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Après sa mort, un religieux du même ordre, Louis Cavalli, en donna une nouvelle édition, avec un argument à chaque livre, des notes, des éclaircissements et un abrégé de la vie de l’auteur, Rouen, 1634, dédiée à François de Harlay, alors archevêque de cette ville et depuis archevêque de Paris. — Maurus (Hortensius), poète latin, né à Vérone en 1632, embrassa état ecclésiastique, et résida longtemps auprès de Ferdinand de Furstenberg, évêque de Paderborn, protecteur éclairé des gens de lettres. Après la mort de ce prélat, il alla se fixer à Hanovre, où il mourut le 14 septembre 1724, âgé de 92 ans, et fut inhumé sans l’église des catholiques. Il comptait de nombreux amis parmi les savants d’Allemagne. On trouve dans la collection des poètes allemands de Boeenickius quelques poésies de Maurus. L’abbé Weissembach qui les avait réunies et publiées séparément, les inséra ensuite dans le recueil intitulé Selecta veterum et recentíorum poemata, Bâle, 1782, in-12.

P-rt.


MAURVILLE (le comte Bidé de), né à Rochefort le 17 novembre 1752, appartenait à une ancienne famille noble de la Bretagne, dont plusieurs membres se distinguèrent au service de la marine. Son grand-père succomba glorieusement dans le combat livré, le 24 septembre 1704, entre Malaga et Gibraltar, par le comte de Toulouse, à la flotte anglo-hollandaise. Son père, lieutenant général, se fit plus d’une fois remarquer par sa bravoure dans la guerre de Sept ans. Ces exemples ne furent pas perdus pour le jeune Maurville. Il était depuis douze ans dans la marine, lorsque fut livré le 27 juillet 1778 le combat d’Ouessant, auquel il prit une part honorable. Nommé lieutenant de vaisseau l’année suivante, il exerça successivement, pendant la guerre de l’Indépendance américaine, quatre commandements sous les ordres supérieurs de MM. de Guichen, de la Mothe-Piquet, de Vaudreuil et de Soulanges, qui tous quatre signalèrent sa brillante conduite et lui donnèrent les témoignages les plus flatteurs de leur estime. Il commandait le lougre le Chasseur, faisant partie de l’escadre de la Mothe-Piquet, lorsqu’il rencontra, le 26 avril 1781, hors de vue de cette escadre, un corsaire anglais qu’il força d’amener son pavillon. Peu de jours après, l’escadre ayant rencontré un convoi de 34 bâtiments marchands anglais, convoyés par deux vaisseaux et deux frégates, vingt-deux de ces bâtiments tombèrent au pouvoir des Français ; le Chasseur seul en captura quatre. Le Malin, cutter de 18 canons, qu’il commanda ensuite, fut attaqué le 17 janvier 1783, près de Porto-Rico, par une frégate anglaise qu’i contraignit à l’abandonner après deux heures d’un combat acharné. À la paix de 1783, il commanda la frégate l’Active à Boston. Nommé capitaine de vaisseau en 1792, il quitta la France même année, et ne revint qu’en 1802 ; fidèle à ses convictions et à ses souvenirs, il ne servit pas sous l’empire. Mais, en 1814, il rentra dans la marine avec son ancien grade. En 1816, il fut promu à celui de contre amiral et appelé successivement aux fonctions de major général et de commandant de la marine au port de Rochefort. Il ne le quitta qu’en 1827, après s’y être concilié, par son impartialité et l’affabilité de ses manières, l’estime et l’attachement de ses subordonnés. Admis il la retraite le 31 août 1830, il mourut à Paris le 11 mars 1840. Il était officier de la Légion d’honneur et grand-croix de l’ordre de St-Louis. d|P. L-t.|3|sc


MAURY (Jean Siffrein), cardinal, né le 26 juin 1746 à Valréas, d’une famille d’origine protestante qui s’était réfugiée dans le Comtat Venaissin, fit ses premières études dans son pays, et les acheva au séminaire de St-Charles d’Avignon, puis à celui de Ste-Garde dans la même ville. De l’ardeur pour le travail, une mémoire fort heureuse, un es rit vif, beaucoup d’assurance et le désir de se faire connaître le distinguaient dès le premier âge. Il vint de bonne heure à Paris. Sans fortune et ne connaissant presque personne, il se trouva dans une position difficile. Il donna des leçons, et fut instituteur dans une maison particulière ; mais ses travaux personnels nuisaient aux progrès de son élève, dont il était moins occupé que des écrits qu’il pensait dès lors à publier. En 1766, n’ayant encore que vingt ans, il fit imprimer un Éloge funèbre du Dauphin et un Éloge de Stanislas, in-8° l’un et l’autre. Ces discours, qui ne paraissent pas avoir été prononcés, n’ont rien de remarquable en eux-mêmes, et ils offrent même quelque trace de mauvais goût ; ce sont pourtant encore des compositions assez étonnantes pour l’âge qu’avait l’auteur. L’année suivante, le jeune Maury concourut pour deux sujets de prix proposés par l’Académie française : l’un était l’Éloge de Charles V, et l’autre les Avantage : de la paix. Ces discours furent encore imprimés in-8°. Ces premiers essais encouragèrent l’abbé Maury : ayant pris les ordres sacrés, il résolut de se livrer éloquence de la chaire, et il prêcha dans différentes églises de la capitale. En 1770, l’Académie française avait proposé pour prix d’éloquence l’Elog¢ de Fénelon ; il se mit sur les rangs, et envoya un discours avec cette épitaphe : Antiqua homo virtute ac fide ; il obtint l’accessit et Laharpe le prix, qui fut décerné le 25 août 1771. On n’eut point à reprendre dans le discours dont il s’agit les défauts qui furent censurés dans ceux des autres concurrents ; toutefois, le style et le fond des pensées se sentaient un peu de la jeunesse de orateur, qui s’était accommodé à l’esprit de ses juges. Un Parallèle du n-où discours qui avaient concouru sur le même sujet ne tarda pas à paraître ; il ne concerne que la partie littéraire et ne semble pas fort impartial. Un héritier du nom de Fénelon venait d être promu à l’évêché de Lombez ; il nomma l’abbé