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1749, in-12 ; 4° le Chrétien dirigé dans les exercices d'une retraite spirituelle, 1757, 2 vol. in-12.

P-s.

MARTEL (Pourçain), conventionnel, né en 1718, était notaire à St-Pourçain, dans le Bourbonnais, à l’époque où commença la révolution, et fut élu en 1792 député de l’Allier à la convention nationale. Il vota la mort de Louis XVI et son exécution dans les vingt-quatre heures. Devenu membre du conseil des Anciens, il en sortit en 1798, entra à la comptabilité intermédiaire en qualité de commissaire et conserva cette place jusqu’à la suppression de la commission. Il fut ensuite employé dans un bureau de la capitale, y vécut obscurément et quitta la France en 1816, comme régicide. Après la révolution de 1830, il revint dans sa patrie et mourut à la fin d’avril 1836.

M—d j.


MARTELIÈRE (Pierre de La), avocat renommé sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII, était originaire du Perche, où son père, environné d’une grande considération, remplissait les fonctions de lieutenant général de bailliage. Il débuta dans la carrière du barreau à Tours, où venait d’être transférée la partie du parlement de Paris demeurée fidèle au roi ; et il eut bientôt obtenu et surpassé la réputation d’homme disert dont jouissait son père. Devenu l’avocat ordinaire des grands seigneurs, il ne perdit pas de vue l’indépendance de sa profession, et s’exprima dans des circonstances délicates avec la plus grande liberté : il alla même jusqu’à s’attirer les menaces du duc de Guise, en lui reprochant sa conduite pendant la ligue. En 1611, l’université trouva en lui un défenseur véhément, lorsqu’elle s’opposa pour la troisième fois à ce que l’on confiât l’enseignement aux jésuites. Cette cause, plaidée avec éclat par la Martelière, nommé d’office par le parlement, sur le refus de ses principaux confrères, lui suscita presque autant d’ennemis que d’admirateurs ; mais les applaudissements de ceux-ci prévalurent sur le blâme des premiers ; et la Martelière, sur la fin de sa vie, entra au conseil d’État. Il continua jusqu’à sa mort, arrivée en 1631, de se livrer au travail de la consultation, ne voulant pas renoncer à une vocation qu’il avait honorée par une vétérance de quarante-cinq ans. L’Université lui fit composer une épitaphe par un de ses professeurs ; il y était nommé Princeps patronorum et patronus princípum. Ses deux fils furent reçus conseillers au parlement. De tous ses plaidoyers, on ne recherche plus aujourd’hui que celui qu’il prononça contre les jésuites, 1612, in-12, Paris et Amsterdam, in-4°. Les anciennes allégations contre l’ambition de cette société y sont recrépies avec de nombreux développements : ce n’est plus la brusque et prolixe franchise de Pasquier ; c’est un ton plus ferme et dont la mesure n’ôte rien à l’énergie. D’Avrigny, membre de la société attaquée, assure que ce discours ferait honneur au plus vieux professeur de rhétorique, par l’accumulation des figures et la profusion des traits d’histoire. Nous ne dissimulons pas le ridicule de l’exorde, où sont rappelés la bataille de Cannes et les différends de Rome et de Capoue. Ce plaidoyer, du reste, est assez sobre de traits d’érudition ; il offre une esquisse des constitutions des jésuites, si sévèrement jugées à la fin du siècle suivant ; et il renferme quelques assertions hasardées, relevées avec beaucoup d’autres à l’abri du reproche, par Paul Gimont d’Esclavolles, dans son Avis sur le plaidoyer de la Martelière, Paris, 1612, un vol. in-12.

F-t.


MARTELLI (Lodovico), poële italien, né à Florence en 1499, d’une famille noble, annonça de bonne heure des talents très-remarquables. Il prit part à la querelle que le Trissino excita par sa proposition d’introduire deux nouvelles lettres dans l’alphabet ; mais il se contenta d’en démontrer l’inutilité et n’oublia point les égards qu’il devait à un écrivain justement respecté[1]. Quelque temps après, il fut appelé a la cour de Ferrante Sanseverino, prince de Salerne, qui lui témoigna beaucoup d’affection. Il ambitionna les succès du théâtre ; mais il mourut en 1527, à l’âge de 28 ans, avant d’avoir terminé sa tragédie de Tullia. Cette pièce, malgré ses défauts, est mise par les critiques italiens au premier rang de celles qui signalent la renaissance de l’art dramatique. (Voy. l’Hist. littér. d’Italie, par Ginguené, t. 6, p. 65.) Les œuvres poétiques (Rime) de Martelli ont été recueillies et publiées à Rome en 1533, in-8°. Cette édition est très-rare. Celle de Florence, 1548, in-8°, contient la traduction du quatrième livre de l’Énéide, qu’on ne trouve pas dans la précédente. Les Odes et les Canzoni de ce poète sont très-estimées ; et ses Poésies bernesques ont été insérées dans les recueils des pièces de ce genre mis à la mode par Berni, dont il a pris le nom en Italie (voy. Fr. Berni). — Martelli (Vincenzo), frère du précédent, vint fort jeune à Rome, où il connut le fameux P. Arétin, qui composa un Capitolo à sa louange, et l’encouragea à cultiver son talent pour la poésie. Il passa ensuite à la cour de Salerne et y reçut un accueil distingué ; mais il perdit les bonnes grâces du prince Ferrante parce qu’il avait soutenu, avec beaucoup de vivacité, contre l’avis de B. Tasso, qu’il ne devait pas se rendre près de Charles-Quint pour chercher à le détourner du projet d’établir l’inquisition dans le royaume de Naples. L’événement prouva que Vincenzo avait bien jugé l’inutilité cette démarche. Il fut mis en prison, on ne sait sous quel prétexte, et fit vœu, s’il recouvrait la liberté, d’aller en pèlerinage visiter les lieux saints. Dès qu’il fut délivré, il s’acquitta de sa promesse, et mena depuis une vie retirée et paisible. Il mourut


  1. Voici le titre de cette pièce de Martelli : Risposta alla epistola del Trissino in 4° ; elle est sans date, mais Apostolo Zeno prouve qu’elle a été imprimée en 1624 ou au plus tard en 1625 (voy. Trissino).