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à Toulon. Ce port, qu’il administra huit ans et aux travaux duquel il eut une part si active, rendra longtemps témoignage de ses lumières et de son zèle. Le bailliage de Riom l’élut député aux états généraux de 1789, et une carrière nouvelle s’ouvrit pour lui. Le discours qu’il prononça lorsqu’il fut chargé par cette ville de porter ses cahiers à l’assemblée du tiers état de la sénéchaussée d’Auvergne, cahiers dont il avait été le principal rédacteur, annonçait la ligne de conduite qu’il tiendrait. Dévoué tout ensemble à la cause du trône et à celle de la liberté, ne les séparant point l’une de l’autre, et désirant voir s’établir en France un gouvernement à peu près semblable a celui de l’Angleterre, il fut considéré, dès le commencement de la révolution, comme un des chefs du parti auquel on donna le nom de monarchiena. À l’ouverture des états généraux, il appuya les démarches tentées pour obtenir la réunion des ordres ; mais lorsque le tiers état prétendit se former en assemblée nationale, il rejeta fortement une dénomination qui lui parut contraire à la constitution de la monarchie, et il résenta celle de majorité des représentants. Dans Il discussion de la constitution, il se déclara pour le vero smpemi/’. Il s’opposa de tous ses moyens à la déclaration des Droits de l’homme. Après les événements des 5 et 6 octobre, il se plaignit de ce que le peuple était excité contre plusieurs députés, et particulièrement contre lui-même, qui avait été l objet d’invectives et de menaces, et il demanda vainement une loi contre les écrits séditieux : Mirabeau en fit rejeter la proposition ; cependant il soutint Malouet peu de temps après contre les imputations du comité des rec erc es. Les 7 et 15 décembre 1789, Malouet défendit avec une intrépidité justement admirée et fit acquitter le chef d’escadre d’Albert de Rioms (voy. Aaasar ne Rious). Il déposa dans le procès commencé au Châtelet sur les événements des 5 et 6 octobre, dont il avait tracé publiquement le plus douloureux tableau. Il attaqua vivement Marat et ses feuilles sanguinaires, et fit rendre un décret qui traduisit Camille Desmoulins au Châtelet, comme auteur de pamphlets séditieux ; mais Desmoulins, fort de l’appui de Robespierre, parvint à faire annuler ce décret. Eiïrayé des désordres qui désolaient la France sur tous les ints, Malouet, appuyé par Cazalès, demanda, E9020 février 1790, que le roi fût temporairement investi du pouvoir dictatorial. Cette motion, objet des plus vifs débats, fut repoussée à une forte majorité. Au mois de novembre 1789, il avait reconnu que la. nation était propriétaire des biens du clergé, mais sous la condition qu’ils seraient employés à l’entretien du culte et au soulagement des pauvres, sans qu’il fût jamais permis d’assigner à ces biens une autre destination. Il combattit ensuite le système fimeste des assignats. Pour balancer e pouvoir qu’acquérait chaque jour la société des jacobins. Malouet et les députés de son parti fondèrent un club, sous le titre de club des impartiaux, et que le public nomma le club monarchique (voy. Cx.enuoN’r-Tozs-Neiuua) ; mais la populace, soldée par les jacobins, força bientôt cette assemblée à se dissoudre. A l’époque du voyage de Varennes, Brissot et Thomas Payne ayant demandé publiquement la république, Malouet arracha une de leurs aillehes, pour la dénoncer à l’assemblée, qui passa à l’ordre du jour. Lorsque, après le retour du roi, le comité de constitution proposa de suspendre l’exercice du pouvoir royal, Malouet condamna ce projet comme attentatoire à la nouvelle constitution, qui avait prévu le cas de l’absence du monarque. Étroitement lié avec l’abbé Raynal, qu’il avait recueilli à Toulon à son retour de Prusse, il avait proposé a l’assemblée, et obtenu, le 15 août 1790, a révocation de l’arrêt prononcé en 1781 contre cet écrivain. Malouet comptait sur son influence pour rattacher à la monarchie les partisans de cette liberté dont son ami avait été l’un des plus ardents apôtres. Aussi lui a-t-on attribué une grande rt dans la lettre adressée par Raynal à l’assemblée, et que d’autres attribuent également à Guibert (voy. ce nom). Voici ce qu’il y a de vrai à cet égard : le projet fut concerté dans une réunion dont Malouet faisait partie ; mais la lettre fut rédigée par Clermont-Tonnerre, et Raynal en modifia seulement les premières expressions pour leur donner plus d’énergie. Lorsque les événements prirent un caractère plus effrayant et que la chute de la monarchie parut imminente, Malouet fut appelé par la confiance du roi dans un conseil intime, sans autre titre que ceux du dévouement et de la sagesse de ses vues. ¢ Si mes opinions paraissent aujourd’hui raisonnables (écrit-il dans les « Mémoires manuscrits qu’il a laissés), il reste « encore quelques témoins qui ont entendu dire « à Louis XVI qu’il les adoptait complétement ; « et ce bon prince m’en a parlé lui-même avec « l’accent de la conviction. » Jusqu’à la catastrophe du 10 août 1792, Malouet continua de donner ses conseils, de multiplier ses efforts pour la prévenir. Échappé comme par miracle aux massacres de septembre, il se réfugia en Angleterre, où il s’empressa de publier un écrit pour la défense du malheureux Louis XVI. Le 8 novembre 1792, il adressa au ministre de France en Angleterre une demande pour venir défendre ce prince au péril de sa vie. Sa note fut transmise par le ministre des affaires étrangères le 20 du même mois à la Convention, qui, passant à l’ordre du jour, renvoya les pièces au comité d’aliénation, pour que le courageux pétitionnaire fût inscrit sur la liste des émigrés. Revenu en France vers 1801, il fut arrêté comme émigré et reconduit à la frontière ; mais rendu presque immédiatement à la liberté, il vit rechercher ses conseils pour la restauration de la marine française. D’immenses travaux étaient projetés à Anvers :