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Kosca (ce surnom signifie qui a peu de barbe), docteur arménien, disciple de Jean Davouschtsy, vivait dans le 12e siècle ; il naquit à Kandsag ou Gandjah dans l’Arménie orientale. Après la mort de son maître, il alla dans la Cilicie, où il habita pendant assez longtemps le monastère de la Montagne-Noire, pour y accroître ses connaissances. Il vint ensuite à Garin ou Arzerum, d’où il retourna dans sa patrie. Les musulmans lui en rendant le séjour insupportable, il se retira dans le pays de Khatchen, auprès de Vakhthang, prince de Hatherk’h ; puis il passa dans le pays de Gaïan, où il choisit pour résidence le monastère de Kedig. Après la destruction de cet asile, il fonda, en 1191, un monastère, sous le même nom, dans la vallée de Dandsoud. En 1205, il assista au concile assemblé à Lorhi, par Zacharie, connétable de Géorgie et d’Arménie, pour régler la discipline de l’Église d’Arménie ; Mekhithar donna son assentiment à tous les actes de ce concile. Il ne put se trouver à celui qui fut convoqué (par Zacharie, pour le même objet, à Ani, en 1207 ; son grand âge et ses infirmités l’en empêchèrent. Il mourut en l’an 1213. Les principaux ouvrages de Mekhlthar-Kosch sont : 1° Un Discours sur la nature, adressé par Adam et Eve à leurs descendants ; 2° Un Livre sur la foi ; 3° Un ouvrage intitulé Livre de justice, composé en 1184 ; 4° Un Recueil de canons ; 5° Un Commentaire sur Jérémie ; 6° Diverses pièces de vers ; 7° Des Lettres ; 8° Un Recueil de fables et d’apologues, fort estimé chez les Arméniens. Tous les ouvrages de Mekhithar-Kosch sont inédits, à l’exception de celui-ci. Le docteur Zohrab en a donné une édition fort correcte, en 1790, à Venise, 1 vol. in-12. — Mekhitar, religieux arménien, né à Abaran, près de Nakhdjewan, vivait à la fin du 14e siècle. En 1410, il publia une histoire ecclésiastique et littéraire, qui ne contient que ce qui regarde le 14e siècle, jusqu’au temps où vivait l’auteur. — Mekhitar (Pierre), fondateur du couvent arménien de Venise, naquit à Sébaste, dans la Cappadoce, en l’an 1676. Après avoir étudié à Sébaste, il alla à Edchmiadzin, où il resta longtemps pour s’instruire dans le monastère patriarcal, et il y reçut le titre de vartabied. En 1700, il vint à Constantinople, où il prêcha pendant quelque temps. Les Arméniens de cette ville étaient alors divisés en deux partis ; les uns tenaient pour leur ancien patriarche Ephrem, et les autres pour Melchisedec, qui s’était fait nommer à force d’argent. Mekhithar tenta vainement de les réunir : alors il se tourna vers l’Église romaine, et se mit à prêcher la soumission au pape ; ce qui déchaîna contre lui tout le clergé de sa nation. Ephrem, qui était remonté sur le trône patriarcal, obtint un ordre du moufty pour le faire arrêter. Mekhithar se cacha chez les religieux propagandistes, et évita toutes les poursuites des émissaires du patriarche. Protégé par l’ambassadeur de France, il demeura encore deux ans à Constantinople ; mais poursuivi avec une nouvelle ardeur par le patriarche Avedik’h, successeur d’Ephrem, et

héritier de sa haine, Mekhithar prit le parti de fuir : secondé par ses amis, il s’échappa déguisé en marchand et vint à Smyrne, en 1702. Un ordre de la Porte l’y poursuivit ; il se cacha encore une fois, et ce fut dans le couvent des Jésuites. Peu de jours après, il monta sur un vaisseau vénitien, qui le porta d’abord à Zante, puis dans la Morée, qui appartenait alors à la république de Venise, et où plusieurs de ses disciples étaient venus pour le joindre. Il y arriva au mois de février 1703 ; le gouverneur vénitien lui céda un bourg et diverses autres possessions auprès de Modou. Mekhithar y lit bâtir une église et un monastère, où il habita jusqu’en l’an 1717, que les Turcs rentrèrent dans la possession de la Morée. Il se vit alors obligé de fuir à Venise avec les siens. Le 8 septembre de la même année, le gouvernement lui concéda l’île de St-Lazare, où il fonda une église et un monastère, lequel devint la résidence des religieux arméniens ui sont appelés de son nom Mekhitharistes, et y habitent encore actuellement. Mekhithar joignit à son monastère une imprimerie pour a publication des livres nécessaires à instruction de sa nation, et propres à introduire chez elle la doctrine orthodoxe de l’église romaine. On distingue, parmi les ouvrages qu’il fit paraître, un Commentaire sur St-Matthieu, un autre sur l’Ecclésiastique, les Psaumes, des Catéchismes en arménien littéral et en arménien vulgaire, une Traduction de St-Thomas d’Aquin, un Poëme sur la Vierge, une Bible arménienne, 1733, in-fol., une Grammaire de l’arménien vulgaire, et une autre de l’arménien littéral, un Dictionnaire, qui ne parut qu’après sa mort, etc. : le 1er volume (1749) a 1 251 pages et le 2° (1760) en a 1 150. Mekhithar mourut le 27 avril 1749, âgé de 74 ans. Le vartabied Étienne Melkonian, de Constantinople, fut son successeur.

S. M-n.


MELA (Pomponius), géographe romain, vivait dans le 1e siècle de l’ère chrétienne. Les caprices de quelques érudits ont singulièrement embrouillé sa biographie ; on a même élevé des doutes sur l’époque de sa vie, qui est cependant facile à déterminer. Quelques-uns, à l’exemple de Vossius, l’ont voulu faire contemporain de Jules César ; l’ouvrage même de Mela réfute cette opinion. Il y est parlé (I, 5) de la ville de Iol, qui, selon ce géographe, portait de son temps le nom de Cæsarea. Or elle ne reçut ce nom que sous le règne d’Auguste, lors de la réintégration de Juba dans son royaume, et ce qui vient à l’appui de cette dernière dissertation, c’est la phrase de Pomponius Mela : « Quia Jubæ regia fuit, » qui indique du moins un temps postérieur à Jules César. Mais ce qui, selon quelques-uns, prouverait jusqu’à l’évidence que Pomponius Mela n’avait vécu qu’après Jules César, c’est que celui-cl indique le fleuve Rubicon