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trouvées fautives que sur un petit nombre de points, quand les missionnaires ont eu levé les leurs, et que la position des principales villes ait à peine changé par l’effet du travail des Européens. Il y a beaucoup de parties sur lesquelles on doit, même encore à présent, consulter l’atlas de Martini, que l’ouvrage de Duhalde ne peut nullement remplacer. La description de la Chine gui s’y trouve est, comme les cartes, traduite d’un ouvrage chinois, et tirée, suivant toute apparence, du Kouang-iu-ki. On y remarque aussi un opuscule de Golius sur le Cathai (voy. GOLIUS} ; et c’est un des premiers ouvrages imprimés en Europe dans lequel on ait gravé des caractères chinois (1)[1]. Le texte de cet atlas a été inséré, mais sans les cartes, dans la collection de Melchisédech Thévenot, Sinicae historiae decas prima, Munich, 1658, in-4o; Amsterdam, 1659, in-8o. Cette première partie est la seule qui ait été publiée ; elle a été traduite en français par l’abbé le Pelletier, Paris, 1692, 2 vol. in-12 ; elle l’a aussi été dans plusieurs autres langues, et elle méritait de l’être ; car ce livre, tiré par le P. Martini d’un original chinois, est le premier et a été longtemps le seul ouvrage traduit du chinois où l’on ait pu trouver des détails sur les événements de l’histoire chinoise dans les temps qui ont précédé 1ère chrétienne. Dans la première partie de ses Fastes, le P. Duhalde n’a donné autre chose qu’une traduction de l’ouvrage de Martini ; et c’est encore là qu’ont puisé les auteurs de l' Histoire universelle. Jusqu'au P. Maillac, on n’avait rien de mieux ni même d’aussi bon que Martini. Dans les deux fragments d'Histoire chinoise qui font partie du tome 2 de la Collection de Thévenot, publié en 1664, il y en a un qui porte le titre de Monarchiae sinicae decas secunda, et dans lequel l’histoire du P. Martini est conduite depuis l’ère chrétienne jusqu'au 15e siècle (2)[2]. 3° De bello tartarico in Sinis, Rome, 1654, in-12 ; trad. en italien par Climaco Latini, Milan, 1654, in-8o, et en français, Paris, même année et même format, et à la suite de l' Histoire de la Chine, par le P. Semedo, Lyon, 1667, in-4o ; en allemand, Amsterdam, 1654, in-12 ; en hollandais, par J.-L.-S. Delft, 1654, in-12 ; en espagnol, par dom Estevan de Aguilar y Çuniga, 1655, in-8o ; en portugais, Lisbonne, 1657, in-8o ; en anglais, 1660, in-8o. 4° Brevis relatio de numero et qualitate christianorum apud Sinas, Rome, 1654, in-4o ; Cologne, 1655, in-12. Le P. Martini a traduit, du latin en chinois, des traités de l'Existence et des attributs de Dieu ; — de l'Im

(1) Voyez l’article KIRCHER. Duret avait déjà donné, en 1623, quelques caractères chinois, gravés en bois, dans son Trésor des langues. p. 916 et 931.

(2) Le P. Grueber, dans sa lettre du 14 mars 1665, rapportée dans la Collection de Thévenot (Viaggio dei P. Giov. Grueber, t. 4, p. 222), suppose que les deux décades du P. Martini avaient été imprimées a Munich ; mais Thévenot, dans une note marginale, annonce que la seconde est perdue, et qu’il tâchera d’y suppléer en quelque façon, d’après un manuscrit persan, dont il parle dans la préface de sa quatrième partie. (Avis sur la suite du recueil.)

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mortalité de l’âme, par Lessius ; — de l'Amitié : c’est un extrait des ouvrages de Cicéron, de Sénèque, etc.; — et une Réfutation du système de Pythagore sur la transmigration des âmes. Le nom chinois qu’avait pris le P. Martini était Wei-khouang-koue, et son surnom Thsi-thaï.

W—s et A. R—T.



MARTINI (le P. Jean-Baptiste), religieux franciscain, fils d’un joueur de violon, un des auteurs les plus savants qui aient écrit sur la musique, naquit à Bologne en 1706, et se voua, dès sa plus tendre jeunesse, à la vie monastique. Un goût inné pour l’instruction en tout genre lui fit accepter avec joie l’offre d’être employé aux missions. Il passa une année dans l'Inde, et fut, à son grand regret, renvoyé en Europe à cause de la faiblesse de sa santé. A son retour, il se livra presque exclusivement à son goût pour la musique ; et ses progrès furent si rapides, qu’à l’âge de dix-neuf ans il fut nommé maître de chapelle du couvent de son ordre, à Bologne. Les messes et les oratorios qu’il faisait exécuter dans toutes les solennités lui acquirent une réputation si brillante, qu’à la demande générale des amateurs et même des artistes il ouvrit un cours d’enseignement musical. Chaque leçon du P. Martini présentait quelque découverte nouvelle ; et l’ensemble de sa méthode frappa tellement tous les amis de l’art, que des professeurs eux-mêmes ne dédaignèrent pas de se ranger au nombre de ses élèves. Bien plus, on vit des compositeurs applaudis par l'Europe entière se faire honneur du rechercher les conseils du savant bolonais. Il suffit de citer, dans ce nombre, des hommes tels que Jomelli, Gluck et Mozart. Grétry, ayant aspiré à l’honneur d’être reçu membre de l’académie des Philharmoniques de Bologne, fut effrayé d’apprendre qu’il fallait, pour épreuve, fuguer un verset de plain-chant pris au hasard, « en quoi, dit-il ingénument dans ses Mémoires, j’étais assurément très-peu versé. Mais les bons avis du fameux P. Martini m’en donnèrent bientôt une connaissance suffisante et furent la cause première de mon succès. » Les élèves du savant professeur le pressaient souvent de recueillir les leçons qu’il leur donnait et d’en faire un corps de doctrine. Il se rendit à leurs prières et publia successivement plusieurs ouvrages didactiques, qui ont mis le sceau à sa réputation. Frédéric le Grand, en particulier, en fut tellement satisfait, qu’il fit remettre à l’auteur son portrait enrichi de diamants. Ce présent royal était accompagné d’une lettre autographe, remplie des témoignages les plus flatteurs de l’estime du monarque prussien. Parmi les ouvrages du P. Martini, il en est deux surtout qui méritent une mention particulière : 1° l' Essai de contre-point (Saggio fondamentale prattico di contrapunto) ; 2° l' Histoire de la musique, 1757-1781, 3 vol. in-fol. et in-4o. Le premier traité consiste en deux recueils de modèles, l’un de contre

  1. (1) Voyez l’article KIRCHER. Duret avait déjà donné, en 1623, quelques caractères chinois, gravés en bois, dans son Trésor des langues. p. 916 et 931.
  2. (2) Le P. Grueber, dans sa lettre du 14 mars 1665, rapportée dans la Collection de Thévenot (Viaggio dei P. Giov. Grueber, t. 4, p. 222), suppose que les deux décades du P. Martini avaient été imprimées a Munich ; mais Thévenot, dans une note marginale, annonce que la seconde est perdue, et qu’il tâchera d’y suppléer en quelque façon, d’après un manuscrit persan, dont il parle dans la préface de sa quatrième partie. (Avis sur la suite du recueil.)