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étudiait la théorie des télescopes à réflexion, et l’on voit que, longtemps avant Gregory et Newton, qui ont donné leurs noms aux instruments de ce genre, le P. Mersenne en avait développé les principes ; il s’empressa de la communiquer à Descartes dès l’année 1639. Avide de découvertes, il entreprit un voyage scientifique, dans le midi de la France et en Italie, pendant l’hiver de 1640. Ses connaissances et la douceur de son caractère le lièrent intimement avec les savants de ces contrées. Cependant Voët, le plus intolérant des sectaires, continuait à s’acharner contre Descartes, qui venait de publier ses Méditations. Il espéra d’abord ranger sous sa bannière notre religieux, dont il connaissait le mérite et l’ascendant sur ses contemporains ; mais celui-ci défendit son ami avec le zèle de la conviction. « Après avoir vu, dit-il, cet excellent géomètre « soutenir que sa doctrine ne peut être contestée « par ceux qui l’ont bien comprise, je me suis conrmé dans la pensée eflue cette philosophie était « la véritable, et qu’ e se fera iiour, avec le « temps, à travers les nuages que ignorance et « l’envie pourraient lui opposer. » Mersenne visita une seconde fois l’Italie, pendant l’automne de 1641. Il apprit, à son retour, que Voët l’avait attaqué pendant son absence ; mais il dédaigna de lui répondre. Il eut la satisfaction d’embrasser son ami, qui, revenu à Paris en juin 1644, le vit fréquemment chez les Minimes de la place Royale. Notre religieux venait de publier ses Cogitata physico-mathentatica. Il fit un troisième voyage en Italie, et, a son retour en 1645, il eut l’avantage de faire connaître en France les belles découvertes de Torricelli sur le vide ; expériences qui, répétées ensuite au Puy-de-Dôme

par Perrier et Pascal, sont devenues la base de a physique moderne. Un jésuite, Grégoire de St-Vincent, venait de publier, sur la quadrature du cercle, un ouvrage où il avait mêlé quelques erreurs à beaucoup de vérités. Mersenne crut

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devoir entrer dans la lice et combattit le jésuite ; mais il tomba lui-même dans d’autres erreurs, que relevèrent avec trop d’aigreur les disciples de Grégoire de St-Vincent. Mersenne, estimé de tous les savants, jouissait en paix de sa réputation, lorsqu’un événement affreux vint terminer sa carrière. Il était attaqué au côté droit d’un abcès que des ignorants prirent pour une fausse pleurésie : les chirurgiens le saignèrent d’abord et se déterminèrent enfin a lui ouvrir le côté ; mais l’opération fut mal faite, et il expira au milieu des douleurs d’une cruelle incision. Ses principaux ouvrages sont : 1° Questions : ccleberrimœ in Gcncsivn, cum accurata tcztus explications. In hoc columinc, athci et deùlœ intpuquantur ; vulgata editio indicateur ; Grœcorunt et Hebrœorunt musica instauratur, etc., Paris, 1623, in-fol. Le titre de cet ouvrage annonce un commentaire sur toute la Genèse ; cependant l’auteur n’en explique que les six premiers chapitres. On a supprimé dans la pluípart des exemplaires les feui lets où Mexsenne onnait la liste, trop grossie, des athées de son temps. Nous rétablissons une partie de ce texte, devenu rare, mais qu’on retrouve en entier dans le Dictionnaire de Chaufepié. À Ne ocro quis suspicctur me injuria conqueri, vel paucos cet nullos esse qui Dcunt nsqent, « sciat velint non solum in Gallia sed etiam in aliis a rcqnis, tantans cssc nqfandorum athcorum multitudincm, ut jure mirari possimus quomodo Deus cor « oiocrc sinat... Boverius... hanc diabolistaruntsocictatsnt in Gallia ad 60,000 excrevissc ait... /lt « non est quod totam Gallium pèreurrantus ;... « non scnrcl dictum fitit unicant Lutctiant 50 saltem « athcorum ntillibus onustam cssc...... adco ut, in « unica donna, possis altquando reperirc 12 qui a hanc impictatem coutant... Libri Charontis ds « Sapientia, lllachiacclli de Principe, Cardani de c Subtilitate... Cantpancllœ, Vanini dialoqi, Fludd « et alii plurimi...... athcisnto scatent, etc. » Il est évident que, dans ses listes d’athées, Marsenne a compris un grand nombre de déistes, et que même il y a placé des hommes qui ne méritaient ni l’une ni l’autre de ces qualifications. Robert Fludd, qu’il avait vivement attaqué, publia contre lui deux diatribes, auxquelles Mersenne ne répondit pas, mais que Gassendi réfuta pour lui. 2° Ulmpicté des tléistes et des plus subtils libertins découverte et ré/’utéc par raisons de tteszagn ¢ : at philosophie, rms, um, 2 vel. in-8° ; 3° Questions théologiques, physiques, morales ct mathématiques ; - Préludes de l’harmonie uniocrssllc, ou Questions utiles aux prédicateurs et ans : théologiens, ctc. ; - Questions inouics, ou Récréations des savants, qui contiennent beaucoup de choses concernant la philosophie et les mathématiques ; - Questions harmoniques, dans lesquelles sont contenues plusieurs choses remarquables pour les sciences, etc., Paris, 1634, 2 vol. in-8°. Lutteur examine successivement si l’art de voler est possible ?- Quelle est la distance de la terre au