Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 3.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
BAU


ses principes à ce sujet dans un traité intitulé : de l’Institution de l’histoire et de son union avec la jurisprudence, qu’il dédie au chancelier de Lhôpital. Les ouvrages qu’il publia dans le cours de sa vie, et au milieu des orages qui la troublèrent, prouvent à quel point il possédait l’histoire sacrée et profane, dont il sut faire usage pour l’interprétation des lois. À l’exception d’un commentaire in-fol. sur les Institutes de Justinien, il n’a pas donné d’ouvrages d’une grande étendue ; ce sont des traits particuliers sur les points les plus curieux de la jurisprudence romaine : on en trouve sur la loi des douze tables, sur les édits des empereurs romains contre les chrétiens ; sur les lois rurales des Romains. Quand ce genre d’érudition commença d’être négligé en France, les ouvrages de Baudouin durent l’être aussi ; mais leur réputation renaquit en quelque sorte en Allemagne, dans les premières années du 18e siècle. Les jurisconsultes de ce pays, pour tirer la jurisprudence de l’espèce de barbarie où elle avait été jusqu’alors, voulurent remonter jusqu’aux sources les plus pures du droit romain ; les ouvrages des auteurs français, tels que Cujas, Duaren, Hotman et Baudouin, leur parurent très-propres à opérer cette heureuse révolution. Chrétien Thomasius avait déjà eu le projet, dès 1689, de donner une édition complète des ouvrages de Baudouin : il expose son plan dans une longue lettre aux amateurs de la jurisprudence ; mais aucun libraire ne voulut se charger de cette entreprise. Quarante ans après, le mérite de ces ouvrages étant mieux connu, le célèbre Heineccius publia les opuscules de Baudouin, qui forment le 1er volume de sa Jurisprudentia Attica et Romana, etc., Leyde, 1778, 5 vol. in-fol. Il y a dans la préface une vie très-détaillée de ce célèbre jurisconsulte. C’est Baudouin qui, le premier, a donné une édition séparée, Heidelberg, 1560, in-8o, de l’Octavius de Minutius Félix, qu’on imprimait auparavant comme 8e livre d’Arnobe, Contra gentes. Il y joignit une dissertation pour prouver que c’était un ouvrage différent, appartenant à un autre auteur. S’il ne fut pas le premier, comme Heineccius le remarque, à s’apercevoir de cette erreur, il fut le premier à en instruire le public.

B-i.

BAUDOUIN (Benoît), né à Amiens, dans le 16e siècle, était fils d’un cordonnier. Il avait exercé lui-même cette profession dans son enfance : on doit dire, à sa louange, qu’il ne rougit point de son premier état, et que longtemps après l’avoir quitté, il publia un ouvrage sur les différentes espèces de chaussures des anciens. Cet ouvrage, intitulé de Calceo antiquo et mystico, fut imprimé pour la première fois à Paris, en 1615, in-8o ; Fries en donna une nouvelle édition, Amsterdam, 1667, in-12, et il y ajouta le traité de Nigronus de Caliga veterum. Ces deux ouvrages furent réimprimés à Leyde, en 1711, in-12, avec des notes de Jean-Frédéric Nilant, et depuis avec celles de Chrétien Jœcher, Leipsick, 1733, in-12. L’éditeur y joignit les notes de Saumaise sur un mot de Tertullien, qui concerne la chaussure, en un chapitre du livre d’Albert Rubenius, de Re Vestiaria, qui traite de Calceo senatorio. On trouve dans celui de Baudouin beaucoup d’érudition et des idées singulières : il fait remonter l’origine des chaussures au commencement du monde, et prétend qu’Adam en fit le premier avec des peaux de bêtes préparées, secret qu’il avait appris de Dieu lui-même. Baudouin avait fait ses études à Paris, où il reçut le degré de bachelier en théologie : il devint ensuite principal du collège de Troyes et directeur de l’Hôtel-Dieu de cette ville, où il mourut en 1652. On lui attribue une traduction en vers des tragédies de Sénèque, imprimée à Troyes, en 1620. Si cette traduction a réellement paru, elle doit être fort rare ; car elle n’existait dans aucune des bibliothèques les plus riches de France, et nous ne l’avons trouvée indiquée dans aucun des nombreux catalogues que nous avons consultés.

W-s.

BAUDOUIN D’AVESNES, sire de Beaumont, frère de Jean, comte de Hainaut, second fils de Marguerite, comtesse de Hainaut et de Flandre, florissait vers l’an 1289, époque à laquelle il termine sa chronique ou histoire généalogique des princes dont il descendait. C’est de cet ouvrage qu’Enguerrand de Coucy, dit le Grand, tira le Lignage de Coucy et de Dreux, qu’il continua jusqu’en 1505. Il y fait en ces termes l’éloge de Baudouin : Il fut li ung des plus saiges chevaliers de sens naturel qui fust en son temps, bien que moult petit et menu. Un autre extrait contenant la généalogie des comtes de Flandre a été publié par D. Luc d’Achéry, t. 3 de son Spicilegium, p. 286-297. Enfin la chronique entière, qui existait autrefois à Paris dans la bibliothèque d’André Duchesne, et qui était passée à Bruxelles dans celle des Chifflet, fut mise au jour avec des notes par le baron J. Leroy, Anvers, 1693, in-fol., 57 p. On conserve dans quelques bibliothèques des exemplaires français de cette chronique, plus amples que les manuscrits latins, mais Leroy croit que ces derniers représentent le véritable original. Baudouin mourut en 1289, suivant son épitaphe. Il avait épousé Félicité de Coucy, petite-fille de Raoul, seigneur de ce lieu.

R—g.

BAUDOUIN, ou plutôt BAUDOIN (Jean), né à Pradelle, dans le Vivarais, après avoir fait ses études et quelques voyages, vint se fixer à Paris. Il fut lecteur de la reine Marguerite, et membre de l’Académie française dès sa formation. Il a laissé plus de soixante ouvrages, parmi lesquels un grand nombre de traductions : on en trouve la liste dans l’Histoire de l’académie française, par Pellisson et d’Olivet, et dans les t. 12 et 20 du P. Niceron. Ses traductions de Xiphilin (et non de Dion Cassius, comme on l’a écrit), de Suétone, de Velléius Paterculus, de Salluste, de Tacite, du Tasse, de Davila, de Bacon, d’Achille-Tatius, de Lucien, etc., ne sont guère estimées. Baudoin savait l’italien, l’espagnol, l’anglais ; mais comme il travaillait propter famem non famam, lorsqu’il était pressé, il ne faisait que retoucher les traductions faites avant lui, et changer les expressions et les tours qui n’étaient plus à la mode, sans recourir à l’original. Au reste, son style, au jugement de Pel-