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en 1556. On a de lui un volume de lettres et de poésies (Lettere e rime), Florence, 1563, in-4° ; ibid., 1606, même format. Vincenzo, comme poëte, est très-inférieur à son frère. On trouve plusieurs de ses lettres dans le recueil des Lettere volgari degli XIII uomini illustri, Venise, 1564.

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MARTELLO (Pierre-Jacques), l’un des meilleurs poètes italiens, au jugement de Maffei, était né Bologne le 28 avril 1665. Après avoir terminé ses études de la manière la plus brillante, il fut nommé professeur de belles-lettres à l’université. La connaissance qu’il avait acquise des intérêts et des affaires de sa patrie lui mérita d’être désigné pour la place de secrétaire du sénat. Il fut envoyé successivement à Rome, en France et en Espagne, pour différentes négociations, dont il s’acquitta toujours avec succès ; mais il ne cessa point de cultiver la littérature avec cette ardeur dont on trouve de nombreux exemples parmi les hommes revêtus des plus hauts emplois. Il réussit surtout dans le genre dramatique ; ses tragédies, applaudies dans la nouveauté, ne reparaissent cependant plus au théâtre, parce qu’il y a employé une espèce de vers nommés martelliani[1],

peu près semblables à nos alexandrins, et dont la monotonie déplaît aux oreilles italiennes. Martello mourut à Boogne le 10 mai 1727. Ses Œuvres ont été recueillies plusieurs fois. L’édition la plus complète est celle de Bologne, 1723-35, 7 vol. in-8°. La première partie renferme le théâtre ; la seconde, les pièces fugitives en vers et en prose ; et la troisième, les commentaires ou observations critiques et les chansons. De toutes ses tragédies l’Ifigenia in Tauride a eu le plus de succès. Marin a tiré de l’Euripide lacerato la Fleur d’Agathon, comédie en un acte, 1765. On cite encore parmi ses meilleures pièces l’Al¢este et le Cicéron. Martello a publié sous le titre : il Secretario cliternate, six satires contre les charlatans littéraires. Il a eu part aux Fastidi di Ludocico XIV, espoti in versi, con figure, par Phil. Sampierí, Bologne, 1701, in-4°. Sa Vie, écrite par lui-même (jusqu’à l’an 1718), se trouve dans la Raccolto de Calogera, t. 2. Pour plus de détails, on peut consulter Fantuzzi (Scrittori Bologn., p. 332), et Fabroni (Vitæ Italor., t. 8, p. 259).

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MARTÈNE (dom Edmond), savant et laborieux écrivain de la congrégation de St-Maur, né à St-Jean-de-Lone, le 22 décembre 1654, prit l’habit religieux à l’âge de dix-huit ans ; et s’étant fait remarquer de ses supérieurs par son application, il fut envoyé à l’abbaye de St-Germain des Prés, et placé sous la direction de dom d’Achery (voy. Achery). Ses premiers essais lui méritèrent l’estime de Mabillon, qui l’engagea à se livrer entièrement à la diplomatique. Il fut chargé, en 1708, de visiter les archives des principales abbayes et cathédrales de France, pour y recueillir les pièces nécessaires à la perfection du nouveau Gallia christiania (Voy. Dom de Ste-Marthe). Il parcourut seul la Touraine, le Poitou, le Berri, le Nivernais, la Bourgogne, et rassembla un grand nombre de matériaux importants. Il s’associa ensuite dans ses recherches dom Ursin Durand[2] ; et ces deux savants religieux continuèrent, pendant six ans, d’explorer les archives de la France et des pays qui en ont été détachés par la succession des temps. Ils entreprirent, en 1718, un autre voyage dans les Pays-Bas et l’Allemagne pour recueillir les monuments relatifs à l’histoire civile de France ; et cette nouvelle excursion littéraire ne produisit pas une récolte moins abondante. Dom Martène fut privé en 1734 de son collaborateur, exilé par une lettre de cachet, comme opposant à la bulle. Il ne laissa pas de continuer ses travaux avec une ardeur que le chagrin ni l’âge ne purent ralentir ; enfin une attaque d’apoplexie l’enleva aux lettres, le 20 juin 1739, à l’âge de 85 ans. Il fut inhumé dans la sépulture commune aux religieux de St-Germain des Prés. Dom Martène, malgré ses occupations, ne voulut jamais être dispensé d’assister aux offices de la nuit ; et il fut l’exemple de ses confrères par sa piété, son attachement à la règle et sa soumission aux supérieurs. On a de lui : 1° Commentarius in regulam S. P. Benedicti litteralis, moralis, historicus ; ex variis antiquorum scriptorum commentationibus, etc., Paris, 1690, 1695, in-4°. Ce commentaire est très-bien fait ; et il a été traduit en français par un religieux bénédictin. L’auteur y a inséré plusieurs savantes dissertations sur l’usage de la volaille, l’hémine de St-Benoît (voy. Lancelot et Lepelletier), le travail des mains, les études monastiques, etc. 2° De antiquis monachorum ritibus libri V, collecti ex variis ordinariis, etc., Lyon, 1690, 2 vol. in-4° ; ouvrage curieux et plein d’érudition ; 3° la Vie de dom Claude Martin, bénédictin, Tours, 1697, in-8°. Cette Vie fut imprimée sans la participation de l’auteur, et contre l’avis de ses supérieurs, qui le punirent d’une faute dont il était innocent en le reléguant à Èvron, dans le bas Maine (voy. dom Cl. Martin). 4° De antiquis Ecclesiæ rítibus libri III, Rouen, 1700-2, 3 vol. in-4°. On y réunit : Tractatus de antiqua Ecclesiæ disciplina in divinis celebrandis officiis, varios diversorum ecclesiarum ritus et usus exhibens, Lyon, 1706, in-4° ; ouvrage excellent et plein de recherches intéressantes ; il a été réimprimé, avec de nombreuses additions, Anvers


  1. Martello n’en fut cependant pas l’inventeur ; et Fontanini remarque que plusieurs poètes avaient déjà fait usage de ce mètre dès le commencement du XIVe siècle (Voyez sa Biblioth., t. 1, p. 235).
  2. Dom Durand, né à Tours le 30 mai 1682, d’une famille distinguée, fit profession dans l’abbaye de Marmoutier, à l’âge de dix-neuf ans, et partagea sa vie entre l’étude et la prière ; il mourut à l’abbaye de St-Germain-des-Prés, en 1773, dans un âge très-avancé. Outre les ouvrages auxquels il a travaillé en société avec dom Martène, il a eu part à la nouvelle édition des Lettres des papes commencée par dom Constant ; à celle de la Bible, par Sabathier, et à l’Art de vérifier les dates (voy. Constant et Clémencet).