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Malouet fut chargé de les diriger. Nommé commissaire général de la marine, avec les pouvoirs de préfet maritime dans ce port, le 3 octobre 1803, il y a créé les plus vastes établissements au milieu de nombreuses difficultés. La responsabilité de cette grande opération, les fatigues qu’il essuya pendant l’expédition des Anglais dans l’Escaut (circonstance où il déploya toute la fermeté de son caractère, et qui fit dire au chef du gouvernement que M. Malouet avait éminemment le courage d’esprit), enfin, l’influence du climat de la Belgique, qui lui était contraire, commencèrent à altérer sa santé. Il avait reçu en 1808 le titre de maître des requêtes ; au commencement de 1810, il fut nommé conseiller d’État, et appelé au conseil, où il siégea jusqu’à la fin de 1812. À cette époque ; soit que Napoléon fût importuné de la franchise et de la persévérance de son opposition dans la discussion de plusieurs affaires, soit qu’il eût reçu contre lui de faux rapports, il l’éloigna du conseil et l’exila à quarante lieues de Paris. Malouet se retira dans une petite propriété qu’il possédait en Touraine : il y vivait dans le repos e plus absolu, lorsque Louis XVIII fut rappelé au trône. Il revint aussitôt à Paris ; et dès le 2 avril 1814, il fut nommé, par le gouvernement provisoire, commissaire au département de la marine. Le 13 mai, il prêta serment entre les mains du roi comme ministre secrétaire d’État du même département, et fut nommé peu après chevalier de St-Louis. De uis 1811, il était commandant de la Légion d’honneur. Il se livra dès lors, avec son zèle accoutumé, aux travaux extraordinaires qu’exigeait l’administration ; mais ces travaux achevèrent de ruiner sa santé : il succomba le 7 septembre 1814. Chargé pendant plus de quarante ans de différentes administrations, Malouet mourut sans fortune ; et les frais de ses obsèques furent payées par le roi. La modération était le trait distinctif de son caractère. À une intégrité scrupuleuse il joignit cette probité politique qui consiste à subordonner tous les intérêts aux devoirs, et à demeurer invariablement attaché aux principes, même sans espoir de succès. Il fut lié avec les hommes les plus distingués de son siècle, et jouit toujours de l’estime de ceux que la division des partis rendit ses adversaires (1). Au milieu des soins actifs d’une administration étendue et compliquée, il conserva le goût des lettres et ne cessa de les cultiver. Malouet avait une figure noble et une taille très-élevée ; il a été deux fois marié, et n’a laissé qu’un fils. On a de lui : 1° Mémoire sur esclavage des nègres, 1788, in-8° ; 2° Mémoire sur l’administration du département de la marine, 1790, 1 vol. in-8°, sans nom d’imprimeur ; 3° la collection de ses Opinions, Paris, 1791 et 1792, ’ (ll Lorsque Fouché fut prescrit sous Napoléon, on vit Malouet, bravant les menaces de l’autorité. rendre publiquement : gitan : Get ami de son enfance, avec lequel il avait étudié è. a re.

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3 vol. in-8° ; 4° Defense de Louis XVI, 1792, in-8° ; 5° Examen de cette question : Quel sera pour les colonies de l’Amérique le résultat de la révolution française, etc., Londres, 1797, 1 vol. in-8° ; 6° Collection des Mémoires et Correspondances officielles sur l’administration des colonies, et notamment sur la Guyane, Paris, 1802, 5 vol. in-8° ; 7° Considérations historiques sur l’empire de la mer chez les anciens et les modernes, Anvers, 1810, 1 vol. in-8° ; 8° divers morceaux dans les Archives littéraires ; 9° des Lettres insérées dans les Mélanges de philosophie et de littérature de Suard, Paris, 1804, 5 vol. in-8°. Le poème des Quatre parties du jour à la mer, dont i a été parlé plus haut, a été inséré dans les Soirées provençales de M. Bérenger, ami de Malouet. Suard a publié après la mort de son ami, une Notice sur sa vie et ses écrits, qui fut insérée dans la Gazette de France du 14 septembre 1814. D-G-o. MA LOUIN (Pam.-Jacques), médecin et chimiste, professeur au collége royal de France, naquit à Caen en 1701. Il fut reçu ù l’Académie des sciences en 1744 et professeur de chimie au jardin du roi en 1745.11 publia en 1750 une dissertation intitulée In réactions actionisque œqualitate œconomia animalis ; — une autre sous le titre de An lierniœ inguinali cum adhœsione, subligatum noeet ? — et une troisième sur cette question : An ad sanitatem musica ? Ces deux dernières sont de 1737 et de 1743. Ses autres ouvrages sont en français. Le gouvernement, le arlement et la faculté chargèrent Malouin de donner des secours contre l’épizootie qui régnait dans les environs de Paris en 1753. Ses soins en arrêtèrent promptement les progrès. Il était d’un caractère grave, mais plein de douceur. Jamais le charlatanisme n’eut de prise sur lui. C’était non-seulement un médecin instruit, observateur et studieux, mais encore un médecin de bonne foi, croyant à la médecine comme à la Divinité et ne soutirant pas qu’on plaisantât sur son art. La mort de Molière lui paraissait une conséquence de l’incrédulité de ce grand homme pour les secours de la médecine, et il savait tant de gré à ses malades de leur docilité que, voyant un de ses amis prendre avec toute confiance les remèdes nombreux et rebutants qu’il lui prescrivait, il l’embrassa tendrement en s’écriant avec enthousiasme : Vous êtes digne d’être malade ! Malouin mettait une très-grande importance à l’hygiène : il croyait que le médecin devait s’attacher essentiellement à prévenir les maladies ; aussi était-il sobre, tempérant, et donnait-il l’exemple d’une conduite régulière et méthodique. Ce régime lui réussit : sa vieillesse fut exempte d’infirmités, et il mourut à 77 ans d’une attaque d’apoplexie. Malouin fut laborieux, économe et désintéressé ; il vécut heureux ; ses qualités lui acquirent beaucoup d’amis et ses talents des protecteurs zélés. Il a laissé par testament un legs à la faculté, pour que, dans une