relation des voyages de l’auteur : les cinq derniers contiennent l’histoire du royaume de Jérusalem dans le moyen âge. Le voyage de Mariti offre des détails curieux sur l’état ancien et moderne, les productions et le commerce de l’île de Chypre, ainsi que sur la partie de la Syrie la plus voisine de la Palestine, enfin sur ce dernier pays. Il décrit avec soin les mœurs des différents (peuples qui habitent ces contrées. Il s’abstient ’entrer dans les détails que renferment les écrits des anciens voyageurs. Le séjour de l’auteur parmi les Druses le mit à portée de bien apprécier ce peuple singulier. La partie de l’ouvrage qui concerne l’histoire de Jérusalem ne vaut pas la relation du voyage ; c’est un récit prolixe et confus d’événements peu intéressants, rapportés quelquefois d’après des autorités un peu suspectes. Les quatre premiers volumes ont été traduits en français, Paris, 1791, 2 vol. in-8°, avec un titre qui promet l’histoire générale du Levant ; mais cette suite n’a point paru. La traduction n’est pas mauvaise : On en a aussi une en allemand, par C.-H. Hase, Altenbourg, 1777, 1 vol. in-8°, avec fig. 2° Histoire de la campagne d’Ali-Bey dans la Syrie en 1771, Florence, 1772, 1 vol. in-8° ; 3° Sur le vin de Chypre, lbid., 1772, 1 vol. in-8°. Mariti avait déjà, dans son voyage, donné d’amples détails sur la préparation et le commerce de ce vin exquis ; mais, voulant mettre les Européens occidentaux en état de bien connaître un sujet si intéressant, il le leur présenta enrichi de beaucoup de faits nouveaux. 4° Histoire du temple de la Résurrection ou de l’église du St-Sépulcre, Livourne, 1784, 1 vol. in-8°, avec le plan de l’église. Le zèle de plusieurs voyageurs, plus dévots qu’instruits, leur avait fait insérer dans leurs relations beaucoup de traditions inexactes sur les saints lieux : c’est pour redresser ces erreurs que Mariti a écrit ce livre. 5° Histoire de Faccardin, grand émir des Druses, Livourne, 1787, 1 vol. in-8°, en allemand avec des notes, Goths, 1790. Mariti a obtenu, par son séjour chez les Druses, des particularités que l’on ne connaissait pas auparavant sur ce fameux chef. 6° Histoire de l’état présent de la ville de Jérusalem, Livourne, 1790, 2 vol. in-8°. Ce livre, qui n’est guère qu’une réimpression de la dernière
partie de son Voyage, renferme quelques détails intéressants ; mais le plan qui l’accompagne ne mérite aucune confiance[1]. 7° Voyage dans les collines du Pisan et du Florentin, Florence, 1797, in-8°, tome 1er. L’auteur s’occupe principalement de ce qui concerne les productions de la nature et l’agriculture. La mort l’empêcha de terminer cet ouvrage.
MARITZ (Jean), célèbre fondeur mécanicien,
né en 1680 à Burgsdorf (Berthoud), canton de
Berne, d’une famille dont on suit la filiation dans
le pays depuis 1533, eut pour père Conrad Maritz,
né en 1640, et pour grand -père un autre
Conrad Maritz, né en 1604, tous deux mécaniciens.
Élevé au milieu de fondeurs qui travaillaient
tous au perfectionnement des pièces d’artillerie,
témoin des efforts que faisaient dans ce
but Emery, Ballard, les frères Keller et quelques
autres mécaniciens ou fondeurs habiles, Jean
llaritz tourna ses vues du même côté et fut assez
heureux pour réussir. Il inventa le coulage plein
et le forage horizontal des canons. La première
pièce forée d’après ce système fut entièrement
fabriquée à Burgsdorf en 1714, et l’épreuve
faite la même année à Berne obtint un plein
succès. Avant la découverte de Maritz, on avait
d’abord coulé les canons creux par l’embouchure,
puis par la culasse. Cette dernière méthode, due
J.-J. Keller, était assurément préférable à l’ancienne,
parce qu’elle permettait d’enlever plus
facilement le noyau, et qu’il n’y avait plus, pour
ainsi dire, qu’à polir l’âme de la pièce avec un
alésoir. Pour atteindre ce but, on plaçait alors le
canon verticalement dans un coulisseau, la bouche
en bas ; la barre de l’alésoir servait d’axe à
un manège que les chevaux faisaient tourner, et
le poids du canon le faisait descendre sur l’alésoir
à mesure que le travail avançait. Cependant,
malgré tous les soins, les camus étaient encore
sujets il avoir des chambres ou cavités, des sifflets
occasionnés par l’air renferme dans la terre
du noyau, que la chaleur dilatait et qui se logeait
dans la pièce. En outre, le métal se refroidissait
en montant, et n’étant plus pressé par le
poids de la masselotte. il n’avait pas toujours la
densité requise. Ce fut pour parer a ces divers
inconvénients que Maritz imagina le coulage
plein, qui offrait plus de chances de solidité, et
il compléta son système par un mode de forage
particulier. Ainsi il plaça les canons horizontalement,
et en les faisant tourner au lieu de faire
manœuvrer les forêts, il donna à l’âme de la
pièce cette régularité qui est, dans l’opinion des
officiers d’artillerie, un des points les plus essentiels,
puisque c’est d’elle que dépend la justesse
du tir. Après avoir établi un assez grand nombre
de pièces pour le gouvernement de Berne, Maritz
fut appelé en 1723 à Genève. où il reçut le
titre de commissaire-fondeur de l’artillerie de la
république, et quelques années plus tard (1734),
Il partit pour la France , où il obtint la direction
de la fonderie de faon, avec le titre de commissaire
des fontes l’artillerie. Cependant cet
artiste ne put résider longtemps dans le royaume.
Ses devoirs le rappelèrent à Genève, où il mourut
en 1743, laissant la direction de la fonderie
de cette république à son fils aîné, Samuel, né
en 1705, qui continua dignement à appliquer
l’œuvre de son ère.
MARITZ (Jean), second fils du précédent, né à Burgsdorf en 1711, travailla d’abord à la fonderie de Genève sous les ordres de son père, qu’il
- ↑ Voyez ce que nous en avons dit, dans l’Histoire des Croisades, par Michaud, t. 1, p. 627, de l’édition de 1819. C.M.P.