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profession presque incompatible avec son goût pour la littérature. Ses talents l’ayant fait connaître du cardinal Duperron, ce prélats lui offrit un logement et sa table, et lui fit ensuite obtenir une place de secrétaire du cabinet ; mais Madelenet ne profita point de cette circonstance pour assurer sa fortune. Cependant le cardinal de Richelieu, auquel il présenta une ode sur la prise de la Rochelle, lui accorda une pension, et le fit nommer conseiller interprète durci pour la langue latine [1] ; dans la suite il dut aussi quelques avantages à la protection du cardinal Mazarin. Madelenet avait des connaissances de plus d’un genre ; il jugeait en homme de goût du mérite d’une statue ou d’un tableau ; recherché des littérateurs, des artistes et des grands, il sut jouir des agréments de sa position, sans y attacher trop de prix ; il dut à cette sage indifférence une vie tranquille. Dans ses dernières années il fut tourmenté de la gravelle ; dans les intervalles que lui laissèrent ses souffrances, il composa sur sa maladie une pièce de vers, que P. Petit regardait comme son chef-d’œuvre, mais qui n’a point été imprimée. Il tomba malade dans un voyage qu’il fit à Auxerre, et y mourut le 20 novembre 1661. Son neveu, lieutenant au présidial, le fit inhumer, avec une épitaphe rapportée dans la Bibliothèque de Bourgogne. C’était un homme de mœurs pures, d’une conversation agréable ; il se montra observateur scrupuleux des convenances et n’eut aucun des travers qu’on attribue aux poëtes. Ayant négligé de recueillir ses vers, il chargea de ce soin Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne, qui remplit ses intentions en publiant Gabr. Madeleneti carminum libellus, Paris, 1662, in-12 ; la réimpression de Paris, Barbou, 1725, in-12, passe pour peu correcte. Ce recueil est précédé d’un avertissement de l’illustre éditeur ; d’une (préface de Jean Madelenet, neveu de l’auteur ; e son éloge par P. Petit, bon poète latin lui-même (voy. Petit), et d’une ode de Duperrier au comte de Brienne ; il renferme des odes, des épîtres, etc., adressées aux personnages les plus distingués de son temps. On fait cas surtout de ses odes écrites dans le genre d’Horace, qu’il avait pris pour modèle. La correction et l’élégance sont le caractère distinctif de ces pièces, qui manquent de chaleur et d’élévation. Madelenet avait composé dans sa jeunesse des vers français qui sont restés inédits ; mais on ne doit pas les regretter, si, comme l’assure Balzac, ils ne valaient pas mieux que ceux de Dumonin. On trouve une notice sur ce poète dans les Mémoires de Niceron, t. 25, et une autre dans la Bibliothèque de Bourgogne ; mais on ne doit les lire qu’avec précaution.

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MADER (Joachim-Jean), savant bibliographe et philologue allemand, né à Hanovre en 1626, fut chargé par le duc de Brunswick de visiter les archives des couvents et des abbayes, et d’en extraire les manuscrits les plus intéressants pour les ajouter à la bibliothèque que ce prince avait établie à Wolfenbuttel. Il fut récompensé de ses soins par une chaire d’histoire à l’académie de Helmstadt ; il devint ensuite recteur à Schœningen, et mourut le 17 août 1680. On cite de lui : 1° Disputatio de conciliis, 1630 ; 2° Dissertatio de S. Laurentio, 1656 ; 3° Vetustas, sanctionna, potentia atque majestas celsissimæ domus Brunswicensis ac Luneburgensis, Helmstadt, 1661, in-4° ;De Bibliothecis atque archivis virorum clarissimorum libelli et commentationes, cam præfatione de scriptis et bibliothecis antediluvianis, ibid., 1666, in-L". On trouvera la liste des pièces intéressantes, contenues en ce volume dans la Bibliotheca histor. litterar. de Struvius, t. 1, p. 123. J. André Schmidt en donna une seconde édition, Helmstadt, 1702, et la fit suivre de deux nouveaux recueils de pièces du même genre (sous le titre de Nova accessio et d’accesio altera 1703). Mader l’a fait précéder d’une lettre De scriptis et bibliothecis antediluvianis, dans laquelle il cherche à prouver qu’avant le déluge les hommes avaient la connaissance de l’alphabet et de l’écriture graphique ; qu’ils savaient tracer des caractères sur la pierre, le bois et les peaux préparées, et enfin qu’ils possédaient des bibliot èques ; il cite à l’appui de ses assertions l’imposition des noms aux animaux par Adam, les colonnes sculptées par Seth et le fameux livre d’Énoch. Il y a beaucoup d’érudition dans cette petite pièce, mais peu de critique. 5° Epistola de scholaram antiquitate, ibid., 1674 ; 6° De coronis, nuptiarum præsertím, sacris et profanis. Grœvius a inséré cette dissertation dans le tome 8 du Thesaur. antiq. romanarum. On doit encore à Mader des éditions du traité d’Onuphre Panvinio, De triumphís, avec des notes et es additions, Helmstadt, 1662 ; Padoue, 1681, in-fol. ; de la Chronique du Mont-Serein (Mons Serenus) ou de Lauterberg, ibid., 1665, in-4° ; de celle du monastère de Pagan, ibid., 1665 ; de la Chronique de Dithmar, ibid., 1 667 ; de l’Histoire ecclésiastique d’Adam de Brême, ibid., 1670 ; de la Chronique de Théod. Engelhus, ibid., 1671, in-4° ; de celle de Gervais de Tilbury : De imperio romane et Gothorum, Longobardorum, Britonam, Francorum, Angloramque regnis, etc. ibid., 1673, in-4°. Enfin, Mader a publié quelques ouvrages des Pères grecs et latins ; mais ses éditions ont été de beaucoup surpassées par les philologues plus récents (voy. Ballenstedt, Vita Maderi, Helmstadt, 1760).

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MADERNO (Charles), architecte, naquit en 1556, à Bissonna, dans le diocèse de Côme en Lombardie. Il vint à Rome sous le pontificat de Sixte-Quint, attiré dans cette ville gar son oncle maternel Dominique Fontana. Il étudia d’abord la sculpture, et exécuta plusieurs ouvrages en


  1. Tous les biographes qui ont parlé de Madelenet s’accordent à dire que cette Ode était française mais dans ce cas il est assez singulier que le cardinal l’en ait récompensé par une place