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sadeur du roi François Ier, ne le détacha pas de cette famille illustre. Il continua à demeurer à Agen, avec la veuve et les enfants de ce général. Il fut enfin nommé, en 1559, évêque de la même ville ; mais laissant bientôt le gouvernement de son diocèse à Jean Valerio, évêque de Grasso, il s’appliqua, à l’âge de soixante-dix ans, à polir, à arranger, a écrire même des nouvelles, jusqu’en 1554, où les trois premières parties de son ouvrage furent imprimées à Lucques en 5 vol. in-4o. La 4e partie parut à Lyon, 1573, in-8o, Les éditions de Milan, 1560, 5 vol. in-8o, et de Venise, 1566, 5 vol. in-4o, sont tronquées et incomplètes. Cependant on trouve dans le 5" volume quelques nouvelles qui ne sont pas dans l’édition originale. Les éditions de Londres, 1740, 4 tomes in-4o, et de Livourne, sous la rubrique de Londres, 1791-93, 9 vol. in-8o, sont estimées et passent pour complètes. On ne connait pas l’époque précise de sa mort. On sait seulement qu’il vivait encore en 1561. Les ouvrages de Bandello sont tout à fait analogues à la vie toute séculière qu’il menait parmi les sociétés brillantes, ou dans les camps. « La liberté, dit Apostolo Zeno, avec laquelle quelques unes des nouvelles de Bandello sont écrites ne fait pas plus d’honneur au moine qui les a composées qu’a l’évêque qui les a publiées. » Il fit imprimer, à l’âge de vingt ans, une traduction latine d’une des nouvelles de Boccace (Milan, 1508) ; ce qui a entraîné dans de singulières erreurs Vossius, Bayle, Fontanini et plusieurs autres. Tiraboschi dit que Bandello. dans ses Nouvelles, a pris dans Boccace les obscénités, sans en imiter l’élégance. Mazuchelli (Gli Scrittori d’Italia) croit aussi qu’on ne peut comparer, en aucune manière, le style de l’auteur lombard avec celui de l’auteur florentin. Cependant, malgré l’autorité de ces deux écrivains, nous croyons, avec le savant auteur (Napione) de l’éloge italien de Bandello (Piemontesi illustri, t. 5), que, quand même on ne voudrait pas admirer dans celui-ci l’harmonieuse brièveté des périodes, la rapidité de la narration, jointe à une grande simplicité naturelle, on devrait avouer que ses nouvelles sont beaucoup plus intéressantes que celles de Boccace, par l’abondance des faits historiques. Il a encore publié deux poëmes, l’un à la louange de Lucrèce Gonzague sous ce titre : Canti 11 delle lodi della sig. Lucretia Gonzaga di Gazuolo, e del vero amore ; col Tempio di pudicia, Agen, 1545, in-8o ; on trouve à la suite le tre Perche ; l’autre, pour la naissance d’un fils de César Fregoso ; ce dernier en 5 chants ou chapitres (capitoli), très-rares et assez plats tous les deux. Il n’en est pas de même de ses poésies, qui peuvent être comparées à celles des meilleurs poëtes. Elles ont été publiées pour la première fois par le docteur Luigi Costa, Turin, 1816, in-8o. Il existe des traductions françaises peu estimées d’une partie des Nouvelles de Bandello. (Voy. Belleforest et Boiastuau.) B-BE.


BANDIERA (Alexandre), né à Sienne en 1699, fut d’abord jésuite, depuis vingt jusqu’à quarante ans, et, selon l’institution de cet ordre, il professa les belles-lettres dans plusieurs villes d’Italie ; mais ayant embrassé des opinions littéraires et une méthode d’enseignement différentes de celles que la compagnie avait généralement adoptées, il en résulta pour lui quelques désagréments qui l’engagèrent à passer, avec toutes les permissions nécessaires, dans l’ordre des frères servites. Il s’y consacra, pendant le reste de sa vie, aux travaux de l’enseignement public, et jouit de la considération due à son savoir et à son zèle. Il publia plusieurs traductions italiennes d’auteurs latins, avec des notes et des observations grammaticales, qui les rendent utiles pour les études de la jeunesse italienne, quand elle veut apprendre sa propre langue en même temps que la langue latine : ce sont, entre autres, les traductions de Cornelius Népos, des Oraisons de Cicéron, de ses Épîtres familières, de ses traités des Offices, de la Vieillesse et de l’Amitié, du Songe de Scipion, et des Paradoxes. Il composa aussi plusieurs ouvrages de son propre fonds, tels que :1° Gerotricamerone, ovvero tre sacre Giornate, etc., Venise, 1745, in-8o. Le titre et la forme de cet ouvrage sont imités du Décaméron de Boccace, mais le caractère en est trés-différent. Les interlocuteurs sont dix jeunes gens pieux et de bonnes mœurs, qui racontent chacun à leur tour des traits de l’histoire sainte. On en critique le titre, qui devait être Gierotrimerone, et non pas Gerotricamerone ; l’auteur défendit son titre, mais ne le justifia pas. 2° I Pregiudizj delle umane lettere, etc., Venise, 1753, in-80. 3° Componimenti di varie maniere, etc., Venise, 1755, in-8o. Ce volume de mélanges contient des panégyriques, des discours de piété, des morceaux de littérature et quelques poésies. Le P. Bandiera a aussi publié, en 2 parties in-8o, Venise, 1754, une édition du Décaméron de Boccace, purgée de tout ce qui est contraire aux bonnes mœurs, et accompagnée d’une préface et d’un grand nombre de notes sur les expressions de Boccace qui ont vieilli, et sur d’autres objets de philologie et de grammaire. Alexandre Bandiera eut deux frères.—L’un, François Bandiera, son aîné de plusieurs années, prêtre et jurisconsulte, écrivit sur le droit public un ouvrage enrichi de notes historiques et critiques.—L’autre, Jean-Nicolas Bandiera, aussi son aîné, de la congrégation de l’oratoire, a laissé, entre autres ouvrages estimés : 1° de Augustino Dato libri 2, Rome, 1755, in-4o. C’est une vie du célèbre Augustin Dati, tirée en grande partie de ses ouvrages, et qui en contient un catalogue exact et raisonné. 2° Trattato degli studj delle donne, opera d’un accademico intronato, Venise, 1740, in-8o. L’auteur, qui ne se nomma point, et se désigna seulement par le titre de l’académie de Sienne, dont il était membre, y emploie l’érudition et le raisonnement pour prouver que l’étude des arts, des lettres et même des sciences, convient aux femmes autant qu’à nous. Les femmes connaissent peu cet ouvrage, qui prouve, peut-être trop savamment pour elles, qu’elles peuvent devenir savantes. G-É.


BANDINELLI (le cavalier Baccio), sculpteur, naquit à Florence, en 1487 ; son père, orfèvre et joaillier très-habile, était, au dire de Benvenuto