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Historia rei litterariæ ordiniæ S. Benedicti, t. 4, p. 122. Z.


BARRAL (Joseph-Marie de), connu aussi sous le nom de marquis de Montferrat, était issu d’une ancienne et illustre famille du Dauphiné, qui a fourni plusieurs magistrats distingués au parlement de Grenoble. Né dans cette ville en 1742, il y fit d’excellentes études, et montra de bonne heure un goût décidé pour la littérature latine. Ayant obtenu les dispensés nécessaires, il fut, à vingt-deux ans, reçu conseiller au parlement ; et plus tard (1767) il acquit une charge de président à mortier, qu’il remplit avec autant de zèle que de délicatesse. Les devoirs de cette place ne l’empêchèrent pas de cultiver les lettres ; et dans ses loisirs il composa plusieurs morceaux que sa modestie ne lui a pas permis de publier, ou l’on trouve ce goût pur et cette facilité qu’il avait puisés dans le commerce assidu des bons auteurs de l’antiquité. Il fut l’un des fondateurs de la bibliothèque publique de Grenoble, créée en 1772, et l’un des premiers membres de l’académie de cette ville, où il lut plusieurs discours intéressants. Député par sa compagnie en 1787 à Versailles, pour se concerter avec le ministère, sur les moyens de combler le déficit des finances, il en revint convaincu de la nécessité de mire concourir, dans une égale proportion, tous les ordres de l’État au payement de l'impôt ; et en défendant, soit au sein du parlement, soit dans les assemblées bailliagéres, ce principe d’égalité qui trouvait alors beaucoup de contradicteurs, il acquit une grande popularité dans sa province. Elu maire de Grenoble en 1789, il se servit autant qu’il put de son influence pour modérer les premiers élans d’une révolution dont le signal avait été donné par les Dauphinois. À l’organisation des administrations départementales, en 1790, il fut fait président du département de l’Isère, et l’année suivante, juge au tribunal de cassation. Ennemi de tous les excès, il ne tarda pas à être suspect aux chefs de la faction sanguinaire qui s’était emparée du pouvoir ; son nom fut inscrit sur les tables des prescripteurs, et sans le 9 thermidor, il aurait augmenté le nombre des victimes. À peine de retour à Grenoble, il reçut de ses concitoyens une nouvelle marque de confiance. Nommé commandant de la garde nationale en 1795, il employa son autorité à maintenir l’ordre. Après le 18 brumaire, il fut honoré pour la seconde fois du titre de maire de Grenoble ; et il ne quitta cette place qu’à la réorganisation de l’ordre judiciaire, pour remplir celle de président du tribunal d’appel. En 1805, il fut élu membre du corps législatif pour le département de l’Isére. Il en sortit en 1808, et peu de temps après, il fut nommé premier président de la cour impériale de Grenoble, place qu’il occupait encore À la restauration. Ayant eu, pendant les cent jours, la faiblesse de participer à l’organisation des corps de fédérés, il fût, au second retour des Bourbons, mis à la retraite sans traitement. Il supporte cette disgrâce avec courage, se consolant des rigueurs du pouvoir par l’étude. Barral mourut le 14 juin 1828 à 86 ans. Sous l’empire, il avait été créé baron et officier de la Légion d’honneur. Outre quelques discours insérés dans les recueils des sociétés littéraires et agricoles dont il était membre, on lui doit une Description du département de l’Isère, Grenoble, 1800, in-8° de 40 pages. Cette description, beaucoup tmp succincte, fut imprimée par ordre de l’administration centrale. W—s.


BARRAL (André-Horace-François, vicomte de), frère puiné du précédent, naquit à Grenoble, le 1er août 1745. Il embrasse jeune la carrière des armes, obtint une sous-lieutenance dans le régiment de la Ferronaye, et fit les dernières campagnes de la guerre de sept ans. Attaché depuis a l’état-major du général Bourcet (voy. ce nom), il parcourut les Alpes depuis le col de Tende jusqu’au St-Gothard, et rédigea sur cette chaîne des mémoires qui lui lirent beaucoup d’honneur. Nommé major dans les dragons de Noailles, il fit, en 1782, partie de Parmée qui s’assemblait à Cadix. Au mois de décembre 1791, il fut créé maréchal de camp, et, l’année suivante, empleyé ù l’armée des Alpes, sous les ordres de Kellermann. Ayant été désigné par le comité de salut public pour servir dans la Vendée, il ne crtll pas devoir accepter un poste qui l’aurait forcé de combattre des Français, et il prctita du voisinage de la frontière pour passer en Italie. Après le 18 bruntairc, il fut rétabli dans son grade de général, faveur qu’il dut al la protection de madame Bonaparte dont il était l’allié par son mariage avec la fille de la comtesse Fanny de Beaubarnais. (Voy. ce nom.) Nommé préfet du Cher en 1805, il conserva cette place jusqu’en 1812, époque où il demanda lui-même sa retraite. Il habitait sa terre, prés de Voiron, lorsque l’invasion des armées alliées, en 1815, vint l’arracher au repos dont il jouissait depuis quelques mois. À l’approche des Autrichiens, il se mit à la tête d’une poignée de soldats et défendit vaillamment le poste important des Échelles ; mais, obligé de céder au nombre, il se replia sur Grenoble. Aux talents du général et de l’administrateur, Barral joignait des connaissances très-étendues en histoire. Pendant son séjour à Bourges, il avait profité de ses loisirs pour faire des recherches sur les antiquités du Berri, et il s’occupait de les mettre en ordre, lorsqu’il mourut, le 15 août 1829, à 86 ans. On a de lui : 1° Mémoire sur tu usines employées à la fabrication du fer dans ta département du Cher. Ce travail important, inséré d’abord dans le Journal des Mines, t. 26, a été publié séparément, Paris, 1805, in-8°. L’auteur y promet un mémoire sur les forêts du département ; mais il n’a point paru. 2° Lettre ri M. Eloi Johamteau en réponse d un mémoire de M. Mangez sur tu signaux che : les Gaulois (Mémoire de l’académie celtique, t. 2). Barral était membre de cette académie depuis sa fondation. W-s.


BARRAL (Loms-Mxrnus ns), archevêque de Tours, frère cadet des précédents, naquit à Grenoble, le26 avril 1746. Destiné à l’état ecclésiastique, il vint achever ses études au séminaire de St-Sulpice à Paris, et fit sa licence dans la maison de Navarre. De l’esprit, de la finesse, de la facilité pour le travail, lui concilièrent Vaffection du cardinal de Luynes,