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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


M

MERANO (François), surnommé il Paggio, peintre génois, naquit vers l’an 1620 d’une famille pauvre, mais honorable. Dénué de tout moyen d’existence, il fut obligé d’entrer en qualité de page dans la maison Pavesi. Il y manifesta de bonne heure un goût décidé pour la peinture, que son patron se plut à seconder en le recommandant à Dominique Fiaselli, bon peintre, surnommé le Sarzana. Il se fit bientôt remarquer par ses progrès : une grande composition représentant la Paix terrassant le dieu de la guerre, lui fit le plus grand honneur, et on le chargea de l’exécution de plusieurs tableaux, parmi lesquels on distingue le Martyre de Ste-Année, placé dans l’église de ce nom à Gènes. À un talent remarquable il joignait une modestie bien rare chez les artistes. Parmi plusieurs traits que l’on en rapporte, le suivant mérite d’être cité. Un riche négociant de Gènes lui avait commandé un tableau ; lorsqu’il fut terminé, le peintre le lui envoya ; mais comme il n’était point entièrement sec, le porteur en effaça une partie. Il fallut le renvoyer à l’artiste, et le porteur n’ayant pas voulu dire le motif de ce renvoi, il crut que l’amateur, peu satisfait du tableau, l’avait effacé par mépris. Loin d’être irrité d’une telle insulte, il se disposait à rendre, sans se plaindre, le prix qu’il en avait reçu, lorsqu’on lui donna explication de ce qui s’était passé. Merano se serait fait un nom plus célèbre, s’il n’avait succombé, jeune encore, à la peste qui ravagea Gènes en 1657.

P—s.


MÉRARD DE SAINT-JUST (Simon-Pierre), ne à Paris en 1719, fut pendant quelque temps maître d’hôtel de Monsieur, frère du roi. Il avait renoncé à cette place avant 1783. Pendant la révolution, il resta obscur ; il eut le même sort au Parnasse, malgré tous ses efforts pour attirer l’attention. Sa fortune lui offrait le moyen de faire imprimer ses ouvrages à petit nombre : ce qui en rend la collection rare, et conséquemment précieuse à une certaine classe d’amateurs. Mérard de St-Just est mort à Paris le 17 août 1812. On a de lui :1° Contes très-mogols, enrichis de notes, avis, etc., par un vieillard quelquefois jeune, 1770, in-12 ; 2° l’Occasion et le Moment, ou les Petits riens, par un amateur sans prétention, 1782, 4 parties, in-16 ; 3° les Étrennes du cœur, ou l’Hommage des amis au château de Livry. in-32, tiré à douze exemplaires ; 4° Catalogue des livres, en três-petit nombre, qui composent la bibliothèque de M. Mérard de St-Just, 1783, in-18, tiré à vingt-cinq exemplaires. Les numéros 24, 102, 126, 240, 327 et 370, sont des ouvrages manuscrits de l’auteur ; ils n’ont point été imprimés ; mais il désigne comme l’ayant été les Poésies de M. Mérard de St-Just, 1770, 3 parties en un grand volume in-8o. — Lettre d’Artiomphile à madame de Mérard de St-Just, 1781, in-12 ; — Lettres du chevalier de St-Ange, relatives aux Œuvres poétiques de M. Mérard de. St-Just, in-12, tiré à douze exemplaires ; — Éloge de Suger, in-8o ; — les Mémoires de M. d’Ablincourt et de mademoiselle Simon, 1 vol. in-12 ; — l’École des amants, 1 vol. in-12 ; — le Triomphe de la perfidie, in-12 ; — la Jolie femme, ou la Femme du jour, 1767, 2 parties en 1 volume in-12 ; — Maintenant on peut nous juger, 1779, in-18, tiré à douze exemplaires ; — Laurette, conte de Marmontel, mis en scènes et en ariettes, 1765, in-8o ; — Lettres relatives à la littérature, 1781, in-18 ; — Lettre de la présidente de Phelizole au vicomte de St-Algar, 1766, in-18 ; — Lettres de la baronne de Nollerisc, jeune veuve, au chevalier de Luzeincour, 1768, in-8o. Il ne faut pas trop s’en rapporter à ces indications, car, dans ce même Catalogue, on trouve, sous le n°354, des Œuvres complètes de Voltaire, édition de Caron de Beaumarchais, en 40 volumes in-4o, portant la date de 1784. Il est bon de remarquer que le catalogue lui-même n’est que de 1783 : à cette époque Beaumarchais s’occupait de ses éditions en 70 volumes in-8o et en 92 volumes in-12 ; mais il n’en avait encore rien paru (les premiers volumes sont de 1785) ; Beaumarchais, il est vrai, avait annoncé une édition de Voltaire en 40 volumes in-4o ; mais il ne l’a point exécutée, et il n’a fait imprimer dans ce format que deux volumes (la Henriade et la Pucelle). Mérard de St-Just s’est permis quelques plaisanteries dans son catalogue : par exemple, il met en note que tel livre (le n° 276), lui « a été donné pour prix de version française en 1757 an collège royal de Nanterre. » 5° Éloge de J.-B.—Louis Gresset, 1788, in-12 de 70 pages,