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Spitzberg ou Groënland fait en 1671, écrit d’après les observations de l’auteur et accompagné de figures qu’il a dessinées, Hambourg, 1675, 1 vol. in-4°, avec figures. Ce livre, le premier qui ait été publié sur le Spitzberg, a été cité avec éloge par tous ceux qui l’ont consulté. Phipps, qui cent ans après Martens visita ces parages glacés, dit qu’il a trouvé cet auteur ordinairement fidèle dans ses descriptions et exact dans ses observations. Le journal de Martens donne une idée des fatigues et des dangers auxquels sont exposés les navires qui font la navigation du Spitzberg. Ses descriptions des productions de cette région boréale ont été confirmées par les auteurs qui ont écrit sur l’histoire naturelle. Ses observations sur les météores sont instructives ; mais c’est surtout dans la description de la pèche de la baleine qu’il a fourni des renseignements précieux. Son ouvrage a été traduit en anglais, Londres, 1695 ; en italien, Bologne et Venise, 1680, in-8° ; en français, dans le second volume des Voyages

au Nord.

E—s.


MARTENS (Guillaume-Frédéric de), diplomate allemand, fut d’abord professeur de droit public à l’université de Gœttingue. Les ouvrages importants qu’il publia successivement lui acquirent une grande réputation comme publiciste, et lui valurent en 1809 une place dans le conseil d’État du royaume de Westphalie, et, peu après, la présidence de la section des finances. Appelé au congrès de Vienne en 1814, il fut chargé de rédiger les procès-verbaux des conférences diplomatiques. La même année, il fut envoyé par les puissances alliées auprès de Christian-Frédéric, cousin du roi de Danemarck, qui s’était fait proclamer roi de Norvége et se préparait à défendre ses prétentions par les armes. Martens fut assez heureux pour décider ce prince à se soumettre aux décisions des monarques alliés, qui avaient donné la Norvége au roi de Suède, afin de le récompenser des services qu’il venait de leur rendre. Il devint, en 1816, ministre du roi de Hanovre auprès de la diète germanique, et mourut à Francfort, dans l’exercice de ces fonctions, le 20 février 1821. On a de lui : 1° Essai sur la légitimation des envoyés de la part des comtes de l’Empire à la diète de Ratisbonne, Gœttingue, 1782, in-8° ; 2° Précis du droit des gens de l’Europe moderne, fondé sur les traités et l’usage pour servir d’introduction à un cours politique et diplomatique, Gœttingue, 1789, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage a obtenu plusieurs éditions, et a été traduit en français avec des notes de M. Pinheiro-Ferreira, Paris, 1831, 2 vol. in-8°. 3° Recueil des principaux traités d’alliance, etc., conclus par les puissances de l’Europe jusqu’à présent, précédé de traités faits dans le 18e siècle, qui ne se trouvent pas dans le « Corps diplomatique » de Dumont et Rousset, Gœttingue, 1791-1800, 7 vol. in-8° ; 4° Supplément à l’ouvrage précédent, Gœttingue, 1802-1818, 7 vol. in-8°. Ce Supplément a été fondu avec le Recueil dans une nouvelle édition. 5° Essai concernant les armateurs, les prises et surtout les reprises d’après les lois, les traités et les usages des puissances maritimes de l’Europe, Gœttingue, 1795, in-8° ; 6° Cours diplomatique, ou Tableau des relations des puissances de l’Europe, tant entre elles qu’avec d’autres États dans les diverses parties du globe, Berlin, 1801, 3 vol. in-8°. M-n j.


MARTHE. Voyez Maan- : et Sra-Mtumnz.


MARTIIE (Ama- : Bxonr, connue sous le nom de sœur) naquit à Besançon en 1749. Avant la révolution, elle était tourière dans un couvent. A la suppression des ordres religieux, on la vit, aidée d’une compagne qu’elle avait associée ù son zèle et avec sa modique pension de cent trente-trois francs jointe à la propriété d’une petite maison, se dévouer au secours des indigents et surtout des prisonniers. En 1809, 600 Espagnols arrivèrent Besançon ; la sœur Marthe s’empressa de leur prodiguer des soins dont son activité et sa charité multipliaient sans cesse les ressources. Non contente de pourvoir à leurs besoins les plus pressants, elle les assistait dans leurs maladies. Souvent chargée de porter au commandant de la place les demandes des prisonniers, ce généra lui dit un ’our : « Sœur

« Marthe, vous allez être bien affligée, vos bons « amis les Espagnols quittent Besançon. — Oui, « répondit-elle, mais les Anglais arrivent, et tous lx les malheureux sont mes amis. » Pendant la campagne de 1814, quand les blessés ennemis et Français recevaient de toutes parts une généreuse hospitalité, la sœur Marthe redoubla pour eux ses soins touchants et recueillit cet éloge de la bouche du duc de Reggio : ¢ C’est sur le « champ de bataille que j’ai appris à vous connaître ; nos soldats, blessés loin de leur patrie, « s’écriaient : Où est sœur Marthe ? si elle était « ici nous serions moins malheureux. » En 1814, cette femme si justement célèbre s’était rendue dans la capitale, toujours conduite par des intentions de c arité, et pour y réussir elle ne crut pouvoir mieux faire que de s’adresser aux souverains alliés. Ils la reçurent avec beaucoup de bonté ; l’em reur de Russie la décora d’une médaille d’or dire plus grand module, frappée à son effigie, honneur qu’il accompagne d’une somme considérable. L’empereur d’Autriche lui donna la croix du Mérite civil, avec une gratification de deux mille francs» Elle reçut aussi des bienfaits des rois d’Angleterre, de Prusse et d’Espagne. En 1817, au moment de la disette, sœur Marthe vint à Paris solliciter des secours pour les indigents. Louis XVIII et toute la famille royale lui en donnèrent de très-abondants. Cette femme admirable mourut à Besançon le 29 mars 1824. Toutes les autorités assistèrent à ses funérailles, et le peuple suivit le convoi en répandant des larmes. On a gravé son portrait, où elle est représentée décorée de plusieurs ordres français et