usure, il donna un jour son habit à un pauvre, et il prétendait, dans ses marches avec la Providence, avoir toujours gagné a ces sortes de générosité. C’était probablement dans le même esprit qu’il avait soin de dédier toujours ses ouvrages, ou les éditions qu’il faisait des auteurs anciens, à des personnes du plus haut rang ; c’est avec ce discernement qu’il dédia son Anacréon au duc de Marlborough. On ne sait s’il faut blâmer son goût ou louer son jugement dans le choix de sa femme, riche veuve appelée mistriss Mason, agée d’environ quarante-cinq ans, qui, dit-on, étant venue un jour à Cambridge pour le voir, lui demanda la permission de lui léguer par son testament une rente de 100 livres sterl. ; Barnes n’y voulut point consentir, tt moins qu’elle n’y joignit le don de sa personne, qui n’était rien moins qu’agréable. La dame avait le cœur trop bon pour rien refuser à Josué, pour qui le soleil, disait-elle, s’était arrêté. » Leur mariage eut lieu peu de temps après, en 1700. On peut juger des idées de mistriss Mason en littérature critique, s’il est vrai que ce soit pour lui plaire qu’il ait écrit une longue pièce de vers, tendant à prouver que Salomon est l’auteur des ouvrages attribués à Homère. Josué Barnes mourut le 5 août 1712. Sa femme lui fit élever à Hemingford, dans le Huntingdonshire, un monument avec une inscription singulière, partie en latin, partie en vers grecs anacréontiques. On a proposé d’y substituer ce jeu de mots, que Ménage avait précédemment appliqué à Montmaur :
Felicis memoriæ, judicium exspectans.
Ses principaux ouvrages Sont : 1° Poëmes et poésies, en latin et en anglais, 1669 ; l’auteur n’avait que quinze ans lorsqu’il publia ce recueil. 2° Gerania, ou Nouvelle Découverte d’une petite espèce d’hommes appelés Pygmées, Londres, 1675. 5° Le Miroir des courtisans, ou Paraphrase de l’histoire d’Esther, en vers grecs, avec une traduction latine et des scolies ou notes grecques, etc., Londres, 1679, in-8°. -1° Histoire d’Édouard III, roi d’Angleterre et de France, et seigneur d’Irlande, etc., suivie de l’Histoire du prince Noir, Cambridge, 1688, in-fol. (en anglais) : c’est une compilation indigeste, ou Barnes, mauvais imitateur des anciens, se perd dans des harangues longues et ennuyeuses qu’il prête à ses héros, et dans des origines imaginaires, telles que celle de l’ordre de la Jarretière, qu’il fait remonter jusqu’aux Phéniciens ; elle a été réimprimée, avec d’utiles augmentations de Beck, Leipsick, 1778-88, 5 vol. in-4° 5° Euripidis quœ extant Omnia, etc., Cambridge, 1694, in-fol. : cette édition renferme, outre le texte et la traduction latine de Guillaume Canter, revue par Barnes, une notice sur Euripide, une dissertation sur la Tragédie des anciens Grecs, trois index et des notes. 6° Anacreon Teius, poeta lyricus, summa cura et dilígentia ad fidem etiam vet. manusc. Vaticani emendatus, Cambridge, 1705 et 1721, in-8° ; on y trouve une vie d’Anacréon, des prolégomènes, quelques odes de Barnes, en grec et en latin, sous le titre de Anacreon christianus, etc. 7° Homeri Opera, grec et latin, Cambridge, 1710, 2 vol. in-4° ; c’est une des éditions les plus complètes qui existent de ce poète. Les autres ouvrages de Barnes sont entièrement oubliés, et sa réputation, même comme helléniste, est bien peu de chose aujourd’hui.
BARNES (Jean), on BARNS, bénédictin anglais, né dans la province de Lancastre, vers la fin du 16e siècle, fit une partie de ses études dans l’université d’oxford ; mais la religion anglicane ne lui convenant point, il alla étudier en théologie à Salamanque, où il finit par entrer dans l’ordre de St-Benoit. Étant retourné en Angleterre pour y exercer les fonctions de missionnaire, il fut pris, déporté en Normandie, d’où il fut appelé à Dieulouart, prieuré de son ordre en Lorraine, pour y être professeur de théologie. Peu de temps après, il alla remplir le même emploià Douai, d’où il repassa en Angleterre, et se fixa à Oxford. Ennemi de la doctrine des équivoques, il attaqua fortement sur cet article les jésuites Parsons et Lessius, dans un ouvrage intitulé : Dissertatio contra æquivocationes, Paris, 1625, in-8°, qui fut traduit la même année, en français, 1625, in-8°, et vivement attaqué l’année suivante, par Théophile Raynaud, déguisé sous le nom d’Emonerius. Il s’était fortement prononcé contre les prétentions ultramontaines, dans un traité anglais de la Suprématie des conciles. Les bénédictins de sa nation, disséminés dans des missions isolées, ne dépendant chacun que des divers supérieurs étrangers et éloignés sous lesquels ils avaient fait profession, se réunirent en congrégation, sous un chef national, avec la permission du pape. Barnes, à la tête de ceux qui avaient émis leurs vœux en Espagne, refusa de se réunir, et il publia à ce sujet un ouvrage sous ce titre : Examen trophœorum congregationis prœtensæ Anglicanæ ord. S. Benedicti, Reims, 1622, in-8°. Il y attaquait le bref de Rome pour l’érection de la nouvelle congrégation, soutenait qu’avant le schisme, il n’y avait jamais eu en Angleterre d’autre congrégation de bénédictins que celle de Cluny, et que ceux qui, dans leur profession, avaient voué obéissance a un supérieur étranger ne pouvaient s’y soustraire. C’est contre cet ouvrage que Clément Reynier, son confrère et son compatriote, publia en 1626, à Douai, in-fol. l’Apostolatus benedictinorum in Anglia. Toutes ces causes réunies donnèrent de l’inquiétude a ses confrères, et il se vit contraint de se réfugier à Paris. Les appréhensions qui l’avaient chassé de son pays l’y suivirent, et lui causèrent quelque dérangement d’esprit, de sorte qu’on fut obligé de le renfermer. L’ordre s’étant rétabli dans ses idées, il se retira en Flandre, puis à Rome. Là de nouveaux symptômes d’aliénation mentale se manifestèrent, et il fut mis dans une maison de fous, où il resta prés de vingt ans : il y était encore en 1650. Tel est le récit que fait de cette aventure Dodd, auteur d’une Histoire de l'Église catholique anglicane, Bruxelles, 5 vol in-fol., ’1712. Le Mercure de 1626 et de 1628 raconte la chose un peu différemment. On y lit que Barnes fut arrêté le 5 décembre 1626, comme il travaillait