romains. On n’en a pas donné de seconde édition, quoi qu’en dise le Dictionnaire universel historique, critique et bibliographique. On doit encore à Bayeux :

1e Réflexions sur le règne de Trajan, -1787, in-4o, où l’auteur fait des rapprochements flatteurs entre les principaux personnages de Rome, à cette époque, et plusieurs de ses contemporains.

2e Essais académiques sans nom de lieu ni d’imprimeur), 1785, in-8o, où se trouvent l’éloge d’Aristote, et des extraits d’un grand ouvrage intitulé l’Antiquité pittoresque. L’auteur a laissé cet ouvrage manuscrit. Quelques extraits en ont été imprimés à la suite des Recherches historiques sur le luxe chez les Athéniens, trad. de l’allemand de Chr. Meiners.

3e Le prospectus d’une nouvelle traduction de Pausanias, à laquelle devaient concourir des savants et des artistes du premier ordre cette traduction était à peu près terminée.

4e Quelques pièces de vers couronnées par les académies de Rouen et de Caen.

5e Procès-verbaux de l’assemblée provinciale de la basse Normandie, Caen, in-40. Il a laissé en manuscrit des dissertations sur des objets d’antiquité, des traductions de Claudien, d’Apulée, etc., et une traduction presque entière de Martial, accompagnée de notes. En 1787, Necker appela Bayeux auprès lui, et le fit premier commis des finances. En 1789, il commença un journal intitulé : Histoire de la révolution présente, ou

BAY

moires périodiques, impartiaux et fidèles, pour servir à l’histoire de France, pendant les années 1789 et suivantes. Nommé commissaire du roi, et ensuite procureur général syndic du département du Calvados, il fut mis en prison, et massacré par le peuple de Caen, le 6 septembre 1792, comme complice des ministres Montmorin et de Lessart, alors accusés de conspiration et emprisonnés à Orléans (1)[1].

A-G-R.



BAYE. Voyez BAÏF.


BAYLE (François), savant médecin, né à St-Bertrand-de-Commines, en 1622, professeur en l’université de Toulouse, où il mourut le 24 septembre âgé de 87 ans, a joui, dans sa patrie, d’une assez grande réputation, qu’il ne doit guère conserver aujourd’hui que comme érudit. Il s’attacha d’ailleurs beaucoup trop aux sciences accessoires à la médecine, pour porter dans celle-ci, et même dans les premières, cette lumière qui ne résulte guère que d’une étude exclusive et spéciale : d’ailleurs, vivant dans le siècle de Boerhaave, de Bellini, où l’on faisait de fausses applications de la physique et des mathématiques à l’art de guérir, il suivit cette méthode vicieuse. Cependant on trouve quelques observations assez précieuses dans ses nombreux écrits, et particulièrement dans son traité de l’Apoplexie. Voici la liste de ses ouvrages :

1e Systema generale philosophiœ, 1669, in-8o.

2e Dissertationes medicoe tres : de Causis fluxus menstrui mulierum ; de Sympathia variarum corporis partium cum utero ; de Usu lactis ad tabulas reficiendos, et de venœ Sectione in pleuritide, Toulouse, 1670, in-4o ; -1681, vol. in-12 : Bruges, 1678, in-8o.

3e Tractatus de apoplexia, Toulouse, 1676, in-12 ; la Haye, 1678, in-12.

4e Problemata physico-medica, Toulouse, 1677, 1681, in-12.

5e Dissertationes physicae, ubi prmcipia proprietatum in œconomia, corporis animalis, in plantis et animalibus demonstrantur, Toulouse, 1677, in-12 ; la Haye, 1678, in-12.

6e Histoire anatomique d’une grossesse de vingt-cinq ans, Toulouse, 1678, in-12 ; Paris, 1679, in-12.

7e Dissertatio de experientia et ratione conjungenda in physica, medicina et chirurgia, la Haye, 1678, in-12 ; traduction d’un écrit que Bayle publia en français, Paris, 1675, in-12.

8e Relation de l’état de quelques personnes prétendues possédées, faite d’autorité du parlement de Toulouse, Toulouse, 1682, in-12.

9e Dissertations sur quelques questions de physique et médecine, Toulouse, in-12.

10e Institutiones physicœ, Toulouse, in-4o ; Paris, 1701, in-4o.

11e Opera omnia, Toulouse, 1701, 4 vol. in-4o. C’est un recueil de tous les opuscules publiés par ce savant de 1669 à 1700.

C. et A-N.


BAYLE (Pierre) naquit au Carlat, dans l’ancien comté de Foix, le 18 novembre 1647. Son père, ministre de la religion réformée, fut son premier instituteur : de bonne heure il donna des preuves d’une mémoire surprenante et d’une singulière vivacité d’esprit. À dix-neuf ans, il fut envoyé au collège de Puy-Laurens, pour y achever ses humanités.

  1. (1) On trouve des détails sur Bayeux dans le volume des Fables nouvelles de Lebailly, Paris, 1814, in-12. D-R-R.