Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donné asile à des assassins. Au mois de juillet il fut désigné, par intérim, général de l’armée d’Angleterre. Michaud fit la campagne de l’an 9 (1801) en Italie, où il commandait l’arrière-garde de l’armée aux ordres du général Brune, et il se distingua aux passages de l’Adige et du Mincio. Plus tard, il soutint à la tête de l’avant-garde, un combat opiniâtre entre Citadella et Castel-Franco, poursuivit l’ennemi jusqu’à Salva-Rosa, et lui fit 800 prisonniers. À la paix, il fut nommé inspecteur général d’infanterie, commandeur de la Légion d’honneur en 1804 et obtint en septembre 1805 le commandement en chef des troupes françaises en Hollande, en remplacement du général Marmont. Appelé en 1806 aux fonctions de gouverneur des villes anséatiques, il marcha le 7 mai 1809 contre le major Schill, et le mit en fuite. Le général Michaud conserva ce poste jusqu’en 1813, et en il fut nommé chevalier de St-Louis, grand officier de la Légion d’honneur et inspecteur général de la 15e division. Depuis le licenciement de l’armée, il cessa d’être inscrit sur la liste des officiers généraux en activité, et vécut à Luzancy, près de la Ferté-sous-Jouare. Il mourut en septembre 1835, à l’âge de 83 ans. M. Bouchon, alors capitaine d’artillerie, prononça un discours sur sa tombe. « Le général Michaud, dit le maréchal St-Cyr dans son ouvrage sur les campagnes de l’armée du Rhin,

 
« était un patriote franc, un des meilleurs Français que j’aie
« connus. Nommé au commandement de l’armée
« du Rhin, il n’avait accepté ce poste éminent
« que par obéissance et comme un sacrifice que
« son dévouement à la patrie ne lui permettait
« pas de refuser obstinément. Sous sa direction,
« l’armée du Rhin a fait une des plus belles cam-
« pagnes. Le gouvernement n’exigeait de lui que
« la conservation de Landau ; mais cette tâche
« était loin de lui suffire ; ses succès ont été aussi
« brillants que ceux des autres armées, auxquelles
« on avait prodigué toute espèce de secours. »

G-R et M-D j.


MICHAUD (Jean-Baptiste), conventionnel, de la même famille que le précédent, naquit à Pontarlier en 1760. Il était administrateur du département du Doubs lorsqu’il fut, en 1791, député à la législature où il se fit peu remarquer. Nommé l’année suivante député à la convention nationale, il y vota la mort de Louis XVI. L’assemblée le choisit pour secrétaire dans le mois de juin peu de jours avant la chute de Robespierre, au 9 thermidor. Il paraît que cet événement lui causa quelques regrets, car le 29 décembre suivant il dénonça les persécutions éprouvées par les patriotes, et demanda que les sociétés populaires fussent déclarées avoir bien mérité de la patrie. Il fut cependant ensuite (mai 1795) un des commissaires chargés d’examiner la conduite de Joseph Lebon (voy. ce nom). Ayant passé au conseil des Cinq-Cents après la session

MIC


conventionnelle, il y dénonça une protestation de Camille Jordan (voy. ce nom) contre le 18 fructidor septembre 1797). Il sortit de cette assemblée en mai 1798, et devint président du tribunal criminel de son département. Appelé en mars 1799 au conseil des Anciens, il y siégea jusqu’à la révolution du 18 brumaire (9 novembre 1799). Rentré depuis cette époque dans l’obscurité de la vie privée, il fut obligé, en 1816, de quitter la France comme régicide. Il se réfugia en Suisse, et mourut près de Lausanne au commencement de décembre 1819.

Z.


MICHAUD (Joseph-François), de la même famille que Hugues Michaud de Corcelles (voy. plus loin), s’est fait comme historien, comme poète et journaliste, une réputation non moins grande que celle de son deuxième trisaïeul comme homme d’État. Il naquit au bourg d’Albens, en Savoie, le 19 juin 1767 (et non en 1769, ainsi que l’ont dit quelques biographes). Son père, qui avait fait ses études à l’école militaire de Turin, et qui se destinait à la profession des armes, fut forcé de s’expatrier momentanément par suite d’une étourderie de jeune homme (1)[1] bien excusée par la sensibilité généreuse qu’elle attestait. Fixé et marié en France, près de Bourg en Bresse, il avait gardé ses propriétés en Savoie où était sa famille, et où il revint encore souvent lui-même. S’étant établi notaire et commissaire à Terrier, dans la province de Bresse, il était en voie de faire une assez belle fortune, quand une mort prématurée l’ayant frappé, il laissa une veuve chargée, avec peu de bien, d’une nombreuse famille dont Joseph Michaud était l’aîné. Ses deux frères et lui n’en reçurent pas moins une bonne éducation au collège de Bourg, qui longtemps avait été aux mains des jésuites, et qui, confié depuis leur suppression à des prêtres séculiers moins expérimentés et moins sérieux, n’avait pas encore perdu toutes leurs traditions. Joseph Michaud fut un excellent rhétoricien : son style avait l’abondance, la solennité semi-poétique si recommandées par les professeurs aux élèves ; il composait des vers français avec facilité. Ses études terminées, ce qui eut lieu en 1786, il fallut, après une excursion au mont Blanc et sur d’autres points de la Savoie, penser à choisir un état. La modicité des ressources maternelles lui fit adopter le commerce : il entra dans une maison de librairie de Lyon, attiré sans doute vers cette branche de trafic par l’affinité du libraire et de l’homme de lettres. Il était encore dans cette ville quand la comtesse Fanny de Beauharnais y passa en 1790, retournant à Paris.

  1. (1) Dans une partie de chasse, se trouvant pressé par le besoin de se rafraîchir, il entra dans une chaumière où il vit des huissiers saisissant, pour une modique somme de soixante francs, les meubles d’une malheureuse femme. Il offrit de leur remettre cette somme s’ils voulaient venir la recevoir à son domicile ; mais ils s’y refusèrent et continuèrent leur funeste opération en sa présence ce qui l’irrita au point qu’il les menaça de se servir de ses armes, et qu’en effet il porta à l’un d’eux un si violent coup de la crosse de son fusil, qu’il l’étendit roide mort.,