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qui ne l’aimait point, retarda même la promotion des fficiers généraux, ne voulant pas l’y comprendre ; mais les réclamations de Martange l’emportèrent enfin, et il fut fait lieutenant général. La modicité de sa fortune l’obligea de se retirer à Honfleur, où il resta jusqu’à l’exil du premier misbustre. Alors le duc d’Aiguillon l’envoya en Angleterre, pour combattre et annuler les motifs de guerre que Choiseul avait mis en avant afin de conserver son influence et le ministère. À son retour, le même duc d’Aiguillon le fit nommer secrétaire général des régiments suisses. Lorsque la révolution éclata, Martange, qui, depuis plusieurs années, s’était retiré en Allemagne, vint joindre à Trèves le maréchal de Broglie. Les émigrés se rassemblaient alors auprès de Monsieur et du comte d’Artois, étaient établis à Coblentz. On organisa cette foule de gentilshommes qui étaient venus se ranger sous les drapeaux des frères de Louis XVI. La cavalerie, commandée par Martange, fut cantonnée dans les environs de Coblentz, et l’infanterie autour de Trèves. Le corps des émigrés, qui avait pour chefs les princes et sous eux le maréchal de Broglie, s’étant réuni, en 1792, a l’armée prussienne, Martange fut mis à la tête de l’infanterie que le roi de Prusse laissa à Estain, tandis que ses troupes marchaient sur Châlon. Ce fut a suite de cette campagne que l’armée des princes fut licenciée. Martange se retira successivement en Hollande, à Brunswick et en Angleterre. Il commanda encore le petit corps d’émigrés qui accompagna Monsieur (le comte d’Artois) a l’Île-Dieu, et il mourut à Londres en 1806, âgé de 81 ans, dans les sentiments de la plus haute piété. Martange avait le goût et les connaissances de la littérature ; il est auteur de plusieurs ouvrages politiques, entre autres, de l’Olympiade, brochure dont le but était de faire ouvrir les yeux au cabinet de Versailles sur les vues de l’Angleterre et de la Prusse relativement à la Hollande en 1787. Il avait fait imprimer en 1788, à Neuwied, le Roi de Portugal, conte, suivi des deux Achilles, conte dédicatoire, in-8°. On lui attribue aussi de jolies pièces fugitives, et l’on cite, entre autres, celle qui se trouve dans les Mémoires de Grimm, de 1756, et qu’il adressa à un juif de Berlin auquel il devait de l’argent. Grimm dit encore qu’il avait composé un acte d'opéra intitulé le Ballet de l’ennui, dans le temps où c’était la mode de ne donner que des fragments ou actes séparés au premier de nos théâtres lyriques. Martange se trouvait à Londres dans le même temps que Delille ; il visitait souvent ce poète, auquel on croit qu’il a fourni le modèle de l’un de ses portraits du poème de la Conversation.

L—p—e.

MARTEL. Voyez Charles.

MARTEL (François}, chirurgien, fut attaché au roi de Navarre (Henri IV), qu’il suivit dans ses différentes expéditions, et eut le bonheur de sauver la vie à ce grand prince par une saignée, service qui lui valut le titre de premier chirurgien après la mort d’Antoine Portail. Martel occupait encore cette place au commencement du règne de Louis XIII. Lacroix du Maine cite dans sa Bibliothèque un Discours sur la curation des arquebusades, par Martel ; mais il n’en indique ni la date ni le format. On a de lui : Apologie pour

les chirurgiens, contre ceux qui publient qu’ils ne doivent se méler que de remettre les os rompus et démis, et plusieurs Paradoxes en forme d’aphorismes, très-utiles pour la pratique de chirurgie, Lyon, 1601, in-12. On y trouve des remarques utiles, et l’indication de nouvelles méthodes pour le pansement des plaies, dont quelques-unes ont été adoptées. Éloy (Dictionnaire de médecins) dit que les Œuvres de Martel ont été publiées avec celles de Philippe de Flesselles, Paris, 1635, in-12 (voy. Flesselles).

W-s.


MARTEL (Étienne-Ange), architecte, nommé communément Frère Martel, naquit à Lyon en 1669. Le goût des arts lui fit entreprendre le voyage de Rome avec le père du célèbre peintre Claude Stella. À vingt-et-un ans, il entra dans l’ordre des Jésuites, où, par humilité, il refusa constamment la prêtrise, que ses supérieurs voulaient lui conférer. Un des premiers essais de son talent en architecture fut la construction de l’église du collége de la Trinité, à Lyon ; il donna ensuite les plans de plusieurs maisons pour sa compagnie. Il fournit, en concurrence avec le P. Derrand, des dessins pour l’église des Jésuites de la rue St-Antoine à Paris ; mais les plans de ce dernier furent préférés. En 1630, il chargé de bâtir, dans la rue du Pot-de-Fer, l’église aujourd’hui détruite du Noviciat des jésuites de Paris, parle secrétaire d’État des Noyers, qui voulait en faire le lieu de sa sépulture. Cet édifice obtint tous les suffrages: le portail, en particulier, était très estimé ; il était orné d’un ordre dorique en pilastres surmonté d’un ordre ionique dont les proportions étaient fort justes. Cependant, on aurait désiré plus de saillie et moins de subdivisions dans les parties de la décoration ; on trouvait aussi que les pilastres doriques pliés rendaient irrégulière la distribution du plafond de la corniche. Martel, attaqué de la pierre, résolut de se faire tailler. Les suites de cette opération, qui à cette époque était dangereuse et demandait un grand courage, lui causèrent de telles douleurs, que, devenu incapable de se livrer à aucun travail qui exigeât de la fatigue, il dut se borner à exécuter de petits ouvrages en peinture, recherchés des amateurs. On a longtemps conservé, dans la maison du Noviciat, des dessins de sa composition généralement estimés. Il mourut à Paris en 1611.

— MARTEL (le P. Gabriel), né au Puy-en-Velay le 11 avril 1680, et mort en 1756, entra dans la compagnie de Jésus et se fit connaître par les ouvrages suivants : 1° Exercice de la préparation à la mort, 1725, in-12 ; 2° Caractère du chrétien, 1713, 6 vol. in-11 ; 3° Lettres à M. l’abbé ***,