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plus de trois mille plantes, est sur le plan du Botanicon parisiense de Vaillant. Il est fort savant pour son temps, et il est à regretter que les bornes commerciales de la localité n’aient pas permis de l’imprimer ; car, rédigé après la première édition du Species plantarum de Linné, il offre plus de facilité que l’ouvrage du botaniste parisien, qui lui servit de modèle pour la reconnaissance des plantes. Mérat cite souvent les phrases diagnostiques de l’auteur du système sexuel qui, à la vérité, n’avait pas encore ajouté les noms triviaux, qu’il ne mit qu’à partir de la deuxième édition. Il employa le plus communément les phrases des Bauhin, comme il était d’usage encore avant 1762, date de l’apparition de la deuxième édition du Species. Notre floriste en fit une seconde copie qui a passé dans la bibliothèque publique d’Auxerre, à laquelle elle a été donnée par son petit-fils F.-V. Mérat, voy. l’article suivant), avec quelques autres manuscrits du propre fils du botaniste auxerrois, l’abbé Mérat, dont il sera mention plus bas. Mérat a composé un autre traité bien plus volumineux qui comprend toutes les plantes connues alors, c’est-à-dire plus de sept mille, décrites dans la première édition du Species de Linné, avec les caractères des genres du même auteur, dont le Genera avait paru dès 1737, caractères places en fixe des espèces, traduit du latin. Cet important ouvrage, qui eut eu le plus grand succès, car il manquait à la science à cette époque, est aussi reste manuscrit par la même raison que la Flore d’Auxerre. On doit encore au même la traduction du traité de Magnol :Novus caracter plantarum. Il a donné l’article Vigne au Dictionnaire d’histoire naturelle (t. 15, p. 39 de Valmont de Bomare, à la condition de n’être désigné que par l’épithète d’un auteur bourguignon. Mérat, instruit en chimie, a analysé plusieurs sources minérales des environs d’Auxerre, et a aidé M. Berryat dans l’Analyse de l’eau minérale d’Appoigny, près Auxerre. Ce savant modeste mourut dans sa ville natale le 14 mai J790, regretté de ses concitoyens, qui pleuraient en lui le vir probus par excellence. Les travaux de Mérat, bien qu’inédits, n’ont point été inutiles à la science. M. Boreau, auteur d’une Flore centrale de la France publiée à Paris en 1840, 2 wol. in-8°, en a profité pour la composition de son ouvrage : la Flore auxerroise lui ayant été communiquée par l’auteur de cet article, il y a pris l’habitation de la plupart des plaintes des environs d’Auxerre et de la portion du département de la Nièvre qui en est voisine ; quoiqu’il ait jeté quelques doutes sur la sûreté de l’indication de quelques-unes d’entre elles, et qu’il ait reproche à ce religieux scrutateur de la nature d’avoir admis dans son travail quelques plaines cultivées (voy. l’Introduction à la Flore centrale de la France, p. 42), on ne saurait justifier M. Boreau de s’être exprimé avec si peu de reconnaissance sur un botaniste qui avait herborisé soixante ans dans un pays où lui avait à peine passé, et dont il a tant profité, car nous avons vérifié que la plupart des habitat de L.-G. Mérat sont dans l’ouvrage de M. Boreau. — Mérat (Pierre-Germain), curé de Chitry-le-Fort, près Auxerre, était l’aîné des quatre fils de Laurent-Germain ; il devint correspondant de l’académie des sciences d’Orléans et membre du lycée de l’Yonne. Né en l742 à Auxerre, ’il mourut dans sa cure en 1826, après plus de cinquante ans d’exercice du sacerdoce. Il cultivait en philosophe chrétien les sciences et les lettres. Il étudia la botanique sous son père, et laissa sur cette science un Petit Manuel qui n’a pas été imprimé, ainsi que des Mémoires sur plusieurs points d’histoire naturelle ; dont un sur le lait, inséré dans le tome 1er (le seul qui ait paru) des Mémoires du lycée de l’Yonne.

— MÉRAT-GUILLOT, petit-neveu et cousin des précédents, né à Auxerre le 22 novembre 1776 et mort dans cette ville en octobre 1839. Il exerça avec distinction la pharmacie et la chimie, instruit dans le laboratoire du célèbre Vauquelin, il a fait l’analyse de plusieurs substances usitées en médecine ou dans les arts ; ses travaux sont insérés dans les Annales de chimie et dans le Journal de pharmacie. C’était un homme de bien, jouissant de l’estime générale de ses concitoyens, qui lui en donnèrent des preuves en le nommant à plusieurs magistratures importantes.

M—r—t.

MÉRAT (François-Victor), botaniste et médecin petit-fils de Mérat L.-G.), né à Paris le 16 juillet 1780. Il se livra d’abord à l’étude de la chimie et de la botanique, entra à l’école de pharmacie de Paris, où il remporta le premier prix ; puis se tourna vers la médecine, suivit la clinique de l’hôpital de la Charité sous Corvisart, dont il devint un des élèves favoris ; il l’aida dans les recherches que poursuivait ce célèbre médecin sur les maladies de cœur ; fut reçu docteur en 1805, et nommé immédiatement après chef de clinique interne à la faculté de médecine. Une Dissertation sur la relique métallique, qu’il avait présentée comme thèse au doctorat, attira l’attention des praticiens ; et de nouvelles études lui avant permis de compléter son travail, il fit paraître en 1812 un traité complet de cette maladie. Mais la botanique répondait davantage aux goûts de Mérat, il suivait assidûment les leçons de Desfontaines, et ce fut sous son inspiration qu’il publia des Éléments de botanique, auxquels le public fit un favorable accueil et qui étaient arrivés à leur 6e édition en 1829. Afin de répandre dans la jeunesse parisienne la connaissance de sa science favorite, Bérat composa une Nouvelle flore des environs de Pais, qui parut en 1812, et qui, malgré une classification défectueuse, devint un manuel fort répandu à raison de l’heureuse méthode qu’on y avait employée pour conduire les commençants à la détermination des plantes qu’ils rencontrent. Plusieurs éditions en furent promp-