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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


M

MARKHAM (Gervais), auteur anglais, né à Gotham, dans le comté de Nottingham, vécut sous les règnes d’Elisabeth, de Jacques et de Charles Ier, et porta les armes avec le grade de capitaine, pour la défense de ce dernier, pendant la guerre civile de 1640. Non-seulement il était versé dans l’art militaire, mais il savait plusieurs langues, et possédait particulièrement en agriculture des connaissances très-étendues. On cite ses nombreux ouvrages : 1° un Traité sur l’équitation, in-4°, sans date ; 2° une édition nouvelle, imprimée en 1616, de la Maison rustique de Liebault, traduit en anglais par R. Surfleit, avec des additions par Markham, tirées des ouvrages d’Olivier de Serres, de Vinet, et de quelques auteurs espagnols et italiens ; 3° un Traité sur l’art de la chasse aux oiseaux, 1621, in-8° ; 4° un autre sur la pêche à l’hameçon, écrit avec une emphase ridicule, 1656, in-4° ; 5° les Rudiments et la grammaire du soldat, 1635 ; 6° Hérode et Antipater, tragédie, 1662 ; 7° l’Art de l’arquebuse, in-8°, 1634 ; 8° les Satires de l’Aríoste, in-4°, 1608. Son Poême des poèmes, ou la Muse de Sion, en huit églogues, 1596, in-16, paraphrase poétique, a joui d’une grande réputation ; ses vers sont cependant fort médiocres : mais ses ouvrages sur l’agriculture et sur l’art vétérinaire ont eu un assez grand succès. L.


MARKLAND (Jérémie), l’un des plus savants philologues anglais du 18e siècle, était un des douze enfants de Ralph Markland, vicaire de Childwall, en Lancashire, et auteur de l’Art du tir au vol. Il naquit le 29 octobre 1693. Son père obtint pour lui a faveur d’être élevé à l’hôpital du Christ, fondé à Londres par Henri VIII et Édouard VI, pour les orphelins et les enfants indigents. Sorti de cette première école, le jeune Harkland entra au collège de St-Pierre, dans l’université de Cambridge ; et au bout de peu d’années, il y obtint le grade de fellow, ou associé, et plus tard celui de tuteur, ou maître. Il commença en 1723 à se faire connaître dans les lettres par une Epitre critique latine, qu’il adressa à Francis Hare, doyen de Worcester ; il y explique et corrige plusieurs passages des anciens, et particulièrement d’Horace, avec une érudition et une sagacité peu communes. Hare, qui depuis fut évêque, et avait déjà beaucoup de crédit et d’influence, aurait pu contribuer efficacement à la fortune de Markland, si celui-ci eût voulu entrer dans les ordres sacrés ; mais le jeune littérateur s’y refusa constamment. Il ne se trouvait pas assez de force et de santé pour remplir les devoirs ecclésiastiques. Sa poitrine était même si délicate, que les leçons qu’il donnait chaque jour, pendant une heure seulement, lui causaient une extrême fatigue. Vers le même temps, il était fort occupé de Properce ; et il promettait une nouvelle édition de Stace : toutefois il ne publia que les Silves. in-4°, de ce dernier poëte (Londres, 1728), revues sur les anciennes éditions, et accompagnées de notes et de corrections. Stace est un écrivain si altéré et dont les manuscrits sont si rares, que le critique qui essaye de le corriger et de l’interpréter est sans cesse obligé d’employer la méthode hardie des conjectures, et de chercher dans son propre génie les ressources qu’il ne trouve pas dans les procédés ordinaires de son art. Suivant les traces de Bentley, doué d’un goût excellent, plein de la lecture des auteurs latins, et initié à tous les petits secrets de la critique verbale, Markland a déployé dans son travail sur les Silves le talent le plus remarquable. Ses restitutions paraissent quelquefois très-hardies, très-forcées même ; mais quand on lit ses preuves si bien présentées, ses autorités si heureusement appliquées, on en vient le plus souvent à croire vrai ce qui d’abord semblait le plus invraisemblable ; et même quand on n’est pas convaincu, on se trouve toujours contraint d’admirer le jugement et l’érudition du commentateur. Si nous ne nous trompons, les notes de Markland sur Stace sont, avec l’Horace de Bentley, ce que les philologues anglais ont écrit de plus beau sur la littérature latine. Hand les réimprime toutes dans l’édition de Stace, qu’il a commencée il y a quelques années. En 1728, Markland se chargea d’achever l’éducation d’un jeune homme nommé William Strode, avec lequel il passa quatre ou cinq ans, dont deux furent employés à visiter la France, les Pays-Bas et la Hollande. De retour en Angleterre, Strode se maria ; et, quand son fils aîné eut atteint sa sixième année, le confia aux soins de Markland, qui