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mariage de milord Carteret un épithalame, qu’il fit imprimer magnifiquement ; il avait sans doute compté sur la générosité anglaise : trompé dans son attente, il dit à la poésie un éternel adieu. C’est une épreuve à laquelle il ne serait pas mal que l’on mit de temps en temps de prétendus talents poétiques. L’histoire littéraire devint le principal objet de ses études. Le célèbre docteur Lami le prit en amitié, et l’aida de ses encouragements et de ses conseils. Bandini fit, en 1747, un voyage à Vienne, avec l’évêque de Volterra, qui l’avait pris pour secrétaire. Il fut présenté à l’Empereur, et lui fit agréer la dédicace de son Specimen litteraturæ Florentinæ, qu’on imprimait alors à Florence. Il revint l’année suivante par Venise, Padoue, Ferrare et Bologne, se liant d’amitié avec les savants de toutes ces villes, comme il l’avait fait à Vienne. Après quelque séjour à Florence, il se rendit à Rome, où il prit l’habit et les ordres ecclésiastiques. Il passait tout son temps dans la bibliothèque du Vatican et dans celles des cardinaux Passionei et Corsini, occupé de recherches savantes. Ou découvrit alors à Rome le fameux obélisque d’Auguste, enseveli parmi les mines du champ de Mars, et qui avait autrefois servi de gnomon. Il en entreprit, par ordre du pape Benoit XIV, la description et l’explication, qu’il eut achevé en peu de mois ; mais s’apercevant que l’air de Rome était contraire à sa santé, il repartit pour Florence, emportant les regrets des cardinaux les plus distingués par leur savoir, et du pape lui-même. En 1750, Alexandre Marucelli lit choix de lui pour présider à la riche bibliothèque que l’abbé François Marucelli, son oncle, avait laissée, et qui devait, d’après le testament de cet oncle, être ouverte au public, sorte de générosité dont on trouve beaucoup d’exemples en Italie, et peu ailleurs. Mais à peine avait-il commencé à mettre cette bibliothèque en ordre, que le propriétaire mourut, le 1er décembre 1750, en laissant pour son héritière universelle cette bibliothèque même, et nommant l’abbé Bandini, non seulement bibliothécaire perpétuel, mais son exécuteur testamentaire. Il fallut à Bandini deux ans entiers pour liquider la succession, terminer plusieurs procès à ce sujet, et former le catalogue complet de cette vaste bibliothèque ; mais il l’ouvrit au public des le mois de septembre 1752. Il fut pourvu, en 1756, par l’Empereur, d’un canonicat à Florence, et nommé bibliothécaire en chef de la bibliothèque Laurentienne, deux places que le savant chanoine Biscioni laissait vacantes. Il a rempli avec honneur pendant quarante-quatre ans ce poste important pour les lettres, et est mort en 1800, généralement estimé et regretté. Il possédait, près de Fiésole, la jolie villa de St-Antoine ; il y a fondé en mourant une maison d’éducation publique, et a consacré le reste de son bien à d’autres actes de bienfaisance. Bandini a laissé peu d’ouvrages d’une certaine étendue, mais un grand nombre de savants opuscules, imprimés, les uns à part, les autres dans les collections où ces sortes de productions sont recueillies. L’un des premiers par lesquels il se fit connaître est sa Dissertatio de veterum sallationibus, qu’il fit à vingt-deux ans, et que le savant Lami inséra dans le 5e volume de son édition de Meursius (Joan Meursii Opera omnia, Florentiæ, 1715-65, in-fol.), Nous ne citerons parmi ses ouvrages que : 1° Specimen litteraturæ Florentinæ sæculi 15, etc., Florence, 2 vol. in-8o ; vol. 1er 1741 ; vol. 2e, 1751. En racontant dans ce livre la vie du savant Christophe Landino, l’auteur expose aussi les services rendus à la république des lettres par d’autres savants ses contemporains ; il fait connaître l’université de Florence, dont Landino fut en quelque sorte le fondateur, et les actes de l’académie platonicienne, établie par Cosme de Médicis, aïeul de Laurent le Magnifique, et dont ce même Landino était président. 2° De Obelisco Augusti Cæsaris, e campi Martii ruderibus nuper eruto, Rome, 1750, in-fol. C’est ce travail qu’il avait fait d’abord en italien, par ordre de Benoit XIV, et que le même pape voulut qu’il publiât en latin et en italien. L’auteur consulta les astronomes les plus célèbres de l’Europe sur l’usage astronomique auquel cet obélisque avait servi, et les réponses de tous ces savants sont imprimées à la suite de l’ouvrage. 3° Collectio veterum aliquot Monnumentorum ad historiam præcipue litterarium pertinentium, Arezzo, 1752, in-8o. Cet ouvrage fut dénoncé et prohibé l’année suivante, par la congrégation de l’Index ; mais sur les explications que donna l’auteur, la prohibition fut levée par un décret, et l’on croit que ce fut à cette occasion qu’une bulle très-prudente du pape ordonna à cette congrégation de ne plus proscrire à l’avenir aucun livre, sans avoir auparavant appelé l’auteur, et sans avoir entendu ses explications et ses défenses. 4° Elogio dell’ abb. Francesco Marucelli, fondatore della pubblica libreria Marucelliana, Livourne, 1754, in-4o. 5° Vita e Lettere di Amerigo Vespucci, Florence, 1745, petit in-4o. Les sept lettres originales d’Amérie Vespuce, imprimées après sa vie, contiennent des relations de ses quatre voyages. Les trois dernières sont adressées à Laurent le Magnifique. 6° De Vita et Scriptis Joan. Bapt. Donii, potricii Florentini, libri 5, adnotationibus illustrati 3 accedit ejusdem Donii litterarium commercium nune primum in lucem editum, Florence, 1755, in-fol ; 7° Vita di Filippo Strozzi, Livourne, 1756, in-4o. 8° Vita del cardin. Niccolo da Prato, ibid., même année, in-4o. 9° Depuis 1763 jusqu’en 1766, il publia successivement et enrichit de notes et de variantes sept poëtes grecs, avec des traductions en vers italiens d’Antoine-Marc Salvini, et le texte grec, revu sur les meilleurs manuscrits, savoir : Callimaque (Theriaca et Alexipharmaca) ; les deux poèmes de Nicandre ; les Phénomènes d’Aratus ; le poème de Musée ; celui de Coluthus (l’Enlèvement d’Hélène) ; et Tryphiodore (la Destruction de Troie) ; enfin, Theognis, Phocylide, et les Vers dorés de Pythagore. 10° Catalogus codicum manuscriptorum græcorum, laurantianæ et italorum bibliothecæ Laurentianæ, Florence, 1764-78, 8 vol. in-fol. Ils sont ainsi disposés : manuscrits grecs, 5 vol. ; latins, 4 vol. ; italiens, 1 vol. 11° Bibliotheca Leopoldina Laurentiana, sive Catalogus manuscriptorum